Interview. Kobono Djaouwa Gore : « L’Afrique a besoin des leaders qui se sacrifient pour leurs peuples »

Vendredi 11 Juin 2021 - 13:25

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Né le 22 septembre 1986 à Doukoula, à l’Extrême-nord du Cameroun, Kobono Djaouwa Gore a fait ses études supérieures à l’Université de Douala, au département de philosophie de la Faculté des lettres et sciences humaines. Il nous parle de son engagement littéraire et de son premier roman « Monsieur le négus restaure l’empire Songhay ».

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Comment est né votre désir d’écrire ?

Kobono Djaouwa Gore (K.D.G.) : Je me suis engagé dès le lycée dans les activités citoyennes. Toutefois, j’ai eu une fin de non recevoir de la part de l’élite locale, qui voyait les prémices d’un positionnement politique dans ces actions citoyennes. Alors, elle décida de me stopper net dans mes actions. Je compris cela comme de la trahison d’abord, et comme de l’incompréhension par la suite. Ainsi, suite à certaines expériences que j’ai vécues, je me suis résolu à m’engager à nouveau, mais sous d’autres auspices, l’écriture. En effet, je me suis laissé convaincre que je dois me faire comprendre. Et l’écriture est la voie parfaite dans cette approche de la compréhension. D’où la parution de mon premier roman, « Monsieur le Négus restaure l’empire Songhay ». Cet ouvrage fait le procès de la politique africaine. Est-elle au service des peuples d’Afrique ? Ou est-ce qu’elle continue d’être au service des autres nations comme pourvoyeuse des matières premières et dépôts des déchets des autres nations du monde ?

L.D.B.C. : Quel est le message que vous voulez faire passer à travers votre premier roman ?

K.D.G. : Nous essayons de réinterroger l’histoire afin que le leadership africain se transforme en profondeur. L’Afrique en a marre des losers, des capricieux, des pions des impérialistes. L’Afrique a besoin des leaders qui font l’option de se sacrifier pour les peuples d’Afrique, à l’instar de Patrice Emery Lumumba ; Thomas Sankara ; Kwame Nkrumah ; Nelson Mandela, etc. Ce roman relate les vicissitudes existentielles des peuples d’Afrique, à cause de l’insouciance des dirigeants car ils sont animés par deux vices majeurs : le sadisme d’État et le vandalisme d’État. Ces attitudes ne sont que le produit du noumène d’esclave, qui annihile la dignité et la fierté humaine.  Nous en appelons à un changement de paradigme dans le leadership africain, afin que la grandeur de l’Afrique soit restaurée. Toutefois, cette grandeur ne sera possible que par le panafricanisme. À cet effet, que les États-Unis de Songhay voient enfin le jour, dans le but de faire taire les politiques coloniales actuelles. C’est alors que le peuple africain aura le droit de s’approprier à nouveau sa dignité, qui lui a été volée par l’esclavage et la colonisation. Et nous pensons sincèrement que l’Afrique a besoin d’une nouvelle mentalité, d’où la redéfinition conceptuelle de l’africanité. Elle devra être le socle de l’espoir conscient dont les Africains ont tant besoin.

L.D.B.C. : Et que suggérez-vous pour que  ce rêve soit tangible ?

K.D.G. : Pour leur émergence, les peuples d’Afrique doivent rapidement sortir des cloisonnements familiaux, ethniques, tribaux, micro-nationaux, religieux, sectaires, etc. Seule l’humain devrait être le cœur des actes des Africains, pour une émergence certaine de l’Afrique. Et c’est dans ce sens que nous sommes en train de peaufiner un essai à cet effet. 

Propos recueillis par Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

1- L’écrivain camerounais Kobono Djaouwa Gore /DR ; 2- La couverture de son premier roman/DR

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