Journée mondiale de l’architecture : replacer l’intérêt public au cœur de la fabrication de la ville

Samedi 1 Octobre 2022 - 12:00

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Le président de l’Ordre des architectes du Congo (OAC), Antoine Beli Bokolojoué, dans une déclaration rendue publique à l’occasion de la Journée mondiale de l’architecture, a mentionné le replacement de l’intérêt public au cœur de la fabrication de la ville comme étant une vision d’avenir.

Célébrée chaque premier lundi du mois d’octobre, la Journée mondiale de l’architecture est couplée avec la Journée mondiale de l’habitat. L’événement est placé cette année sur le thème “L’architecture pour le bien-être”. Cette thématique fait de 2022 une année de l’architecture pour la santé de l’Union internationale des architectes. Elle traduit également l’engagement de cette organisation à utiliser une conception fondée sur des données probantes pour promouvoir la santé dans les bâtiments et les villes. Elle promeut l’architecture comme l’une des solutions écologiques, économiques et sociales, face aux crises que rencontre le XXIe siècle.

« A un moment où les crises que nous traversons ont un impact sur le cadre de vie des Congolais, les architectes du Congo et de la zone centre de l’Afrique, voire du monde, font un plaidoyer d’intérêt général.  La ville à l’horizon 2035 est déjà construite à 80%. Faire la ville de demain, c’est réparer la ville d’aujourd’hui d’une manière vertueuse », a déclaré le président de l’OAC.

Selon lui, la fabrication de la ville façonne la vie en société pour les décennies lorsque les gens construisent, démolissent, réhabilitent et touchent à leur environnement quotidien. S’occuper du cadre de vie des Congolais, c’est donc, selon lui, spatialiser la démocratie. Pour le président de l'OAC, personne n’aspire aujourd’hui à dépenser la moitié de son salaire, voire plus, pour habiter un lieu trop petit, mal desservi et loin de son travail.

Nécessité d’agir ensemble

« Se loger, se déplacer, travailler, les trois sujets doivent être liés. En outre, aujourd’hui les enjeux écologiques et la conjoncture mondiale nous obligent à ménager notre territoire : coût et rareté des ressources, canicules, aléas météorologiques… Les catastrophes naturelles de ces derniers temps nous montrent à quel point notre territoire est vulnérable. Il nous faut anticiper pour éviter des crises majeures et des vies brisées. Nous ne pourrons pas indéfiniment réparer au lieu de prévenir. L’urgence n’est plus à démontrer. Ensemble, nous devons agir ! », a poursuivi celui qui dirige la Conférence des présidents des Ordres des architectes de l’Afrique centrale.

Il s’est, par ailleurs, réjoui de l’existence des solutions et des innovations apportées au quotidien. Il a aussi souligné l’urgence d’essaimer et d’amplifier des expériences réussies et des bonnes pratiques se trouvant partout dans le monde, menées par des citoyens, des élus, des architectes. Mais les architectes ont encore besoin davantage d’investissements publics et d’une vision politique affirmée. Il s’agit de renforcer la décentralisation des territoires pour permettre un développement mieux équilibré ; passer d’une politique du logement à une politique de l’habitat ; réparer les villes ; changer les pratiques face au changement climatique ; décarboner la construction en développant de nouvelles filières de matériaux.

« La création architecturale apporte des solutions indispensables pour mieux vivre ensemble, réussir la transition écologique et sociale de notre pays. Saisissons-nous de cette opportunité ! L’architecture, par son caractère, se place au cœur des politiques publiques. Il s’agit d’investir sur l’avenir. Il s’agit de faire évoluer le modèle économique actuel qui ne permet plus de garantir une qualité de vie à nos concitoyens. Les architectes sont présents pour agir dans tout le territoire. Ainsi, replaçons l’intérêt public au cœur de la fabrication de la ville. C’est une vision de l’avenir ! », a expliqué Antoine Bokolojoué.

A des nouveaux risques correspondent des nouveaux besoins

Il s’est ensuite interrogé sur la manière d’adapter la ville aux phénomènes extrêmes devenant la nouvelle normalité. Le président de l’AOC a suggéré une concertation entre les élus, les habitants, les acteurs de la construction ainsi que les pouvoirs publics, pour construire la résilience des villes et villages, bref des territoires. « En concevant des bâtiments qui répondent aux nouvelles contraintes climatiques, en renaturant les sols, en rénovant dans le respect du patrimoine, l’architecture apporte des solutions pour une approche transversale de l’aménagement. Comment repenser un aménagement des territoires qui prenne en compte leurs interdépendances ? », s’est-il interrogé.

Pour y parvenir, il faut favoriser un développement équilibré qui s’inscrive dans une approche de l’aménagement partagée entre l’Etat, les départements, les villes et les villages. Une nouvelle approche devant miser sur leurs complémentarités ; associer les décideurs publics et les habitants dans une vision à long terme ; traiter de manière transversale les problématiques de l’habitat, de l’aménagement, de la construction, des mobilités et du développement durable.

 

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Antoine Beli Bokolojoué/DR

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