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Khartoum

Mercredi 27 Octobre 2021 - 18:30

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Il va falloir attendre encore un long moment avant de voir le processus transitionnel en cours au Soudan se stabiliser. Mécontents de l’action du gouvernement installé dans le pays après la destitution du président Omar Hassan el-Béchir en avril 2019, les militaires, à la manœuvre comme cette fois-là, ont décidé de renvoyer le Premier ministre en poste. Abdallah Hamdok et son équipe symbolisaient jusque-là l’entente entre l’armée et les civils mais les voilà sommés de se mettre à l’écart, en particulier tous les représentants de la société civile.

Le 25 octobre, si on considère le renversement d’Omar el-Béchir deux ans plus tôt, on se trouve dans le cas de figure d’un deuxième putsch mené par les mêmes hommes qui avaient évincé l’ex-chef de l’Etat confronté à l’époque à de fortes manifestations de rues. Cette situation est révélatrice des tensions qui minent la société soudanaise, en même temps qu’elle donne à s’interroger sur l’influence que les parties belligérantes peuvent subir de la part des partenaires extérieurs de ce pays. Les commentaires qui entourent ce conflit ouvert divergent selon que l’on se trouve à Bruxelles, à Washington ou à Moscou.

Ce qui est certain, c’est que quelques semaines avant ce rebondissement, la polémique opposait des Soudanais favorables à un gouvernement débarrassé de militaires à ceux qui appelaient de tous leurs vœux la prise en main par l’armée de l’appareil exécutif. Les derniers ayant pris de l’avance sur les événements, la question est désormais de savoir quelles concessions Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan, devenu chef de l’Etat de fait après avoir dirigé pendant deux ans le Conseil de souveraineté de la République du Soudan, fera-t-il à ses interlocuteurs intérieurs.

Même s’il est présenté comme moins lié politiquement au régime d’Omar el-Béchir, ce général de 61 ans doit à présent affronter la colère des Soudanais qui refusent le fait accompli, la situation économique difficile de son pays, le cas de l’ex-président réclamé par la Cour pénale internationale et les relations avec la communauté internationale. Cette dernière veut des assurances sur la préservation de l’intégrité physique des dirigeants arrêtés, dont le Premier ministre, mais aussi que l’armée ne s’éternise pas au pouvoir.

A Khartoum comme à Bamako, Conakry et dans une certaine mesure N’Djamena, les reculs observés méritent d’être analysés avec prudence et profondeur, d’autant plus qu’ils mettent à mal un état d’esprit successoral par le vote qui a marché presque partout sur le continent jusqu’à présent en dépit de quelques dysfonctionnements.

 

Les Dépêches de Brazzaville

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