Johannesburg défie l’ordre global : dette, climat et inégalités au cœur d’un G20 sans WashingtonJeudi 20 Novembre 2025 - 8:19 Les 22 et 23 novembre, l’Afrique du Sud accueille un sommet du G20, un rendez-vous stratégique qui réunit 19 pays et l’Union européenne, représentant 85 % du PIB mondial et deux tiers de la population.
Le sommet de Johannesburg se tient dans un contexte international tendu, marqué par l’absence du président américain. Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a renoué avec une politique de retrait multilatéral et de protectionnisme, contestant notamment l’accord de Paris sur le climat et imposant des droits de douane ciblés. Cette posture américaine a compliqué l’action sud-africaine mais Pretoria entend poursuivre son ordre du jour avec ou sans soutien de Washington. La présidence sud-africaine placée sous le thème « Solidarité, égalité, durabilité » se concentre sur trois priorités majeures : l’allègement de la dette des pays en développement, le financement d’une transition énergétique juste et la lutte contre les inégalités économiques. Comme le souligne le président Cyril Ramaphosa : « Tant pis pour eux », signifiant la détermination de l’Afrique du Sud à porter la voix du Sud global. La dette constitue le thème central du sommet. Entre 2021 et 2023, les pays africains ont dépensé en moyenne 70 dollars par habitant pour le service de leur dette, dépassant les investissements dans l’éducation (63 dollars) et la santé (44 dollars) selon l’ONU. L’Afrique du Sud a réussi à faire adopter une déclaration du G20 reconnaissant la crise de la dette, mais sans engagements contraignants. Cette situation illustre les limites du cadre actuel de restructuration, souvent lent et favorable aux créanciers, laissant les pays débiteurs pris dans un cercle vicieux entre paiement de la dette, financement du développement et impacts climatiques. Pour prolonger l’impact de sa présidence, Pretoria prévoit trois mesures post-G20. D’abord, le Panel d’experts africains préparera un rapport technique sur les obstacles à l’accès à un financement durable pour le continent. Ensuite, un Club des emprunteurs africains, soutenu par l’Union africaine, permettra aux États endettés de partager stratégies et expériences et d’améliorer leur capacité de négociation souveraine. Enfin, l’Afrique du Sud poussera le FMI à revoir ses règles et pratiques, afin d’intégrer pleinement les dimensions sociales, climatiques et économiques dans la gestion de la dette. En parallèle, le sommet africain du G20 attire d’autres grandes puissances. La Chine, représentée par le Premier ministre Li Qiang, plaide pour le multilatéralisme et la mondialisation, tandis que la Russie envoie son conseiller économique Maxime Orechkine. Ce sommet marque aussi la fin d’un cycle de présidences du G20 par des pays du Sud global, après l’Indonésie, l’Inde et le Brésil. Pour Pretoria, ce G20 représente une occasion unique de défendre les intérêts du Sud global, de transformer la dette en levier de développement et de mettre les inégalités et le climat au cœur de l’agenda économique mondial. La question reste de savoir si ce leadership africain obtiendra un consensus dans un forum traditionnellement dominé par les grandes puissances économiques.
Noël Ndong Notification:Non |










