Documentaire : Rêve Kakudji, porte ouverte sur l’univers du contreténor Serge Kakudji

Jeudi 5 Septembre 2013 - 18:15

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L’avant-première du long métrage qui en dit long sur la vie artistique du jeune prodige congolais entre 2011 et 2012 est programmée le 21 septembre au Zebracinema à Hasselt, en Belgique.

Joint par Les Dépêches de Brazzaville à partir de Paris, le jeune chanteur lyrique aujourd’hui âgé d’à peine 24 ans a annoncé : « Je livrerai un concert avant la projection du documentaire au cinéma ». Il nous a de même confirmé une projection initiale du film le 6 avril dernier au Théâtre royal flamand, le KVS. Nous tenons de l’artiste que cet évènement premier « était une grande réussite ». Retenons que la sortie de Rêve Kakudji est prévue pour le 2 octobre prochain.

Long métrage d’une heure trois minutes, la réalisation de Ibbe Daniels et Koen Vidal fait un arrêt sur image sur Serge Kakudji qu’ils suivent entre Paris, Madrid, Turin, Kinshasa et Lubumbashi. Ils reviennent sur son chemin singulier, celui sur lequel il n’a de cesse de cheminer depuis près de deux décennies déjà. Il a été filmé entre 2011 et 2012, alors étudiant au conservatoire de Saint-Maur-des-Fossés dans le Val de Marne. « Ce qui ne l’empêche pas, tout étudiant qu’il est, de participer à des productions en Europe », souligne le site Cinergie.be.

Rare et considérée comme bizarre, il y a encore 15 ans, la voix de Serge « prend de plus en plus de place dans le monde de l’opéra », nous renseigne la source précitée. Et la source de poursuivre que le documentaire Rêve Kakudji tient plus à la personne de l’artiste qu’à autre chose. Ainsi, Ibbe Daniels, nous renseigne-t-elle, est « focalisée sur son héros plus que sur le monde de la musique, la réalisatrice colle au corps de ce personnage captivant alliant avec une cohérence désarmante, ambition et innocence ». Le film est fait d’un mélange d’« images très graphiques » du quotidien de l’artiste à celles de « longues séquences lyriques de répétitions et de représentations ». Selon la critique offerte par Cinergie.be, « l’éloge lyrique atteint son apothéose dans les séquences filmées au Congo où le jeune homme, de retour dans son pays d’origine, interprète devant la communauté un chant chrétien entouré d’un chœur d’enfants. Une scène cédant au folklore, sans doute trop insistante, mais saisissante d’émotion et que le spectateur traverse un peu avec un plaisir coupable ».

Des questions sans réponses

Rêve Kakudji, affirme notre source, « est avant tout le portrait en creux d’un homme qui, à cause de son désir, ne peut plus être chez lui nulle part ». Et, à son avis, « Serge traîne sa solitude et son étrangeté de l’Europe à l’Afrique ». Réalité que la caméra a mis en exergue au point que « ce sentiment d’étrangeté poursuit tout le film, laissant le spectateur envahi de questions. Quel chemin a t-il poursuivi et comment est-il arrivé là ? Quel est ce lien visiblement financier qui relie le jeune homme avec la cantatrice américaine Laura Claycomb ? Quelle est son origine sociale ? Autant de questions qui resteront sans réponses comme si Ibbe Daniels voulait se débarrasser de la réalité pour nous plonger dans un rêve ».

Signalons que Serge Kakudji reste très attaché à sa terre natale, Lubumbashi mais aussi à Kinshasa. Ces deux villes qu’il a encore côtoyées entre fin juillet et début août dernier font partie de son parcours comme l’a d’ailleurs relevé le documentaire. Et, dans le cas de Kinshasa, tout particulièrement, il avait procédé à la restitution du projet Coup fatal. Dans ce spectacle inédit en création depuis 2009 le contreténor se mesure au répertoire baroque de Händel et Gluck avec treize musiciens de Kinshasa, dont Deb’s Bukaka, Scafio, Russel Tshiebua et Bule Mpanya. Les compositions d’origine sont injectés d’une sérieuse dose de vitalité congolaise, de musique populaire, de rock et de jazz, c’est dès lors un univers tout neuf et contemporain qui se crée autour des chants de Kakudji. La direction musicale de Coup fatal est assurée par le compositeur bruxellois Fabrizio Cassol, le metteur en scène Alain Platel et le danseur Romain Guion sont en quête d’une forme théâtrale tandis que le décor est conçu par le plasticien Freddy Tsimba.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : La pochette du documentaire Rêve Kakudji Photo 2 : Une des séquence du film Rêve Kakudji