Économie : pourquoi l'Afrique doit accélérer la diversification

Mardi 21 Juin 2016 - 17:29

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le point de vue de Paul Fokam, auteur et banquier camerounais, sur cette question est fort intéressant. Il est le propriétaire du puissant groupe Afriland first bank qui a occupé en 2013 la première place dans le classement national du Cameroun pour les dépôts de clientèle, devant des filiales françaises.

La clé de l’avenir de l’Afrique, explique-t-il, réside dans sa capacité de diversifier ses activités et d'attirer des investisseurs potentiels. Paul Fokam n’hésite pas de faire appel à d’autres entrepreneurs désireux de gagner des parts de marché au Cameroun ou ailleurs en Afrique. Prêchant par l’exemple, il a lui-même initié plusieurs projets dans les secteurs variés : pharmacie, assurance, leasing, agro-industrie, sécurité, édition, promotion immobilière, logistique et transport. Il contrôle 51% des parts de la Société africaine de participation (SAPA), une entreprise constituée d’un portefeuille diversifié de dix PME qui opèrent dans les secteurs à fort potentiel de croissance. Il dirige également la SAPI, une entreprise immobilière spécialisée dans plusieurs domaines : habitation, bureaux, commerces, hôtels, résidences, services, entrepôts et équipements publics. Paul Fokam est également l’auteur de plusieurs livres portant sur le développement de l’Afrique. Il a créé une maison d’édition, l’Afredit. Il exerce un contrôle sur les éditions françaises Maisonneuve et Larose, appartenant à la SAPA. Enfin, on ne peut passer sous silence l’initiative qui a abouti à la création de Vox Africa, une chaine de télévision panafricaine basée à Londres. Et la liste n’est pas exhaustive.

Une nouvelle Afrique

Depuis 2007, Paul Fokam a commencé à diriger une université privée : PKFokam Institute of excellence. Pour lui, l’Afrique doit compter sur des valeurs sures, capables de l’aider à se développer. Mais il fait un constat décevant. « En Afrique, il y a une insuffisance criante de leaders ». Or, cette carence met en péril le développement de la région et surtout sa compétitivité. Aussi cette université privée basée à Yaoundé, au Cameroun, assure-t-elle une formation dans plusieurs domaines dont les nouvelles technologies, les mines et le management (diplômes d’ingénieur et MBA). Les formations se donnent exclusivement en anglais et respectent les standards des universités américaines. « Il faut à l’Afrique des leaders capables de promouvoir la création de richesses, la culture africaine et l’Afrique ». Pour engager l’Afrique dans la voie du développement, Paul Fokam propose l’émergence des leaders qui répondent à plusieurs critères dont l’intégrité et la culture du travail.

Dans son dernier livre intitulé « Quelle Afrique à l’horizon 2050 ? », Paul Fokam réfléchit longuement à cette problématique. Il se dit partisan des solutions audacieuses, fruit de sa vision sur l’avenir du continent africain. « Tous mes livres, articles et conférences insistent sur une dimension : redonner leur dignité à l’Afrique et aux africains ». Selon lui, il faut à tout prix décomplexer les africains. « L’Afrique ne connaitra la prospérité que lorsque ses fils et filles cesseront de mendier l’aide au développement et de mimer l’Occident ». Il faut une Afrique qui dispose d’une vision claire de son développement. Ensuite, d’autres paramètres viendront s’y greffer, notamment la persévérance et l’envie de réussir. L’idée est de partir avec toutes les chances de réussite. En définitive, l’Afrique de demain devra être une Afrique qui refuse de perdre confiance en elle à tout moment.

 

Un africain convaincu

25 ans après sa création, Afriland First Bank est le deuxième groupe financier d’Afrique centrale et le quatrième de la zone CFA. Selon les chiffres en notre possession, le groupe est passé en 2011 à la tête du classement des banques du Cameroun, avec un total de bilan de 2,3 milliards de dollars américains US. Pour occuper cette place de leader, Afriland First Bank a agi à quatre niveaux : la création des passerelles entre les secteurs formel et informel, l'intégration des ruraux dans le système bancaire, l'émergence d’une classe d’entrepreneurs africains et le soutien aux entreprises existantes. Il faut rappeler que la première implantation du groupe dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) remonte à fin 2013, avec le rachat d’Access Bank en Côte d’Ivoire. Le groupe continue son expansion dans le marché ouest-africain.

Laurent Essolomwa

Notification: 

Non