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Franchir le pas

Samedi 22 Janvier 2022 - 16:26

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À en croire les dirigeants américains, il n'y a pas de doute, la Russie va à un moment où un autre envahir l'Ukraine. Pour Washington, ce sera le début d'une guerre totale dont Moscou payerait un lourd tribut. On approche d'une échéance de tous les dangers entre les États-Unis et la Russie comme jamais auparavant depuis la chute du mur de Berlin en 1989. Cette année-là, le monde entier avait salué la fin de la guerre froide et du danger que représentait la rivalité entre l'est et l'ouest, presque entre les mauvais et les bons selon le camp où chacun se trouvait.

Maintenant que de part et d'autre de la frontière qui sépare la Russie de l'Ukraine les signes avant-coureurs du conflit sont remarquables, il reste à se demander quels pays européens s'aligneront aux côtés des États-Unis et quels anciens États de l'ex-Union soviétique apporteront un soutien à la Russie. Certes l'Amérique est assurée du soutien de ses alliés européens et plus largement de l'Alliance atlantique. Elle table que devant un tel appui, la Russie part perdante car étant toute seule à affronter une coalition constituée de beaucoup de pays. 

Il est à noter aussi qu'en diverses occasions,  les pays européens ont averti qu'un pas de plus de Moscou vers Kiev, après le précédent de l'annexion de la Crimée en 2014, ne sera pas acceptable. Des deux côtés, on semble sur le point d'épuiser les arguments diplomatiques. On se prépare à franchir le pas de la guerre tant est-il vrai que ce ne sont pas les armes et les hommes qui manquent pour allumer le feu. À Genève où les chefs de la diplomatie américaine, Antony Blinken, et russe, Sergei Lavrov, se sont rencontrés vendredi 21 janvier, la tension entre les deux pays n'est pas retombée.

Chacun sait néanmoins que les conséquences d'une guerre totale entre la Russie et les Occidentaux seront désastreuses pour une bonne partie de pays concernés. On ne sait pas, en outre, qui la gagnerait et combien de temps elle prendrait mais on peut être sûr que l'Europe qui prêtera ainsi son sol à un tel conflit s'y remettra difficilement même si l'histoire enseigne qu'elle a l'habitude des guerres stratégiques que le monde a connues. 

Pour autant, l'Europe peut faire de sa position géographique médiane entre Russes et Américains un argument de taille pour devenir une interlocutrice incontournable dans les relations internationales. Son expérience des guerres est qu'elle ne s'en sort qu'en laissant le terrain à l'émergence des puissances extérieures qui finissent par lui dicter la conduite à tenir. De ce qui précède, comme ce fut le cas par le passé, le Vieux continent risque une fois encore de souffrir d'une guerre qui peut être évitée si sa quête de souveraineté était quelque chose de tangible. 

Gankama N'Siah

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