Crise en Libye :les deux parlements rivaux s'accordent

Lundi 7 Décembre 2015 - 14:31

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Après plusieurs mois de négociation en vain sous l’égide des Nations unies, les représentants des deux parlements rivaux libyens sont parvenus dimanche, à Tunis, à la signature d’un accord en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale.

L’accord conclu prévoit la mise en place d’un comité de dix membres : cinq issus du Congrès général national, composé de conservateurs et des révolutionnaires les plus durs, à Tripoli, et cinq nommés par la Chambre des représentants (CdR, tendance modérée), basée à Tobrouk. Le même texte indique que ce gouvernement d’union nationale sera dirigé par un Premier ministre et deux vice-premiers ministres représentant chacun des deux camps dont les noms ne sont pas encore connus.  Les délégations libyennes se sont aussi accordées pour revenir à la constitution de 1951. Cette loi fondamentale amendée en 1963, puis abolie par Mouammar Kadhafi en 1969, a été réaménagée en tenant compte de la situation actuelle.

Les pourparlers de Tunis qui ont abouti à la signature de l’accord sont les premiers du genre au cours desquels des représentants des autorités libyennes rivales se sont rencontrées pour négocier sans la présence de tierces parties. Le texte ayant été  en effet négocié dans le secret sans la participation de l’ONU, qui tente depuis des mois de trouver une solution à la crise libyenne.

A l’issue de la signature de l’accord, le vice-président du Parlement de Tripoli, Awad Mohamed Abdoul-Sadiq, cosignataire du texte n’a pas caché sa satisfaction. «C’est un moment historique que les Libyens attendaient, que les Arabes et que le monde attendait», a-t-il déclaré. « Il s’agit d’une occasion qui ne se représentera pas une seconde fois. Nous invitons tous les pays voisins (...) mais également la communauté internationale à soutenir cet accord (...) qui rendra la région plus sûre », a-t-il ajouté. Pour sa part, Abdelgader Gedoura, membre de l’Assemblée constituante s’en est aussi réjoui en ces termes : «C’est un bon accord sur le fond. Sur la forme, c’est une première étape importante dans le sens de la stabilité»

Malgré cet accord, le texte devra, avant d’être mis en œuvre, soumis à l’approbation des deux Parlements pour la simple raison que deux points d’achoppement se dessinent. Il s’agit de déterminer le régime politique  du pays et son fonctionnement.

Dès l’annonce de l’accord entre les parlements rivaux,  des voix se sont élevées pour  le critiquer. «C’est une stratégie de la Cyrénaïque pour avoir plus d’autonomie, comme c’était le cas sous la monarchie avec la Constitution de 1951. Nous n’accepterons pas ce texte», a dit un haut fonctionnaire du gouvernement de Tripoli, originaire de Sebha, la capitale du Fezzan, la région sud du pays. Pour lui, les discussions qui se sont déroulées secrètement en Tunisie, jettent un doute sur leur légitimité. Il a soutenu son propos par le fait que les participants de la rencontre de Tunis étaient presque tous originaires de la Cyrénaïque (région à l’est de la Libye).

Pour l’heure, l’ONU qui a souvent travaillé avec la médiation algérienne pour tenter de trouver une solution à la crise libyenne n’a pas encore officiellement réagi à l’accord concurrent conclu par les deux parlements.

La Libye, rappelons-le, est livrée à des milices armées depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Une situation qui a fait que deux autorités rivales, l’une basée à Tripoli, l’autre reconnue par la communauté internationale et installée dans l’est du pays, se disputent le pouvoir.  Ce qui a permis au groupe Etat islamique de gagner du terrain en Libye même et dans la région sahélo-saharienne.

 

 

Nestor N'Gampoula

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