Culture : Olivier Sita, réalisateur taillé pour l’aventure !

Samedi 23 Janvier 2021 - 14:56

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De la débrouille à fabriquer des transistors dans les années 70 à la réalisation de documentaires, en passant par la vannerie pour fuir la guerre civile du Congo-Brazzaville, voilà en résumé le parcours d’Olivier Sita, un homme doué et attachant.

 

11 juillet 75. Bacongo. Brazzaville. Il vient de naître. Le bébé s’appelle Olivier, sa mère vend des légumes de saison derrière sur une table au bord d'une avenue bitumée du centre-ville et le père, chauffeur de taxi,  sillonne tous les quartiers au volant de sa 404 Peugeot.  Et puis il y a l’oncle. Olivier est alors au CM1 et,  lorsque la cloche sonne la fin de l’école, l’oncle prend le relai pour lui apprendre les ficelles de l’électronique.

« C’était l’époque de la débrouille pour fabriquer des transistors. Du contreplaqué, quelques composants électroniques, de l’étain, un fer à souder, il suffisait de peu de choses. En ce temps là la FM n’existait pas, il était facile d’attraper les ondes, les courtes, les moyennes ou les grandes » se souvient Olivier. 

C’est au collège d’enseignement technique du 1er Mai que l’apprenti en herbe de l’oncle électronicien se formera à l’électricité industrielle et bâtiments. Doué, il l’est assurément. De quoi obtenir une bourse scolaire et être envoyé à l’Institut Technique Thomas Sankara, au quartier OCH de Pointe-Noire, pour continuer ses études.  Diplômé d’un Brevet de Technicien, Olivier complète alors sa formation par un stage pratique au Port autonome de Pointe-Noire. «  C’était une autre expérience et j’ai beaucoup appris, notamment tout ce qui concerne l’électricité sur les bateaux.  Entre électronique et électricité, mon bagage commençait à devenir intéressant et j’exerçais ma passion », dit-il.  

De retour à Brazzaville et promis à continuer des études supérieures à Kinshasa ou à Abidjan, le coup de frein est brutal.  Son père décède d’une pneumonie ! Olivier n’a plus le soutien financier nécessaire pour voyager aussi loin et y survivre. C’est l’année 1997, Olivier a 22 ans et la guerre éclate à Brazzaville. C’est à Vindza, village du département du Pool, qu’Olivier se tient éloigné des combats. «  J’ai pu vivre un peu en reprenant la fabrication des transistors, le commerce marchait bien mais j’ai été assez vite à court de composants électroniques. J’ai dû changer mon métier. Alors je suis devenu vannier. Cela a duré 3 ans... Je me débrouillais bien », confie-t-il avec une certaine fierté.   

Il signe ensuite son retour définitif à Pointe-Noire, au quartier Songolo, où il monte son propre atelier d’électronique, apprenant par ailleurs la complexité de l’informatique, de ses commandes et de ses réseaux. Le bagage est complet ! Cela conduira Olivier à intégrer la chaîne TPT – Télévision pour Tous – en tant que technicien responsable de la maintenance.  Mais  la chaîne manque de personnel sur les bancs de montage et Olivier se retrouve propulsé quelques mois plus tard en post-production pour l’éditing du journal télévisé de 20 heures. « C’est une femme, Edwige Kongo qui m’avait formé au banc de montage. A TPT, j’y suis resté pendant 4 années, c’est là que j’ai fait mes armes apprenant également le cadrage. L’aventure a fait le reste, elle m’a conduit au Cabinda dans la maison de production ERA Digital, j’y travaillais pour faire des programmes pour la Télévision Populaire d’Angola.  Une fois de retour au Congo, j’ai eu encore d’autres belles expériences à Canal RME TV ou encore à NTI Télévision », se réjouit l’homme devenu réalisateur depuis plusieurs années.

Olivier Sita a une approche complète de son métier, celle du son et de l’image bien sûr, celle de l’électronique et de l’informatique et, couronnant le tout, un goût prononcé pour l’aventure. «  Je viens de terminer 2 documentaires qui sont les 2 premiers volets d’une série intitulée "Je vais chez  vous". On y découvre des paysages méconnus, comme ceux du village Kinkembo, près de la commune de Mindouli dans le Pool où je suis parti à la  découverte de la ndara, un instrument traditionnel africain à 5 cordes.  Le second film a été réalisé lui aussi dans le Pool, à Kinkala, il s’intéresse plus particulièrement à la longue et célèbre histoire d’André Grenard Matswa, un homme politique congolais  du début du XXe siècle », raconte-t-il.  

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Olivier Sita

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