Dialogue politique : le « Oui » mais de l’opposition

Lundi 11 Mai 2015 - 17:00

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De manière quasi unanime, les opposants donnent leur accord de principe pour cet échange citoyen mais redoutent un éventuel glissement du mandat présidentiel au-delà de 2016.

Sur le principe, l’opposition est d’accord d’engager des négociations avec le pouvoir pour autant que cette démarche ne compromette pas le processus électoral en cours. Telle est la perception développée aujourd’hui par les opposants en rapport avec la sollicitation dont ils sont l’objet de la part du chef de l’État. Il n’est un secret pour personne que le camp kabiliste tient mordicus à réunir autour d’une même table, toutes les sensibilités sociopolitiques du pays dans le cadre d’un échange inclusif sur des sujets d’intérêt national. Les concertations nationales ayant échoué dans leur idéal politique pour n’avoir pas réussi à sceller la réconciliation nationale tant souhaitée, Joseph Kabila dont les partisans tiennent à le voir se maintenir au-delà de 2016, n’a d’autre alternative que de forcer un consensus politique.

En s’alliant les principales forces politiques et sociales du pays à travers un échange inclusif, il est clair qu’une nouvelle donne politique sera mise en branle, rendant ainsi caduque tout ce qui a été fait. D’où les appréhensions que suscite ce dialogue dans le chef d’une poignée d’opposants qui redoutent tout basculement vers une transition politique sur fond de redistribution des cartes. Dans le camp de l’opposition, une vive controverse s’est installée sur l’opportunité d’adhérer ou non à cette initiative. Si le principe est acté, les termes de référence (date, format, ordre du jour, nombre des participants, exigence de parité, quitus de la communauté internationale, etc.) posent encore problème. Les principaux leaders de l’opposition que l’émissaire de Joseph Kabila a rencontré la semaine dernière ont, dans l’ensemble, donné leur accord de principe tout en redoutant un éventuel glissement du mandat présidentiel dont la fin est prévue en 2016.

L’opposition fait assortir sa participation à ce forum de quelques préalables au nombre desquels, l’enrôlement des nouveaux majeurs, le recadrage du processus électoral, l’audit du fichier électoral, les garanties de Kabila de ne pas se représenter en 2016 etc. Pour des analystes avertis, ces préalables sont de faux prétextes, car en réalité, les opposants sont dans un schéma de partage du pouvoir avec le régime. C’est pour eux, la seule issue pour se trouver les moyens de financer leurs partis en prévision des échéances  électorales dont ils ne sont pas prêts à affronter, faute de préparation. En effet, aller aux élections à l’heure qu’il est, pour la plupart des partis politiques de l’opposition, équivaudrait à un suicide d’autant plus qu’ils n’ont pas les moyens financiers pour battre campagne ni pour déployer leurs candidats. C’est donc un discours ambigüe que tient l‘opposition tout en sachant qu’en se jetant à corps perdu dans ce projet de dialogue, elle consacre indirectement le schéma du glissement, surtout lorsqu’on connaît l’élasticité qui caractérisent souvent ces genres d’assises.

Entre-temps, l’offre de la primature qu’aurait fait miroiter l’émissaire de Joseph Kabila à l’opposition constitue un appât pour ses membres plus que jamais obnubilés par l’envie de revenir aux affaires. Au moment où la plupart des partis de l’opposition continuent à faire la moue, l’opposition républicaine (plate-forme de partis réunis autour du président du Sénat Kengo Wa Dondo) s’est prononcée en faveur du dialogue. Il en est de même de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi qui, dans une démarche unilatéraliste, serait prête - à en croire certaines indiscrétions - à accorder à Joseph Kabila un nouveau bail de trois ans contre promesse de briguer la primature. Le camp kabiliste qui a laissé à l’opposition l’initiative de proposer des termes de référence à ce forum sait à quel moment elle pourra s’interposer pour recadrer les choses par rapport à ses intérêts. Dossier à suivre.  

 

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des opposants congolais lors de leur dernière visite aux USA

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