France : l’exposition sur Jean-Félix Tchicaya aura lieu ce week-end

Jeudi 11 Septembre 2014 - 15:15

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L’activité a déjà été organisée au Congo. Celle du 13 septembre en France le sera au Conseil Régional des Yvelines. Elle est organisée par Serge Jean-Félix Tchicaya, petit fils de Jean-Félix Tchicaya, premier parlementaire congolais, une des figures remarquables de l’histoire du Congo et de l’Afrique même si l'homme est peu connu sur le plan local.  

Cette exposition a eu lieu pour la première fois pendant les festivités de la célébration du 54e anniversaire de la République du Congo à Sibiti dans le département de la Lékoumou puis à Pointe-Noire le 23 août dernier. Elle a pour but de faire connaître ce grand homme encore peu connu des Congolais et autres Africains. Cela, à travers des photos d’archives, des coupures de presse, des documents administratifs, des lettres manuscrites signées de lui-même, Jean-Felix Tchicaya. « Depuis quelques années,  j’ai en ma possession un bon nombre d’archives de mon grand-père et puis je me dis qu’il était temps de faire quelque chose, c’est-à-dire parler de l’homme, de sa doctrine et de son combat politique, de ce qu’il a fait et de ce qu’il nous a laissé», a expliqué Serge Jean Félix Tchicaya, résidant actuellement en France, lors de cette exposition à Pointe-Noire.

Premier député congolais pour le Moyen Congo et le Gabon à l’Assemblée nationale constituante de Paris, de 1946 à 1958, et fondateur du Parti progressiste congolais (PPC) en 1956  (un des premiers partis politiques du pays), Jean-Félix Tchicaya est un des pionniers de la lutte pour l’émancipation politique de l’Afrique et de la réorganisation de toute l’administration municipale d’Afrique noire. Il prônait une association plus large de la population indigène à la gestion de la chose publique. Il s’est distingué par son courage, son humanisme et ses convictions. Les combats menés par Jean-Félix Tchicaya sont d’ordres politique et économique. Il s’agit, entre autres, de la lutte pour l’égalité entre les Français de la métropole et ceux de l’Outre mer, pour la restitution des terres spoliées, la lutte contre l’indigénat, l’amélioration de la situation économique du continent et celle des conditions de travail des Africains. 

il a laissé un patrimoine culturel riche, des analyses claires et des conceptions nettes qui restent d’actualité et dont devraient s’inspirer les générations africaines actuelles et futures. Comme par exemple sa conception de la démocratie contenue dans certains documents constituant l’exposition: «La démocratie n’est  l’apanage d’aucun peuple, d’aucune Nation et d’aucun territoire ». Jean-Félix Tchicaya a aussi estimé que «Les structures dites démocratiques ne sont valables que dans la mesure où elles sont animées par des citoyens éclairés sur leurs droits et leurs devoirs, soucieux du bien-être d’autrui ». Pour lui, «On n’importe pas la démocratie on la vit : elle est une création de chaque société. C’est aux Africains eux mêmes qu’il appartient de fonder leur propre démocratie.» L’homme a aussi évoqué le colonialisme : «Il n’est pas douteux que les éléments les plus louches du colonialisme continueront d’avoir recours aux moyens les moins honorables pour essayer de se maintenir partout où leur influence est entamée par la montée des force du progrès », écrit-il dans un document datant du 7 décembre 1952.

Né le 9 novembre 1903 à Libreville Jean-Félix Tchicaya est mort le 16 janvier 1961 à Pointe-Noire. Outre ses fonctions de député, il a occupé plusieurs postes après l’obtention de son diplôme d’instituteur à l’École normale d’instituteurs William Ponty de Dakar, où il rencontra Houphouët Boigny, Modibo Keïta, Hamani Doui, Mamadou Dia et Sylvanus Olympio, tous venant de l’Afrique équatoriale française (AEF). Grand conseiller de l’AEF, chevalier de l’étoile, il a été 1er vice-président du Rassemblement démocratique africain (RDA), une organisation créée à Bamako par les nouveaux députés africains sous la houlette d’Houphouët Boigny, instituteur, commis  des finances à Pointe-Noire au chemin de fer (CFCO) en construction...

Une exposition riche

L’initiative de Serge Félix Tchicaya a été saluée par les citoyens comme Sokate Mavouba, poète et écrivain, qui a confié après la visite de l’exposition à Pointe-Noire : « C’est une belle exposition qui nous ramène des morceaux de notre histoire que nous ne connaissons pas. Ce qui m’a marqué à cette exposition c’est d’abord l’homme, donc Jean-Félix Tchicaya, que beaucoup des gens ne connaissent pas. J’entendais parler de lui mais je le découvre. C’est un homme bien équilibré et cet équilibre se retrouve dans ses lettres que j’ai lues, les discours qu’il a tenus dans un français bien soutenu. Cela me surprend que dans les années 40-50 que nous ayons déjà des gens comme lui qui maîtrisaient la langue française. Ce qu’il a dit hier sur la démocratie se retrouve aujourd’hui où nous avons dans notre pays un débat sur la démocratie et la constitution.»

D’autres citoyens ont été marqués par l’abondance et la richesse des archives. «Cette exposition nous prouve encore que les archives sont importantes. Je suis heureux de constater qu’en Afrique il ya des enfants et des petits-fils qui pensent à rassembler des éléments importants sur la vie de leurs aînés pour pouvoir un jour parler de leur histoire. Bon nombre de Congolais entendent parler de Jean-Félix Tchicaya, mais ne le connaissent pas », a confié Gilles Douta.

Serge Jean-Félix Tchicaya entend poursuivre cette exposition dans les autres départements du pays. «L’exposition est restée 24 heures au camp des jeunes à Sibiti et j’ai vu des enfants s’arracher Jean-Félix Tchicaya.  Ce que je souhaite, c’est de revenir ici sur la terre de mes ancêtres pour mieux faire découvrir Jean-Félix Tchicaya ainsi que les grandes luttes politiques qu’il a menées... Ici, il n’appartient pas à la famille Tchicaya, mais au Congo et à l’Afrique».

Tenant compte de son humanisme et de ses actions politiques en faveur des peuples opprimés, Jean-Félix Tchicaya mériterait un  hommage solennel en vue de perpétuer sa mémoire et son œuvre louable qui devrait servir d’exemple pour les générations actuelles et futures.

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

-Jean Félix Tchicaya