Disparition : Martial Sinda a tiré sa révérence

Lundi 21 Juillet 2025 - 17:45

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Né en 1935 à M’bamou-Sinda près de Kinkala, chef-lieu du département du Pool, Martial Sinda est décédé en France dans la nuit du 16 au 17 juillet en son domicile parisien. Son œuvre littéraire, autant que son parcours messianique, symbolisent son attachement à l’universalisme et à la défense de ses racines bantoues.

Martial SindaAprès la publication en 1955 de son œuvre ''Premier chant du départ '' chez Seghers, Martial Sinda est apparu pour certains comme un subversif et pour d’autres, comme un progressiste. Sa poésie nègre incarne un mouvement identitaire et de révolte, dans lequel riment éthique et poétique, jusqu’à être un livre anti- colonialiste de l’Afrique équatoriale française (AEF). Pourtant, un an après, en 1956, comme Léopold Sédar Senghor pour le compte de l’Arique occidentale française, dix ans plus tôt, il est devenu le premier écrivain noir à recevoir le Grand Prix Littéraire de l’AEF, créé pour distinguer les écrivains coloniaux. La même année, il est reçu en audience privée par le pape Pie XII.

Aujourd’hui, évoquer la mémoire de ce professeur honoraire en histoire contemporaine à la Sorbonne, c’est d’abord remonter à son enfance empreinte d’initiation à la chefferie par son père chef matsouaniste. C’est par la vision de son père, soucieux de vouloir construire le nouveau Congo avec des cadres congolais, que le jeune Martial Sinda bénéficiera très tôt d’une éducation scolaire dans une école réservée aux Blancs à Kinkala. Dans cette école, il eut, entre autres, pour condisciple en classe de 6e, le petit André Milongo, devenu illustre homme politique congolais. S’en suivra la poursuite de ses études jusqu’en France en 1948, pensionnaire dans le collège de La Châtre.

Sur place en France, il côtoie des personnalités telles que le député Jean-Félix Tchicaya, père du poète Tchicaya U Tam’Si ; le sénateur Jean Malonga, le référent des jeunes; Félix Samba-Dacon, Hélène Bouboutou ou Catherine M’Piaka.

C’est dans ce contexte qu’il fit la rencontre de l’intelligentsia nègre parisienne via la librairie édition Présence Africaine, fondée en 1947 par Alioune Diop, avec le concours de Michel Leiris, André Gide, Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Emmanuel Mounier, Richard Wright et de Léopold Sédar Senghor.

Lorsque Jean Malonga est battu aux élections sénatoriales, le jeune Martial Sinda n’aura plus comme protecteurs intellectuels que René Maran, auteur de Batouala, véritable roman nègre (Prix Goncourt 1921) et, surtout, Léopold Sédar Senghor.

Lors du second colloque sur Mfumu Kimbangu, organisé à Kinshasa conjointement par l'église kimbanguiste, l'université Simon Kimbangu, l'université Kongo de Mbanza Ngungu et l'université d'État de Kinshasa en 2011, l'université Simon Kimbangu lui avait décerné le titre de docteur honoris causa pour sa contribution aux études kimbanguistes.

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Martial Sinda / DR

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