Interview. Parfait Iloki : « Le 6e congrès ordinaire du PCT devrait se tenir dans les quatre derniers mois de l'année »Samedi 24 Mai 2025 - 12:30 Le Parti congolais du travail (PCT) tiendra cette année son 6e congrès ordinaire. Dans une interview accordée à la presse écrite, le secrétaire permanent à la communication et aux technologies de l’information, porte-parole du parti, Parfait Iloki, revient sur les enjeux de ce grand rendez-vous, les relations avec d’autres formations politiques, ainsi que l’élection présidentielle de mars 2026.
Parfait Iloki (P.I.) : Au terme de la sixième session du Comité central tenue en décembre dernier, c'est le bureau politique qui décidera de la date précise. Mais déjà, vous avez suivi, dans les réseaux sociaux et même dans les médias ordinaires, que ce congrès devrait se tenir dans le troisième quadrimestre 2025, c’est-à-dire les quatre derniers mois de l'année. C'est de la responsabilité des 727 membres du Comité central qui ont instruit les 75 membres du bureau politique à décider en temps opportun de la date exacte. L.D.B.: L’organisation du congrès national est subordonnée par la tenue des congrès départementaux. Est-ce qu’à quelques six mois de cette rencontre, les conditions sont réunies ? P.I. : Nous avons le plaisir de vous inviter dans quelques jours à la 14e réunion du bureau politique et vous aurez la sentence. Tout cela sera traité à l’occasion de cette réunion. Le PCT est un parti à la fois grand, glorieux, responsable, dynamique, représenté sur toute l’étendue du territoire national. Il ne fait pas les choses dans la volée ou à la va-vite. Son congrès national est l’émanation des quinze congrès départementaux qui définiront ce qu'ils veulent entendre, les projets de recommandations, ce qu'ils veulent voir figurer dans les statuts du parti et dans le règlement intérieur du prochain Comité central. Nous rassemblons actuellement toutes les forces sur tous les fronts pour arriver au congrès national. La démocratie au niveau du PCT émane de la base, le parti vivant à la base, nous allons concocter toutes ces idées pour arriver au congrès national. L.D.B. : Quels sont les enjeux du 6e congrès et qui y participera ? P.I. : Les enjeux du congrès, c'est toujours d’auditer le parti en faisant son bilan depuis le dernier congrès. C'est toujours de voir ce qui a marché pendant les cinq dernières années, puis se projeter pour l'avenir. Et l'avenir chez nous en fin 2025 commencera par l'élection présidentielle de 2026. Donc le PCT désignera son candidat à cette élection, après s’en suivra certainement le comité national d'investiture. Comme il s'agit de l’élection du président de la République, c’est le Comité central qui tiendra sa session inaugurale et qui décidera de l'investiture de son candidat. Vous avez compris que pour nous, l'avenir commencera par cette élection. L.D.B. : Pourquoi avoir attendu 2025 pour tenir le 6e congrès au lieu de 2024 ? Est-ce une stratégie du parti pour mieux aborder 2026, notamment l’élection présidentielle de mars ? P.I. : Le congrès au PCT est un événement quinquennal. Le dernier congrès s'est tenu en décembre 2019 à Kintélé. Celui qu’on prépare devrait se tenir en décembre passé. Il a été reporté d’un an pour des questions stratégiques. En toute responsabilité, nous avons pensé rapprocher au maximum la tenue du congrès de l'élection présidentielle qui est une échéance majeure dans une démocratie. Nous avons fait l'expérience en 2021 alors que nous sortions d’un congrès en décembre 2019, il y avait de quoi tirer les enseignements de cette démarche. Cette fois-ci le Comité central, se mirant sur ces faits, a pensé rapprocher au maximum cette élection majeure de notre parti à l'échéance majeure de la démocratie. Ce n'est donc pas de l'opportunisme. C'est plutôt de la stratégie. L.D.B. : Est-ce de l’opportunisme que certains