Dialogue national 2015 : des acteurs politiques et sociaux apprécient les conclusions de Sibiti

Mardi 21 Juillet 2015 - 19:37

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Au sortir des travaux du dialogue national inclusif, organisé du 13 au 17 juillet à Sibiti, des acteurs politiques et sociaux ont exprimé leurs sentiments sur les résultats de ces assises. Voici quelques extraits de commentaires.

Alain Moka (président du groupe parlementaire de la majorité à l’assemblée nationale) : « Nous avons voulu faire entendre toutes les voix des enfants du Congo »

"Il y a eu, lors de ce dialogue, deux principales commissions qui répondaient aux deux préoccupations du président de la République, qui portaient sur la gouvernance électorale, fortement soutenue et demandée par l’opposition, et une deuxième question sur l’évolution des institutions.

Sur la première question, alors que l’opposition pensaient jusque-là que la majorité avait les raisons de se cacher et de ne pas accepter une gouvernance électorale transparente, vous avez vu que nous avons abouti à un consensus avec l’opposition et j’espère que toutes les parties vont assumer cela et comprendre que le Congo a besoin de paix et nous avons tous besoin d’aller vers une  élection transparente afin que le vainqueur soit le vrai vainqueur.

En ce qui concerne l’évolution des institutions, nous avons eu trois tendances. Une tendance largement majoritaire qui était pour le changement de la constitution, une deuxième qui était pour la révision de la constitution et une tendance minoritaire de l’opposition qui était pour le statu quo. Nous avons donc répondu à la question du président de la République en sachant que la première tendance largement majoritaire plus la deuxième qui demandait la révision de la constitution, étaient les tendances qui ont dit oui à l’évolution des institutions et la petite tendance disait non à l’évolution des institutions.

Nous n’avons pas voulu frustrer ces personnes, nous avons voulu faire en sorte que toutes les voix des enfants du Congo s’entendent et que ces frères de l’opposition qui ont répondu à l’appel du président de la République, qu’on sache aussi qu’ils sont venus et qu’ils ont donné leurs points de vue. Mais toute l’assemblée, toute  la commission s’est prononcée très largement, très majoritairement pour que nous allions tous vers la censure du peuple. Devant la présence de ces trois tendances, nous invitons donc le chef de l’État de demander au peuple de trancher sur cette question essentielle sur la vie de la nation."

 

Joseph Kignoumbi Kiamboungou (ancien candidat aux élections présidentielles, député de l’Opposition) : « C’est totalement inutile d’aller vers un changement de la constitution »

"Nous avons adopté le rapport synthèse de la commission réforme des institutions, parce que nous sommes tombés d’accord sur le contenu. Le problème se posait en terme de contenu. Nous avons dit sur la réforme des institutions qu’il y a trois tendances qui se sont dégagées au cours des débats. La première tendance qui était largement majoritaire disait qu’il fallait aller vers une nouvelle République, c'est-à-dire mettre en place une nouvelle constitution, c’est majoritairement, la majorité présidentielle entendue. La deuxième tendance pensait qu’à l’intérieur des articles que contient la constitution, il y avait les mécanismes pour la faire évoluer, et parce que l’article 185 prévoit la modification.

Et lorsqu’il s’agit qu’on mette en place une République bicéphale, avec un Premier ministre, il y a dans la constitution elle-même, une disposition qui dit que le président de la République peut déléguer une partie de ses pouvoirs à un Premier ministre. Et puisque la constitution prévoit en elle-même les mécanismes de la révision, il n’y avait pas lieu, notamment pour nous qui parlons, d’aller vers un changement de la constitution, qui ne se justifiait nullement, pourquoi ? Le comité technique qui avait été mis en place concluait son rapport en disant qu’il n’y avait aucun problème, sinon un problème éminemment politique, mais quel est le problème éminemment politique ? Il n’y en avait aucun.

