Crise alimentaire : les Nations unies s'inquiètent de la hausse de la faim dans le monde

Mardi 13 Juillet 2021 - 15:57

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L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’Agriculture ( FAO ), le Fonds international de développement agricole (FIDA), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) ont publié, le 12 juillet à Genève, un rapport conjoint pour alerter les gouvernements du monde en général et du continent africain en particulier sur la hausse et l’aggravation de la faim dans le monde.

Ce document intitulé l'état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde indique qu’au milieu des années 2010 la faim avait commencé à gagner du terrain, brisant l'espoir d'un déclin irréversible. En 2020, la faim a connu une poussée tant en chiffres absolus qu'en pourcentage dépassant ainsi l'accroissement de la population. Environ 9%  de la population était en situation de sous-alimentation en 2020, contre 8% en 2019. 

Selon le directeur du bureau de la FAO, Dominique Burgeon, la première cause de cette augmentation est liée aux répercussions de la pandémie de Covid-19 et la situation est très sérieuse. C’est pourquoi, il faut tirer cette sonnette d'alarme. « Ce qui est clair, c'est que même avant la pandémie de la Covid-19, nous n’étions déjà pas en bonne voie pour éliminer la faim et la malnutrition sous toutes ses formes d’ici à 2030. Mais, il faut le reconnaitre que la pandémie a rendu cet objectif plus difficile », a-t-il déclaré.  

L’Afrique, le continent le plus touché 

Dressant les statistiques de la faim au niveau du continent africain, l’expertise des organisations onusiennes souligne que plus de la moitié du nombre total de personnes sous-alimentées se trouve en Asie avec quatre cent dix millions de personnes et  un tiers deux cent quatre-vingt-deux millions est en Afrique. 

« C'est l'Afrique qui a connu la plus forte poussée de la faim, avec une prévalence de la sous-alimentation estimée à 21% de la population. Une proportion qui est plus du double de celle de toutes les autres régions. Car, une personne sur cinq qui a été confrontée à la faim et à la sous-alimentation en 2020 vivait en Afrique », a indiqué encore Dominique Burgeon, en ajoutant que les autres chiffres dessinent un tableau sombre pour l’année 2020. Au total, environ deux milliards de personnes, soit 30% de la population mondiale, n'avaient pas accès toute cette année à une alimentation adéquate. 

 « La malnutrition a persisté sous toutes ses formes, les enfants payent un lourd tribut. Car, environ cent quarante et neuf millions d'enfants de moins de cinq ans présentaient un retard de croissance et quarante-et-cinq millions souffraient d'amaigrissement avec un poids insuffisant par rapport à leur taille et près de trente et neuf millions étaient en surpoids », précise la FAO avant d’insister sur le fait que ce sont trois milliards d'adultes et d'enfants qui demeurent exclus d'une alimentation saine. En grande partie à cause des coûts excessifs et un tiers de femmes en âge de procréer souffrent d'anémie.   

 Les facteurs de la faim et de la malnutrition

Evoquant les facteurs de ce fléau, l’enquête signifie que dans de nombreuses régions du monde la pandémie a provoqué des récessions brutales et compromis l'accès à la nourriture. Toutefois, même avant la pandémie la faim se répandait et les progrès au plan de la malnutrition prenaient du retard. Ce constat est fait dans les pays touchés par un conflit, par des phénomènes climatiques extrêmes ou par des fléchissements économiques.

Ce qui présage que si l'évolution actuelle se poursuit l'Objectif de développement durable n°2 (Faim zéro d'ici à 2030) sera manqué. « Je pense qu'il est très clair que nous ne sommes pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs visant à éradiquer la faim et toutes les formes de malnutrition », a encore spécifié la FAO.  

 Six voies à suivre pour transformer les systèmes alimentaires 

Proposant les pistes de solution, le rapport indique qu’il y a six voies à suivre pour transformer les systèmes alimentaires. Ces voies reposent sur un ensemble cohérent de portefeuilles de politiques et d'investissements  propres afin de contrecarrer les effets des facteurs de la faim et de la malnutrition. 

Ces voies concernent l’intégration des politiques d'aide humanitaire, de développement et de consolidation de la paix dans les zones touchées par des conflits ; le renforcement de la résilience face aux changements climatiques sur l'ensemble du système alimentaire ; le renforcement de la résilience des plus vulnérables face à l'adversité économique ; l’intervention tout le long de la chaîne d'approvisionnement alimentaire pour réduire les coûts d’une alimentation saine en s'attaquant à la pauvreté et aux inégalités structurelles et le renforcement de l'environnement alimentaire et faire évoluer le comportement des consommateurs.

« Ce qu’il faut faire, c’est de s'appuyer sur les principaux événements qui vont avoir lieu dans les prochains mois, notamment le Sommet sur les systèmes alimentaires, mais aussi le Sommet sur la nutrition qui se tiendra à Tokyo dans les prochains mois. Ceci, pour mobiliser les énergies politiques à tous les niveaux afin de mettre en œuvre des analyses et portefeuilles cohérents de politiques et d'investissements qui nous permettraient de renverser cette tendance  », a-t-il conclu.

Notons que toutes les agences ont travaillé à la réalisation de ce rapport. Elles se sont appuyées sur les analyses qui ont été faites au cours des dernières années et ont utilisé les causes profondes de cette détérioration de la sécurité alimentaire.    

Rock Ngassakys

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