Diplomatie culturelle française : Catherine Colonna : « Regagner des places sur le podium des pays les plus attractifs au niveau universitaire »

Dimanche 14 Août 2022 - 16:27

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La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, a clôturé les journées du réseau de coopération et d’influence où elle a annoncé les priorités politiques de la France et rappelé son objectif principal, «  regagner des places sur le podium des pays les plus attractifs au niveau universitaire ». 

Les représentants des services de Coopération et d’action culturelle (Cocac) des ambassades de France s'étaient réunis au Quai d’Orsay, à Paris, dans le cadre des Journées du réseau de coopération et d’influence, ainsi que des échanges d’information et de partage de bonnes pratiques. « L’influence est aujourd’hui au cœur de la compétition stratégique. Notre réseau est l’une des cartes maîtresses », a déclaré Catherine Colonna. Ajoutant : « La diplomatie d’influence n’est pas qu’une diplomatie d’Etat à Etat. Elle s’affirme désormais pleinement comme une diplomatie de société, une diplomatie de proximité et, pour ainsi dire, une diplomatie de peuple à peuple ».  Le directeur de la Culture, de l'enseignement, de la recherche et du réseau, Matthieu Peyraud, a rappelé les ambitions de la politique étrangère française et sa dimension culturelle ainsi que son rôle de propagateur de la langue et de la culture françaises dans le monde. Concernant particulièrement les Journées du réseau de coopération et d’influence, la présidente de l'Institut français, Eva Nguyen Binh, y voit un moment permettant de réunir les réseaux de coopération culturelle à l’étranger.

Le modèle français de société en difficulté

Eva Nguyen Binh a aussi évoqué le contexte géopolitique actuel,  qui fait que le modèle français de société et ses valeurs sont moins reconnus, et parfois même combattus dans certains pays. Néanmoins, elle est convaincue de l’importance du rôle d’explication à jouer par le réseau, « ce que nous sommes, notre modèle de société, de partage de nos valeurs », le réseau culturel et la diplomatie culturelle y jouant un rôle essentiel dans l’atteinte de cet objectif. L’ancien chef de la diplomatie, Jean-Yves Le Drian, avait fait le même constat : Une diplomatie d’influence, celle qu’exerce la France dans le monde, est désormais, « un espace contesté, où certaines puissances paraissent ne pas reculer devant aucune dépense, ni aucun procédé pour tenter d’investir les positions que nous occupons et de limiter notre capacité à faire valoir l’offre française et européenne ». Derrière cette « bataille de l’influence, il y a une bataille des modèles, qui oppose des visions du monde et des visions de l’humain ». Le conseiller de Cocan de France en Inde,  Emmanuel Lebrun-Damiens, explique ce qui constitue « la force de frappe » de l’Institut français en Inde, « faire consommer français, à apprendre français, « vendre » l’expérience française plutôt que d’un autre pays ». Il  prône « la stratégie locale et la stratégie mondiale ».                                                                                                                                                        

L’éducation, première priorité politique de la diplomatie d’influence

Catherine Colonna a présenté les priorités politiques de la diplomatie d’influence de la France, plaçant l’éducation comme la première des priorités. Elle a rappelé l’objectif partagé par son département ministériel avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : « remonter sur le podium des nations les plus attractives pour les étudiants étrangers », en lien avec Campus France. Puis, elle a proposé de  « renforcer la stratégie Bienvenue en France », en  maintenant le doublement des bourses d’études à l’horizon 2027 ; en mobilisant davantage les alumni ; et en poursuivant le développement des campus franco-étrangers. Ce qui constituerait, selon elle, des « dispositifs innovants d’attractivité de l’enseignement supérieur ». Ces priorités s’inscrivent dans le prolongement de la feuille de route de son prédécesseur, Jean-Yves Le Drian, pour « repenser le sens, les finalités et les outils de la diplomatie culturelle et d’influence ». La diplomatie culturelle de France s’appuie, entre autres, sur 830 Alliances, 566 lycées français chargés de former en français et à la française, et plus de 380 000 élèves. S’y ajoute le Business France, chargé de soutenir à l’export des entreprises françaises et de convaincre des investisseurs étrangers, essentiel à « une diplomatie de combat, de compétition stratégique ».

La cheffe de la diplomatie française  a rappelé le rôle avant-gardiste  du réseau culturel français dans la bataille des « narratifs », en vue de veiller à l’image de la France et à sa culture, tout en invitant à une action en faveur de la coopération culturelle, éducative, économique, scientifique, universitaire, financière, pour « contribuer à pacifier cet environnement mondial qui est en voie de brutalisation et ceci au service de la France et des Français ».

Quelques priorités politiques à promouvoir

Catherine Colonna a relevé trois priorités à promouvoir en faveur de la diplomatie culturelle, notamment une éducation francophone, considérant le réseau d’enseignement comme une force, « le lieu où se tissent des affinités culturelles, linguistiques, qui favoriseront demain les convergences de vues, bien au-delà de la culture, convergences dont dépend notre capacité à renforcer nos partenariats, nos alliances mais aussi notre façon de vivre ensemble dans la société internationale ».  La deuxième priorité, vise bâtir « un espace mondial de l’information démocratique, fiable et plurilingue », permettant de « riposter aux manipulations de l’information, de façon plus active […]. Il faut contrer les mensonges, contrer les fake news et défendre ce bien démocratique commun qu’est l’information fiable », a martelé Catherine Colonna, qui a pu mesurer « combien cet enjeu était vital, combien avec peu de moyens et beaucoup de malhonnêteté on peut faire beaucoup de tort à la réputation d’un pays ». Ajoutant « L’une de nos missions, c’est de promouvoir sur le terrain la liberté de la presse et l’accès à l’information de qualité ». Elle a confié cette mission à l’audiovisuel extérieur français (France Médias Monde et CFI ainsi que TV5 Monde). La troisième priorité est de valoriser l’atout stratégique que représentent pour la France et pour l’Europe les industries culturelles et créatives et ses 1,3 million d’emplois en France. « Soutenir les industries culturelles et créatives à l’international, c’est créer des emplois en France, c’est créer des emplois aussi ailleurs, c’est aider les entreprises à exporter et c’est susciter ce désir de France qu’il nous faut revivifier », a rappelé la ministre. « Ce désir de France qui nourrit en retour notre attractivité universitaire, culturelle, économique, scientifique, touristique. Donc, quand on a un tel atout et une telle chance, on les défend, on les fait croître, et on va y arriver », a-t-elle souligné.

Noël Ndong

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