Puisque souvenez-vous, le 12 août 2014, le président de la République, dans son allocution au peuple congolais devant le Parlement réuni en congrès, avait  précisément dit la chose suivante : les institutions fonctionnaient normalement. Quand on a dit ça, la commission politique qui avait été mise en place voyait où qu'il y avait un problème politique. Évidemment il n’y en avait aucun. Même la majorité qui a défendu le changement de la constitution n’a présenté aucun problème politique.

C’est pourquoi  nous qui avons défendu, défendons et défendrons y compris demain et après-demain, le non au changement de la constitution, nous avons dit quel est donc le problème, puisqu’il n’y en a pas du tout. Pourquoi créer des problèmes là où il n’y en a pas. Pourquoi aller soulever des problèmes là où on peut éventuellement amener d’autres difficultés, d’autres incompréhensions, la rupture. C’est pour cela que nous avons dit que c’est totalement inutile d’aller vers un changement de la constitution qui nous amènerait indubitablement  à faire une nouvelle République.

Il n'y a pas donc eu consensus autour de la question du changement des institutions. C’est pour cela que le président qui avait dit qu’il appellerait au référendum, c’est sa responsabilité qu’il a engagée. C’est pour cela que nous la commission, étant donné que nous ne sommes pas tombés d’accord sur le consensus, nous avons décidé de faire ressortir toutes les tendances et le président de la République tirera les conséquences ou les leçons lui-même de ce que nous aurons décidé ici.

Donc, il n’y avait pas eu consensus autour de ce problème, c’est pour cela que nous l’avons repris dans la synthèse de notre rapport. Le consensus ce n’est pas la majorité des intervenants, nous sommes ici en tant qu’opposition et nous ne voulons pas nous fondre même si ceux de la majorité étaient les plus nombreux à intervenir."

 

Germain Loubota (Président du Conseil supérieur des églises de réveil du Congo (COSERCO) : « Nous croyons que notre Dieu est avec nous, que la paix ne fera pas défaut dans cette nation »

"C’est un sentiment de satisfaction et de très grande joie. D’abord parce que nous croyons qu’au vu de tout ce qui s’est dit ici, de ce dialogue et de tous les Congolais, y compris les confessions religieuses, chacun a parlé et donné son point de vue et je crois qu’au regard des résultats obtenus, nous pouvons exprimer une satisfaction.

À propos de ces résultats, et par rapport aux deux préoccupations à l’ordre du jour de ce dialogue, en ce qui concerne la gouvernance électorale, depuis les concertations politiques de Brazzaville, Ewo et Dolisie, je peux dire que le dialogue national à Sibiti a fait des avancées notables en ce qui concerne la gouvernance électorale.

Des questions comme la biométrie, le bulletin unique surtout qui étaient déjà décidées depuis Ewo, ont connu aujourd’hui une certaine avancée. Nous allons passer au bulletin unique aux élections de 2016, c’est quand même déjà quelque chose. Et sur presque l’ensemble de ces points, on a, soit requalifié les choses mais confirmé, réaffirmé et renforcé ce qui a été déjà dit dans les dialogues et autres concertations et consultations antérieures. Ceci pour renforcer l’organisation des élections dans notre pays.

Et en ce qui concerne aussi l’autre question sur  les institutions, les participants ont obtenu un consensus qu’il faut réformer les institutions que nous avons pour la simple raison que quand vous regardez la constitution actuelle et le fonctionnement de institutions, elles vous donnent une République de vautours. Chaque pouvoir est dans son couloir et fait ce qu’il veut sans pourtant qu’il y ait équilibre entre ces pouvoirs. Certaines entités sociales sont comme exclues de la chose publique.  Je pense que le peuple veut que nous allions vers une République fraternelle.

Pour les confessions religieuses, c’est un grand bien, nous sommes en train de voir qu’il y a une lueur pour l’avenir et nous croyons que notre Dieu est avec nous et que la paix ne fera pas défaut dans cette nation tant que nous comptons sur dieu pour faire des choses."

