Elections au Mozambique : peut-être vers une alternance démocratique après le règne sans partage du Frelimo

Mercredi 15 Octobre 2014 - 18:15

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En attendant les résultats de l’élection générale (présidentielle, législatives et provinciales) du 15 octobre, plusieurs observateurs augurent  déjà la victoire à la présidentielle de l’opposition devant le Frelimo (Front de libération du Mozambique), au pouvoir à Maputo depuis près de 40 ans, même si cette formation politique pourrait, selon eux, préserver sa majorité au Parlement national, tout comme dans les dix assemblées provinciales du pays.

Les 24 millions de Mozambicains ont été appelés aux urnes pour élire leurs députés et leur président lors des élections générales de mercredi, les 5e du genre depuis que leur pays a renoué avec la démocratie. Si l’on s’en tient à la campagne législative et présidentielle qui s’est achevée mardi sans incident majeur,  il est loin de penser à la victoire annoncée du Frelimo. En effet, celle-ci pourrait être plus difficile que prévue au vu du succès populaire des meetings de l’opposition.

Cette manière de voir les choses est partagée par de nombreux spécialistes du Mozambique qui avancent que le candidat du parti au pouvoir pourrait aller au deuxième tour avec l’un des challengers. Il en découlerait de la sorte des accords électoraux entre les partis de l’opposition pour qu’un des leurs puisse remporter le scrutin. « Il est possible que l’opposition remporte cette fois la présidentielle », a déclaré par exemple Michel Cahen, spécialiste de l’Afrique australe. Il faut signaler que pour être élu président au premier tour au Mozambique, l’un des candidats doit totaliser 50% des suffrages plus une voix. Si aucun n’atteint ce score, un second tour est organisé dans les 30 jours après la proclamation des résultats.

Au cas où la victoire de l’opposition pourrait survenir, elle marquerait donc un tournant décisif dans l’histoire du Mozambique.  Ceci, parce que le Frelimo, un parti politique d’obédience marxiste qui a mené la lutte anti-coloniale contre les Portugais, dirige ce pays depuis son indépendance, le 25 juin 1975 jusqu’à ce jour. Et malgré la guerre civile de 1976 à 1992 qui avait opposé ses militants à ceux du Renamo, soutenu par l’ancienne Rhodésie et le régime d’apartheid sud-africain, ainsi que l’organisation des précédentes élections générales, ce parti-Etat est resté aux commandes sans opposition de taille et a contribué au développement de la Mozambique.  Ce pays connaît aujourd’hui un véritable boom économique, et s’est même imposé comme une destination majeure pour les investissements directs étrangers.

L’une des raisons qui poussent les spécialistes du Mozambique à entrevoir la victoire de l’opposition est le fait que le candidat du pouvoir à la présidence, Filipe Nyusi, n’est pas le plus connu des trois candidats. Son dernier meeting à Maputo, la capitale n’a pas attiré des foules, alors que celui d’Afonso Dhlakama, le chef de la Renamo, la guérilla historique devenue premier parti d’opposition à la fin de la guerre civile de 1992, a mobilisé des marrées humanes. Cela s’expliquerait en partie au fait que durant ses meetings, cet opposant qui participe à la présidentielle pour la cinquième fois, promettait de mieux répartir les richesses de son pays, qui possède de gigantesques réserves de gaz.

L’actuel président Armando Guebuza qui avait été réélu en 2009 n’est pas candidat à sa propre succession parce qu’il a été contraint à céder le pouvoir après deux mandats prévus par la Constitution mozambicaine. Mais, ayant toujours la main mise sur le pouvoir, il a fait campagne pour son ministre de la Défense Felipe Nyusi lors des primaires du parti pour désigner son candidat pour la présidentielle.

Outre Felipe Nyusi et Afonso Dhlakama, l’autre candidat à cette élection présidentielle s’appelle Daviz Simango, chef du Mouvement démocratique du Mozambique (MDM), fondé en 2009, et maire de Beira, la deuxième ville du pays.

 

 

Nestor N'Gampoula