Diplomatie : une détente dans les relations sino-américaines ouvertement affichée par Joe Biden et Xi Jinping

Mercredi 23 Novembre 2022 - 10:45

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Alors que la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis s’est intensifiée ces trois dernières années pour plusieurs raisons, les deux pays semblent avoir trouvé un terrain d’entente pour régler leurs différends, comme en témoigne la convergence des points de vue de leurs dirigeants, affichée lors du dernier sommet du G20 à Bali, en Indonésie. En guise de signe à cette détente, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, est attendu à Pékin au début de l’année prochaine, la première visite de ce niveau depuis 2018.

Les questions qui opposaient Américains et Chinois portent, entre autres, sur le refus de Pékin de condamner l’invasion de l’Ukraine lancée en février dernier par la Russie ; les menaces à la sécurité mondiale reprochées à la Corée du Nord, qui procède à des tirs réguliers de missiles en direction de son voisin Sud-coréen et du Japon ; le respect des droits humains au Xinjiang, au Tibet et à Hong Kong. S’y ajoutent l’île de Taïwan dont Pékin revendique la souveraineté ainsi que le commerce et la suprématie dans le secteur technologique.

Sur tous ces sujets de divergence dont les tensions enflaient jusque peu avant la rencontre Biden-Xi Jinping dans une île indonésienne, il en ressort que les deux chefs d’Etat ont décidé de mettre un peu d’eau dans leur vin. Le locataire de la Maison-Blanche a dit qu’« une nouvelle guerre froide n’était plus nécessaire ». De son côté, le dirigeant chinois a relevé que son pays et les Etats-Unis « partagent plus de sujets communs que de sujets qui les opposent ». « Le monde s’attend à ce que la Chine et les Etats-Unis gèrent convenablement leurs relations », a-t-il souligné, ajoutant que Pékin n’avait pas l’intention de prendre la place des Etats-Unis ou de « changer l’ordre international existant ».

A propos de la guerre en Ukraine qui alimentait les tensions, la Maison-Blanche a affirmé avoir obtenu des assurances chinoises, évoquant un consensus sur le refus du recours à l’arme nucléaire par la Russie, alliée de la Chine. Pékin est « profondément préoccupé » par le conflit, a déclaré Xi Jinping, précisant : « La Chine a toujours été du côté de la paix et continuera à encourager les pourparlers de paix. Nous soutenons et attendons avec impatience la reprise des pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine ».

Pékin appelé à utiliser son influence pour modérer Pyongyang

Les deux dirigeants ont également discuté des menaces militaires nord-coréennes contre la Corée du Sud et le Japon. Sur ce point, Joe Biden a demandé à Pékin d’utiliser son influence pour modérer la Corée du Nord qui procède à une série record de tirs de missiles. Il a notamment exhorté Xi Jinping à encourager ce pays à se montrer « responsable », et lui a dit de signifier « clairement » aux autorités nord coréennes de ne pas mener d’essai nucléaire, faute de quoi Washington devrait prendre des mesures « défensives ». « Nous ferons ce qu’il faudra pour défendre nos capacités, pour nous défendre et défendre nos alliés, la Corée du Sud, ainsi que le Japon », a indiqué Joe Biden, prévenant que la poursuite du programme de missiles et du nucléaire en Corée du Nord signifierait que les Etats-Unis renforceront leur présence militaire dans la région. Une consolidation des capacités régionales américaines qui ne serait « pas dirigée contre la Chine, mais qui enverrait un signal clair à la Corée du Nord » en cas d’essai nucléaire, a poursuivi le président américain. Il s’est, par ailleurs, dit « confiant » que la Chine « ne cherche pas une escalade » de la part de Pyongyang son allié, dont les tirs de missiles font craindre un essai nucléaire.

S’agissant de Taïwan, Washington estime que la Chine n’envisage pas une invasion immédiate de l’île, même si ses autorités ont averti les Américains de ne pas franchir de « ligne rouge ». « Je ne pense pas qu’il y a une tentative imminente de la part de la Chine d’envahir Taïwan », a déclaré Joe Biden, concluant que Pékin voulait maintenant « une résolution pacifique » sur ce territoire qui, depuis 1949, est gouverné séparément de la Chine continentale malgré le fait que le régime communiste revendique toujours sa souveraineté sur l’île.

Le traitement de la minorité chinoise des Ouïghours par le gouvernement chinois ou encore la suprématie dans le secteur technologique ont été également au centre des préoccupations américaines et chinoises. Les deux parties ont manifestement exprimé leur volonté de résoudre tout malentendu par la voie des négociations.

 

Nestor N'Gampoula

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