 

Martin Mbéri  (ancien ministre et président de la Convention nationale pour la République et la solidarité, CNRS) : « J’invite tout le monde à participer aux débats qui vont suivre »

"Les rapports ont beaucoup de points positifs. D’abord, ça clarifie le problème qui était confus. Si on discute avec les autres, on sait de quoi on va discuter, ensuite les doutes, les malentendus qui existaient avant ne peuvent plus exister parce qu’il y a un cadre, c’est une grande victoire que d’arriver à cela.

Concernant le manque de consensus sur la question de la réforme des institutions et plus particulièrement sur le changement constitutionnel, il y aura d’autres études, puisque là, au cours du dialogue, on n’a pas décidé d’une constitution, on a seulement donné les lignes fondatrices d’une future constitution. On a tout le temps de regarder et d’étudier, l’œil du technicien n’est pas l’œil du politique. Ce sont des choses qui sont appelées à être formulées, mieux arrangées, donc il n’y a pas de problème. Nous ne sommes pas dans une cathédrale où on dit "amen" et puis c’est fini. Ici, nous sommes dans une salle où on voulait connaître la volonté de tout le monde. On a à peu près les grandes lignes, c’est déjà bien, c’est une grande avancée. Mais il faudra raffiner cela pour le rendre pratique de telle manière que le referendum ne soit plus qu’une simple formalité par exemple en ce qui concerne la constitution.

Quant aux absents à ce dialogue… J’invite tout le monde de participer aux débats qui vont suivre, les débats qui vont suivre intéressent tout le monde, on va travailler pour tout le monde et c’est ouvert pour tout le monde."

Anguios Nganguia Engambé (Président du Parti pour l’action de la République  Mâ (Opposition),  

"Le consensus c’est lorsqu’il n’y a pas de points de vue divergents. Mais il y a eu des points de vue divergents au regard des trois tendances qui ont émergé de ces  débats sur la réforme constitutionnelle. La commission a globalement retenu les trois courants exprimés sur la problématique posée. Pour mon parti, le Parti pour l’action de la République  Mâ ((PAR), nous avons rejeté ce rapport en bloc. Parce que si on a prôné le consensus, il faillait, selon nous, trouver un point d’accord entre les trois positions exprimées et essayer de rallier par la suite toutes les forces vives de la nation, y compris ceux qui ne sont pas ici, à la position adoptée. Ce qui est fait me paraît comme un passage en force vers le référendum."

Serge Michel Odzoki (Porte-parole du Parti congolais du travail) : « Le consensus c’est de constater qu’il y a un large accord sur la nécessité de faire évoluer les institutions »

"Il faut valoriser Sibiti, parce que Sibiti est entrée dans les annales de l’histoire congolaise et dans l’histoire de la construction démocratique de notre pays, après Brazzaville, Ewo et Dolisie. C’est tout à l’honneur des populations de Sibiti et du département de la Lékoumou. Ce dialogue a donné l’opportunité au peuple congolais et à la nation congolaise de se retrouver et de se parler pour analyser avec sérénité mais fermeté, ce qui ne vas pas et comment le faire avancer. On peut pour cela penser que Sibiti est entrée dans l’histoire nationale et de bonne manière.

À propos du consensus sur la réforme constitutionnelle, … le communiqué final parle d’un consensus pour aller vers la reformes des institutions. Quand on rentre en discussions, en négociation, il y a toujours la position de départ. Le consensus, c’est de constater qu’il y a un large accord sur la nécessité de faire évoluer les institutions. Je dirai simplement que chacun au départ s’est exprimé et à l’arrivée, nous sommes tombés d’accord pour  faire avancer la vie démocratique dans notre pays."

Thierry Noungou

Légendes et crédits photo : 

Photos: 1- Alain Moka 2- Joseph Kignoumbi Kia Mboungou 3- Anguios Nganguia Engambé

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