Flux financiers illicites : enquête internationale en RDC

Lundi 26 Août 2013 - 19:00

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Arrivé à Kinshasa le 26 août, le Groupe de personnalités de haut niveau conduit par l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, a débuté les consultations avec la présidence de la République et la primature dans le cadre de sept études de cas pays pour dégager des pistes capables de réparer le préjudice causé par une perte annuelle estimée à environ 50 milliards de dollars américains

Durant trois jours, soit du 26 au 28 août, cette mission a rencontré non seulement le président Kabila et le Premier ministre Matata mais elle va s’entretenir aussi avec les institutions étatiques, la Banque centrale du Congo, la Cellule nationale des renseignements financiers et les acteurs de la société civile. Au terme de cette visite de travail, le groupe dont le mandat n’a débuté qu’en février 2012 après sa création à Addis-Abeba en mars 2011, lors de la quatrième réunion annuelle conjointe de la Conférence des Africains de l’Économie et des Finances de l’Union africaine et la Conférence des ministres africains des Finances, de la  Planification et du Développement économique de la Commission économique pour l’Afrique, formulera des recommandations.

Face au groupe, les autorités du pays ont réaffirmé l’engagement pris par le pays depuis 2004 dans la lutte contre les flux financiers illicites. L’équipe de gestion économique de la primature avec à sa tête le Premier ministre, Augustin Matata, l’a rappelé de vive voix à la délégation lors d’un panel organisé à son cabinet de travail. Cette question  revêt une grande importance pour le pays et même pour l’ensemble du continent exposé au phénomène inquiétant de flux financiers illicites. Le phénomène ne cesse de prendre de l’importance avec l’émergence des réseaux organisés, échappant totalement au contrôle des décideurs. Pour lutter contre le phénomène, ont reconnu les deux parties, il faut privilégier la transparence.

Argent sale, évasion fiscale, recel…

En RDC, lesecteur bancaire est en pleine expansion, et son rythme de croissance est cinq à six fois plus vite que le PIB. Et les chiffres le témoignent. Dix-huit banques enregistrées à la fin de 2010, l’on est passé progressivement à vingt et une au courant de l’année 2011 et à plus de vingt-trois actuellement. Les dépôts sont de plus en plus importants mais pas assez pour soutenir les efforts de relance de l’industrie locale, a estimé la Fédération des entreprises du Congo (FEC). On est passé de 100 millions à 1,5 milliard de dollars américains à fin 2010.  En 2011, toutes les banques contribuaient à hauteur d'un milliard à l’économie nationale, contre 60 millions en 2002. Cette croissance quoique considérable reste encore faible pour leur permettre de jouer plus efficacement leur rôle d’intermédiaire dans un pays en quête de financements lourds pour la mise en œuvre de grands projets. Selon la FEC, les capitaux bancaires disponibles se situent actuellement à 20 milliards de dollars américains.

Mais l’un des plus grands défis est la sécurité. Les efforts devront se poursuivre pour lutter contre le blanchiment d’argent, et les banques sont appelés à jouer un rôle incontournable dans le dispositif de répression de ce crime en RDC. Toutefois, il est difficile de faire la part des choses sur les responsabilités à dégager, au regard de la difficile ligne de démarcation à établir entre le banquier et le client indélicat, a déploré un analyste. Le banquier est coresponsable pénalement d’une opération financière qui se passe chez lui. En cas de complicité, il est logiquement poursuivi. Dans le cas contraire, il doit développer un reflex de surveillance qui permet de lutter contre le phénomène qui revêt plusieurs facettes : évasion fiscale, argent sale ou recel. La banque n’est pas directement accusée. Il faut arriver à démontrer que les mécanismes d’autoprotection n’ont pas fonctionné. Toutefois, elle dispose d’un certain nombre d’outils pour alerter les autorités compétentes d'une transaction suspecte.

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Laurent Essolomwa