Foresterie : réunion de concertation à Paris sur la relance du processus de mise en place du système panafricain de certification forestière

Lundi 12 Août 2013 - 14:47

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Dans les années 1990, les pays membres de l’Organisation africaine des bois (OAB) ont souhaité établir un système panafricain de certification forestière, intitulé le Panafrican Forest Certification (PAFC), basé sur les principes, critères et indicateurs (PCI) de l’OAB. À la demande du Congo, par son ministère de l’Économie forestière et du Développement durable, et autour des conseillers aux forêts et de plusieurs représentants des organismes comme l’OIBT, l’ATIBT ou le PEFC, une réunion a été convoquée et tenue dans les locaux de l’ambassade du Congo à Paris le 9 août. L’objectif de cette séance de travail était de permettre un échange sur le PAFC et de formuler des propositions visant la relance de ce processus

Henri Lopes, ambassadeur du Congo en France et Henri Djombo, ministre de l'Economie forestière et de l'environnement assis côte à côte lors de la réunion sur la relance du système panafricain de certification forestièrePrésidés par le ministre Henri Djombo et salués par la présence de l’ambassadeur du Congo en France, Henri Lopes, les travaux de relance du système panafricain de certification forestière ont bénéficié de la participation d'Emmanuel Ze Meka, directeur exécutif de l'OIBT ; Ralph M. Ridder, directeur général de l'ATIBT, et sa chargée de projets, Marine Leblanc ; Ben Gunneberg, secrétaire général du PEFC ;  Martin Tadoum et Honoré Tabuna, coordonnateurs techniques de la commission des forêts de l'Afrique centrale, représentant de la Cééac et de l'Écofac V ; Alain-Marius Ngoya-Kessy et Grégoire Nkeoua, de la délégation ministérielle du Congo.

La rencontre de Paris entre experts puise son contexte et sa justification à l’issue de la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement tenue à Rio de Janeiro, au Brésil, en juin 1992. La communauté internationale s’est engagée à œuvrer pour une gestion durable de la planète Terre. Elle a relevé que la gestion durable des écosystèmes forestiers, conciliant les besoins d’une production soutenue des ressources forestières et les exigences environnementales, constituait une des stratégies pour atteindre cet objectif. Elle a également noté la destruction et la dégradation, dans des proportions alarmantes, de ces écosystèmes, consécutives à l’activité anthropique, mettant ainsi en péril, en particulier, l’avenir des populations qui en dépendent.

Le Bassin du Congo, deuxième massif forestier du monde après celui de l’Amazonie, n’en est pas épargné. L’inquiétude pour la dégradation des forêts de ce massif forestier a donné lieu à une série de réponses, en grande partie par les principaux pays consommateurs de bois tropical, sous la pression des ONG de l’environnement. Ces réponses concernaient l’instauration d’interdiction et de boycott du commerce des bois tropicaux et étaient, d’ailleurs, incompatibles avec l’accord général sur les tarifs et le commerce.

L’échec des interdictions et du boycott, en tant que moyen pour assurer l’aménagement durable des forêts, a suscité l’intérêt de développer la certification comme outil de marché. De même, la certification constitue un moyen approprié pour promouvoir la gestion durable des forêts. En décembre 2002, les experts des administrations forestières et d’autres institutions des pays membres de l’OAB ont réaffirmé la nécessité de mettre en place un système de certification africaine, en permettant une application nationale des PCI OAB/OIBT. Ils ont recommandé la mise en place de groupes nationaux de travail pour adapter ces CPI aux réalités nationales.

Il sied de noter que le Gabon a déjà mis en place un système national de certification à travers la création, en octobre 2004, de l’association PAFC-Gabon. Le Cameroun s’est lancé dans la même voie. Au Congo, un groupe national de travail a été mis en place et a élaboré les PCI de gestion durable des forêts aux niveaux national et local. Ces CPI ont été validés. Depuis que l’OAB est entrée dans une phase d’hibernation, le projet PAFC s’est arrêté.

Par ailleurs, il convient de noter que plusieurs concessions forestières dans le Bassin du Congo sont certifiées par le Forest Steward Council (FSC). Pour se mettre à l’abri de certaines décisions injustes et aux conséquences graves, notamment une suspension ou un retrait de certificat par certains organismes de certification (cas récent de la suspensioParticipants à la réunion de Paris sur la relance du système africain de certification forestièren du certificat de Danzer, attribuée à la société IFO, avec effet sur l’UFA Ngobé situé au Nord-Congo alors que les faits reprochés à ce groupe se sont produits en RDC), l’obtention de doubles ou triples certificats par les sociétés forestières serait une solution appropriée.

D’une manière spécifique, la réunion de Paris a permis d’établir un échange sur la nécessité de la mise en place du système panafricain et d’évaluer son niveau actuel ; de repasser en revue les principaux standards internationaux de certification forestière ; d’évoquer les possibilités de relance de l’actuel PAFC ; de proposer et adopter une feuille de route ; de discuter des financements potentiels pour la relance du processus PAFC.

Concluant les travaux, le président de séance, Henri Djombo s’est dit satisfait de la qualité des échanges et des résultats attendus, obtenus d’une façon consensuelle auprès de tous les participants. Des résultats qui symbolisent la gestion viable des forêts du Bassin du Congo et qui respectent les intérêts des populations. Un communiqué final a clos les travaux de Paris.

OIBT : Organisation internationale des bois tropicaux
ATIBT : Association technique internationale des bois tropicaux
PEFC : Programme européen des forêts certifiées
Cééac : Communauté économique des États de l’Afrique centrale
Écofac V : Écosystèmes fragilisés d'Afrique centrale

Marie-Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Henri Lopes, ambassadeur du Congo en France et Henri Djombo, ministre de l'Économie forestière et de l'Environnement. (© Fredy Mizelet) Photo 2 : Des participants à la réunion de Paris sur la relance du système africain de certification forestière. (© Fredy Mizelet)