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Evocation: ce jour-là...

Mercredi 24 Janvier 2024 - 14:49

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Des pages de photos éclairées de récits poignants ! Rodrigues Okson Oko (1) n’a pas lésiné sur le silence du regret pour livrer le témoignage de son infini attachement à son père, l’homme sous la protection de qui il s’éduque des années durant avant cette date fatidique du 25 janvier 1999.

Ce jour-là, Henri Roger Camille Oko, 59 ans, ne survécut pas à l’appel de son destin. Il est mort au front. Dans ces moments d’incertitude où la nation congolaise, proclamée « une et indivisible » lors de son accession à sa souveraineté quatre décennies plus tôt, cherchait à renaître de ses turpitudes après une préjudiciable perte de repères. L’irréparable brisa pour sa famille, ses amis et la cause qu’il défendait, le lien de présence physique tissé de longue date.

Henri Roger Camille Oko, comme beaucoup, et finalement comme nous tous, fut pris dans cette tourmente, laquelle nous rappelle qu’un autre jour, à une autre date, nous pourrions rencontrer les mêmes défis, les mêmes contradictions, les mêmes mécontentements, les mêmes frustrations mais que le dialogue et la concorde nationale devraient agir en toutes circonstances comme des recours indispensables.

En réunissant dans cet ouvrage les images se rapportant à la vie de son géniteur, le fils marque le temps pour ne pas le perdre. Car dans son éternité, le temps, même s’il est insaisissable, reste un fidèle compagnon: un écrit, une icône, une photo établissent ce lien indéfectible entre le passé et les messages qu’il véhicule. Et la mémoire humaine se nourrit de ces symboles.

Lorsque Rodrigues Okson Oko s’était ouvert à moi d’un projet de texte sur son « vieux » - plus connu sous l’appellation de Oko Camille-, j’avais trouvé l’idée admirable. A la fois parce qu’un fils songeait à rendre hommage à son père, et parce qu’à titre personnel, je connaissais l’homme. J’ai travaillé sous sa responsabilité dans la période précédant sa disparition tragique alors qu’il était conseiller du président de la République.

Ce que je retiens ensuite de l’auteur de ce livre dont j’apporte ma modeste contribution à travers cette préface est que Rodrigues Okson Oko, comme le fut son père, est porté à surmonter les obstacles. Il y a quelques années, il s’était lancé à la conquête d’un siège de député dans le Boundji natal de son père, là où depuis l’ouverture démocratique en 1991, l’un des grands partis de l’arène congolaise gagne à tous les scrutins législatifs. Ce ne fut pas sans susciter quelques remous au sein de la « famille ».

Ce livre est aussi révélateur des engagements de son rédacteur. Les poèmes sont denses, puissants et touchants. Au fond, oui, le silence est toujours-là, celui du vide laissé par un être cher dont l’intime présence ne cesse de vous hanter.

Il l’exprime à la fin de l’ouvrage par ces mots éblouissants et bouleversants : « J’écrirai jusqu’à ne plus savoir écrire ; je me souviendrai jusqu’au point de ne plus me souvenir ; je t’aimerai jusqu’à ne plus m’arrêter ; jusqu’à m’en aller te retrouver »

Ce jour-là, 25 janvier 1999, Henri Roger Camille Oko s’en alla !

(1) Profitant du jour anniversaire de la disparition de son père, Rodrigues Okson Oko dévoile la préface de l’ouvrage qu’il lui a dédié en guise d’hommage.

Les Dépêches de Brazzaville

Légendes et crédits photo : 

La couverture de l'ouvrage de Rodrigues Okson- Oko

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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