Idriss Deby Itno : « il est temps que les musulmans s’organisent pour faire face aux organisations terroristes qui n’ont rien de musulman »

Jeudi 7 Mai 2015 - 13:37

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Lors de son récent passage à la chaîne de télévision Euronews, le président tchadien Idriss Déby Itno est revenu sur l’ampleur de la menace du groupe islamique Boko Haram qui, jusqu’en 2013, ne sévissait qu’au Nigeria.

Le chef d’État tchadien considère que c’est une organisation extrêmement dangereuse, qui a eu le temps de s’organiser, de recruter des jeunes sans emploi, pour étendre ses actions au Cameroun, puis au Niger, et finalement au Tchad. Il appuie que Boko Haram aurait des liens étroits avec Daech et Aqmi, et aurait décidé « d’asphyxier le Tchad en coupant l’axe unique qui le rattache au port de Douala, au Cameroun, menaçant ainsi ses intérêts vitaux ».

Idriss Déby Itno indique que ce groupe « est un danger potentiel pour toute la sous-région ». Et pour mener une lutte efficace contre la nébuleuse, « il faut mettre en commun les moyens en ayant foi de parvenir à réduire sa nuisance ». Il ne juge pas nécessaire une implication  « plus poussée de la part de l’Europe et des États-Unis » dans cette lutte. « Nous devrions être capables de nous prendre en charge, de gérer nos crises et de faire face à des mouvements terroristes, en unissant nos efforts, les efforts africains », a-t-il déclaré. Depuis la mise en place d’une action régionale, la puissance militaire de Boko-Haram a été réduite et son état-major s’est désorganisé.

Il affirme que le groupe Boko Haram n’est pas une organisation locale au niveau de l’Afrique, au niveau du Nigeria, mais « une organisation qui a des liens avec d’autres organisations de par le monde, en particulier l’État Islamique ». Et il invite à se poser la question : « qui est dernière Boko Haram… ? ».

Mais peu d’informations circulent sur le nombre de combattants que pourrait compter le groupe, sur ses sources de financement, au-delà des kidnappings, des vols et des razzia. Mais le groupe reçoit également du matériel blindé sur le terrain. Sans trop s’étendre sur ce dernier aspect, le président tchadien rappelle qu’ « on ne fabrique ni de blindés, ni d’armes au Nigeria », faisant observer que « tout cela n’est pas tombé du ciel ».

Il  rappelle par contre qu’aucune précaution n’a été prise pour gérer l’après-Kadhafi, pour éviter que les armes ne sortent de la Libye. Or c’était « un pays super équipé du point de vue militaire », explique-t-il. Grâce à la circulation massive des armes en provenance de Libye, « il y a réellement une menace physique sur les pays africains au sud du Sahara », selon lui.

Il pense qu’« il est temps que les musulmans s’organisent pour faire face à ces organisations terroristes qui n’ont rien de musulman ».

Noël Ndong