Documentaire : « Mémoires du Cfrad » dévoilé au publicLundi 20 Octobre 2025 - 15:01 C’est dans la salle comble de Canal Olympia Poto-Poto que le public brazzavillois a découvert, le 11 octobre dernier, le film documentaire « Mémoires du Cfrad », signé Hassim Tall Boukambou. À travers un tissage d’images d’archives, de témoignages et de séquences inédites, le film replonge les spectateurs dans l’histoire du Centre de formation et de recherche en art dramatique (Cfrad), véritable berceau du théâtre congolais.
Le film, structuré en plusieurs actes, retrace notamment la Révolution culturelle d’août 1967, la création de la première semaine culturelle du Congo, et l’effervescence des années fastes du théâtre national. Des voix fortes comme celles de Rémy Bazenguissa, Maxime Ndebeka, Michel Rafa, Adolphine Milandou, Harvey Massamba, Marie-Julien Boukambou, Mère Géo, Mariusca Moukengue, Sylvie Diclo-Pomos et bien d’autres s’y mêlent pour témoigner du rôle historique, formateur et fédérateur du Cfrad. « Quand on a choisi de faire l’art, c’est un engagement », a confié Sylvie Diclo-Pomos, comédienne-metteur en scène qui a hérité la passion de sa mère, dont le témoignage bouleversant relie deux générations d’artistes. Pour Harvey Massamba, le film est une madeleine de Proust et en cela, « comment peut-on laisser mourir un lieu aussi métis, aussi historique de notre pays ? », s’est-il interrogé. Notons que « Mémoires du Cfrad » a été produit dans le cadre du projet Cfrad-Icc, porté par le partenariat franco-congolais et financé par l’ambassade de France au Congo. Il sera prochainement intégré à l'espace mémoriel du futur Cfrad pour transmettre aux jeunes générations la richesse patrimoniale et artistique de ce lieu unique.
Au terme de la projection, le public n’a pas manqué de réagir. Pour Béni, spectatrice, « c’est une belle découverte. Mais j’aimerais voir davantage d’images d’archives, pour ressentir encore mieux cette époque ». Un souhait partagé par le réalisateur, qui reconnaît les limites de moyens. « C’est un travail que nous menons depuis cinq ans avec des bénévoles. Le jour où le Congo mettra de l’argent pour restaurer ces archives, ce sera un vrai tournant », a confié Hassim Tall Boukambou. Pour Sébastien Kamba, premier cinéaste congolais, « Mémoires du Cfrad » porte une leçon essentielle. « Le cinéma, ce n’est pas seulement la fiction. C’est aussi l’histoire », a-t-il souligné. Un message partagé par l’écrivain André Patient Bokiba, qui voit dans le film « un appel à la relance de l’activité théâtrale et culturelle ». Le Cfrad, rappelons-le, fut le cœur battant d’une époque où le Congo brillait par son théâtre. Sa fermeture en 2018, après l’effondrement du bâtiment, avait laissé un vide immense. Mais la projection de « Mémoires du Cfrad » semble rallumer une flamme, une volonté de renaissance partagée par toute une génération d’artistes. Vers la réouverture du Cfrad : un symbole culturel majeur Présente à la projection, Claire Bodonyi, ambassadrice de France au Congo, a donné des nouvelles encourageantes sur les travaux de réhabilitation. « Pour ceux qui passent sur la corniche, vous allez voir que le Cfrad est en plein travaux. Nous avons comme objectif le plus optimiste possible, décembre 2025 », a-t-elle déclaré. Néanmoins, la diplomate française a souligné les retards dus aux pluies et rappelé les enjeux : « Un bâtiment n’est vivant que par ceux qui l’habitent. Il faut déjà penser à sa programmation, car on ne va pas rouvrir le Cfrad pour un jour, mais pour toujours. On ne tiendra pas exactement les calendriers, mais on n'y arrivera ». Merveille Jessica Atipo Légendes et crédits photo :1- Capture d’une séquence du film « Mémoires du Cfrad » lors de son avant première, le 11 octobre à Brazzaville/DR
2- Une vue du public/DR Notification:Non |