partis politiques frappent à la porte de la majorité présidentielle en commençant par le PCT, à quelques mois de la campagne électorale ? P.I. : Dans le microcosme politique congolais, nous sommes autour d'une cinquantaine de partis politiques et plus de la moitié émarge à la majorité présidentielle. En démocratie, on n'est pas rigide. Il y a des alliances qui se tissent et se détissent. Visitez l’histoire de notre jeune démocratie de 1958 à ce jour, et vous conviendrez avec moi que des partis créés récemment ou qui fonctionnent depuis un certain temps veulent adhérer à une majorité ou vont du côté de l'opposition. Ce n'est que la démocratie. Le PCT a mille et un amis. C'est sûr que nous avons quelques adversaires. Mais nous le prenons plutôt de bon aloi. Au sujet de la future élection présidentielle, vous retiendrez qu’au PCT nous aurons notre candidat. C’est une certitude. Retenez aussi qu’au Congo, il y a des leaders qui font parler d'eux. Mais le meilleur d’entre eux est du PCT. Aujourd’hui, que d'autres forces politiques veuillent croire au leadership de notre président du Comité central, nous ne pouvons que nous en réjouir. A plus forte raison si ce sont des politiques qui nous rejoignent maintenant. En politique, il n’est jamais tard d’entendre raison. L.D.B. : A quelques mois de l’élection présidentielle, il y a des dynamiques sinon des mouvements qui se créent pour fédérer leurs énergies autour du président de la République. Entre temps, il y a comme de petites étincelles qui ont jailli à un certain moment de la vie du PCT, créant parfois des interrogations. P.I.: Autour du personnage de notre président du Comité central qui est en incompatibilité aujourd'hui parce qu'occupant la responsabilité de chef d'État, beaucoup de légendes ont été écrites, mais fort heureusement en bien. Je vous ramène dans l'histoire, au moment de l'ère monolithique, pour dire que le président a reçu à peu près une dizaine de superlatifs autour de son nom. Donc aujourd'hui, le président Denis Sassou N’Guesso est un homme rempli d'expériences. Nous aimons souvent à l'appeler le meilleur d'entre nous, parce qu'il a fait ses preuves. Si on peut aller dans l'axe économique, dans l'axe politique, l'axe socio-culturel, dans l'axe environnemental, développement durable, on aura des mots à dire. Et qu'aujourd'hui, vous vous focalisez autour de deux concepts, timonier ou patriarche, ce n'est que justice. Viendrait-on à arrêter les superlatifs ou ces surnoms qu'on donne au président, qui ne sont pas des surnoms autoproclamés par lui-même? Je pense que non. On n'en a pas fini, c'est sûr. C'est ainsi qu'on reconnaît les grands personnages politiques. L.D.B. : Actuellement, il y a un débat sur les vrais ou faux opposants, surtout ceux qui émargeraient à la majorité présidentielle. Selon vous, ce débat a-t-il sa place ? P.I. : Comme on se doit le langage de vérité, je pense que c'est un faux débat. Car, la démocratie par définition c'est d'abord le rendez-vous du donner et du recevoir. C’est le dialogue des différences dans le partage et la confrontation d’idées et des pensées. J’ai dit "confrontation d’idées" mais jamais physiquement. Pourquoi et comment penser qu'un parti politique qui émarge à l'opposition ne peut pas parler avec un parti de la majorité présentielle ? Et si tel était le cas, pourquoi on doit penser que c'est une trahison ? On n'est pas indéfinitivement opposant sur et pour tout. On est opposant par rapport aux idées et lorsque dans un concept précis on est opposé par rapport à l'idéologie. Il n'est pas exclu que nous discutions entre politiques sur les questions essentielles de la vie de la nation. Ce n’est ni trahison ni contre-productif. Bien au contraire.
Propos recueillis Parfait Wilfried Douniama Légendes et crédits photo :Parfait Iloki répondant aux questions des journalistes/DR Notification:Non |