Danse contemporaine : « On ne brûle pas en enfer », un hommage à Sony Labou Tansi

Mardi 15 Juin 2021 - 16:15

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Adapté de l’œuvre de l’écrivain congolais Sony Labou Tansi, « La vie et demie », ce spectacle de danse en solo commémore le 26e anniversaire de sa mort.

Sony Labou Tansi est mort le 14 juin 1995, mais son souvenir reste encore immuable dans le cercle culturel congolais, et même au-delà des frontières. Pour avoir marqué son époque et continuant de parcourir le temps, l’écrivain congolais est une fois de plus rappelé au souvenir à travers le spectacle de danse « On ne brûle pas l’enfer », diffusé en ligne et sur quelques médias nationaux le 14 juin dernier. Une création, datant de 2016 et qui a été légèrement revisitée, puis enregistrée en off à l’Institut français du Congo avec l’appui de l’espace Baning’art.

Premier roman de Sony Labou Tansi publié aux éditions Seuils en 1979, « La vie et demie » est une fable-farce sur le chaos, les excès, la corruption, les conflits armés et l’immoralité qui règnent en Katamalanasie, immense pays imaginaire situé en Afrique noire et soumis au règne et à la dictature du guide providentiel. A travers le personnage de Martial qui a tant bien que mal tenu tête à cette dictature et ce, au prix de sa vie, on y découvre combien les morts ne meurent jamais totalement. Et c’est bien ce que sert Drevy Foundou dit Aïpeur, sous la narration de Tanguy Peper Mayindou.

Le spectacle dure environ 38 min et met en scène un chorégraphe congolais, qui se déploie comme dans un voyage poétique à travers la mémoire des corps. Aux ordres des sens et dans le désordre de la mémoire, son corps affligé, chargé de troubles, mais aussi de bonheurs et de joie, pense et agit. Des paroles, trop longtemps tuent, laissent jaillir des vérités inexprimables, ainsi que des témoignages tragiques ou imaginaires.

Cette création dénonce la situation politico-sociale et économique de plusieurs Etats, après leur accès à l’indépendance. Le décor est sombre et le corps de Drevy laisse entrevoir cet enfer, dont affirme si bien le narrateur du spectacle, « Ne cherchons plus, ne cherchons plus, ne cherchons plus. L’homme a été créé pour inventer l’enfer ».

Avec un peu de recul et au regard du chaos dans lequel sombrent encore la plupart des Etats africains après leurs indépendances, l’on peut dire que « La vie et demie » peignait non seulement les réalités des années 1960-1970, mais l’œuvre voyait déjà aujourd’hui avec les yeux d’hier.

En effet, le constat à la fois drôle et pessimiste de Sony Labou Tansi décrit, au-delà du continent africain, le monde actuel. Et en regardant attentivement dans le rétroviseur du passé, ce spectacle appelle à une réelle prise de conscience sur l’avenir de nos sociétés.

En rappel, la musique de ce spectacle de danse contemporaine a été assurée par Diouf Samba et Eric Ntombani. La magie de la lumière et du son, quant à elle, a été rendue possible grâce à Cléo Konongo et Francky Milandou.

Merveille Atipo

Légendes et crédits photo : 

Drevy Foundou dit Aïpeur déployant le spectacle de danse « On ne brûle pas l’enfer » /DR

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