Interview. Moussounda Pouni: « Les arts m'ont permis de sortir de ma coquille, de ma réserve... »

Vendredi 24 Mars 2023 - 11:48

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Cédric Hourra Moussounda Pouni, la vingtaine atteinte, a plusieurs cordes à son arc (comédienne, actrice, slameuse, chanteuse, dessinatrice, comédienne). La voix posée, le sourire aux lèvres, elle parle de son amour pour l'art mais aussi de sa résilience et de sa résistance, des éléments qui lui permettent aujourd'hui de vivre pleinement de sa passion. Entretien.

 

 

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Cédric, depuis quand êtes-vous dans le milieu artistique ?

Cédric Hourra Moussounda Pouni (C.H.M.P.) : Depuis mon enfance, je nage dans l'univers de l'art entre dessin, danse traditionnelle et plus tard le théâtre, le slam, le cinéma... Le seul frein dans mon épanouissement dans était l'opinion de mes parents. A tort ou à raison, j'avais l'interdiction formelle d'en faire. Vous savez les parents, toujours la même rengaine. " Qu'est-ce que l'art va t'apporter ? Ce n'est pas un métier", me répétaient-ils.

L.D.B.C.: Comment aviez-vous su que vous vouliez évoluer dans le monde des arts?

C.H.M.P. :  C'est lors d'un challenge scolaire. J'étais en classe de terminale, c'était la première fois que je montais sur une scène en tant que comédienne et chanteuse avec autant de monde dans la salle. Je ne pourrai peut-être jamais expliquer avec des termes clairs ce que j'avais ressenti, tout ce que je sais est que je voulais en faire mon métier.

L.D.B.C. : Que représente la scène pour vous ?

C.H.M.P.: C'est l'endroit où je me sens le mieux en tant qu'actrice, comédienne ou musicienne. J’aime la scène, c'est mon petit refuge où je peux me permettre toutes mes folies. Sur scène, il n’y a ni contraintes ni exercices fastidieux, c’est un pur moment de magie, un bonheur que je partage volontiers avec mes collègues.

L.D.B.C. : La scène a donc été pour vous une sorte de thérapie après les interminables restrictions de vos parents à faire de l’art ?

C.H.M.P. : Carrément ! Ces interdictions m'ont longtemps frustrée et stressée, je ne comprenais pas pourquoi mes parents étaient aussi sévères avec moi. Si quelques-uns restent encore campés sur leur position, je n'en tiens plus compte, car ce que me procure la scène est plus important que tout. A présent, je suis vaccinée, je trace ma route mais cela n'a pas été facile, il y a eu des avertissements, des intimidations parfois, mais j'ai tenu bon et ma résistance a payé et je crois sincèrement que c'est la plus belle décision que j'ai prise pour ma vie.

L.D.B.C. : Vous êtes aussi slameuse, pouvez-vous nous en parler ?

C.H.M.P. : Je suis arrivée au slam pour déclamer mes textes. J'avais dans ma besace des textes que je voulais mettre à la portée du public et le slam m'a permis d'extérioriser ce que je noircissais dans mes cahiers. Slameuse, comédienne, actrice, musicienne, je rentre facilement dans la peau de ces différentes personnes et cela sans contraintes, ce sont des canaux que j'utilise pour m'exprimer librement, passionnément et follement.

L.D.B.C. : Donc le monde de l'art vous a permis de libérer la parole ?

C.H.M.P.: Totalement ! Avant, quand je prenais la parole devant le public, j'étais tétanisée, aujourd'hui c'est devenu un moment de bonheur. C'est cela la magie des planches, faire que la Hourra de la scène n'a rien à avoir avec celle de la vraie Hourra. Ce qui est sûr, les arts m'ont permis de sortir de ma coquille, de ma réserve et de m'ouvrir un peu plus aux autres.

L.D.B.C. : Dans quelle discipline vos formateurs vous placeront ?

C.H.M.P. : Beaucoup m'encouragent plutôt à ne pas me limiter à une discipline tant que j'ai les aptitudes. Nous sommes parfois à l'origine de nos propres blocages. Lorsque j'étais à l'université, j'avais quelques difficultés financières, j'ai donc commencé à raccommoder les chaussures des étudiants car dans mon passé, j'avais appris la cordonnerie. En recommandant les chaussures (j'ai été humiliée, subi les railleries) j'avais de quoi me déplacer, payer mes fascicules sans avoir à me prostituer. Ce qui fait que j'avais toujours dans mon sac mon fil, la colle, l’aiguille et ma boîte d'allumettes. Mais j'ai aussi fait la menuiserie et le tricot...

L.D.B.C. : Mais qu'est-ce que Hourra ne sait pas faire ?

C.H.M.P. : Eclat de rire. Je ne sais pas faire beaucoup de choses, même ce que je sais faire, je ne le fais pas aussi bien que les professionnels. L'essentiel pour moi est d'avoir la base et de me perfectionner au fil des ans.

Propos recueillis par Berna Marty

Légendes et crédits photo : 

Cédric Hourra Moussounda Pouni ( au centre) lors d'une représentation théâtrale/DR

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