« Dynamiques de genre et création cinématographique » : un débat engagé au festival MwassiJeudi 28 Août 2025 - 18:19 Le festival Mwassi, « les films d’Afrique ô féminin », poursuit sa mission de mettre en lumière les femmes du cinéma africain en leur offrant des espaces de réflexion et de visibilité. C’est dans ce contexte que s’inscrivait la tenue, le 27 août, au siège du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), d’un panel sur le thème «Dynamiques de genre et création cinématographique dans les contextes africains ».
Dès l’ouverture, le représentant adjoint du Pnud-Congo, Henry-René Diouf, a salué la démarche du festival, rappelant que la promotion de l’égalité entre les sexes fait partie des priorités des Nations unies. «Ce que vous entreprenez ici constitue une contribution capitale au développement. Les Nations unies sont la maison de tous, et nous sommes heureux d’accompagner une initiative qui participe à la stratégie nationale du genre », a-t-il affirmé. Autour de la table, quatre voix féminines du cinéma africain et un écrivain-critique d’art comme regard neutre pour décortiquer la thématique au cœur des échanges : Razzia Lelahel (actrice et réalisatrice), Divana Cate (réalisatrice et productrice), Aude May (réalisatrice et photographe), Adriella Lou (comédienne-actrice gabonaise) et Emeraude Kouka (écrivain, critique et conseiller culturel). Les débats ont rapidement mis en lumière les inégalités structurelles auxquelles les femmes font face dans la création cinématographique : accès limité aux financements, distribution compliquée, stéréotypes dans les scénarios et obstacles liés au harcèlement sexuel. Adriella Lou a livré un témoignage percutant sur les pratiques de favoritisme et de prédation qui barrent la route à de nombreuses comédiennes. « On ne peut pas briser les rêves des jeunes femmes qui aspirent à devenir artistes », a-t-elle martelé, dénonçant un système où la compromission semble parfois conditionner l’accès aux rôles. Émeraude Kouka, dans son intervention, a apporté un regard critique sur la représentation des femmes dans les films africains. Selon lui, la question n’est pas tant de définir une « écriture féminine » que de permettre à toutes et tous de créer dans des conditions équitables. « Je ne distingue pas une création féminine d’une création masculine. L’art est universel. Mais il est inacceptable qu’une femme soit freinée dans ses projets du simple fait de son sexe », a-t-il fait savoir. Cette approche a ouvert un échange nourri sur la dimension politique du cinéma. Les panélistes ont souligné que l’écran est un espace de pouvoir : il peut déconstruire des stéréotypes ou, au contraire, les renforcer. Aude May et Divana Cate ont insisté sur la nécessité de « se connaître soi-même et de faire des choix fermes » pour ne pas céder aux pressions. Razzia Lelahel, de son côté, a revendiqué un cinéma où le genre ne dicte pas les opportunités : « Au cinéma, il n’y a pas de sexe. Seules comptent la compétence et la vision artistique ». La discussion a également permis de replacer ces enjeux dans le contexte africain, où les normes sociales et culturelles influencent encore largement les parcours féminins. Si les pionnières du continent ont longtemps été invisibilisées, une nouvelle génération de créatrices émerge, déterminée à reprendre la parole et à imposer ses récits. En conclusion, la directrice du festival, Pierre Man’s, a rappelé l’importance de cette thématique qui illustre pleinement l’ambition de Mwassi : transmettre, reconnaître et réhabiliter les femmes dans l’histoire et l’avenir du cinéma africain. « Quand on parle de genre, nous restons confrontés à beaucoup de stéréotypes et de jugements. Ces tables rondes permettent de réfléchir collectivement et d’envisager des solutions pour un avenir plus inclusif », a-t-elle souligné. Ce panel, riche en analyses et en témoignages, a permis au public de s’exprimer également à travers des questions pertinentes auxquelles les panelistes ont répondu avec brio. Les discussions dans le cadre du festival Mwassi se poursuivront dans les prochains jours à Brazzaville avec d’autres projections et débats, dans l’espoir de faire du cinéma un terrain d’égalité et d’émancipation. Merveille Jessica Atipo Légendes et crédits photo :Quelques images des panelistes et des participants lors des échanges/DR Notification:Non |