Le Festival Feux de Brazza lance les préparatifs de son volet scientifique

Samedi 19 Avril 2014 - 2:18

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La cinquième édition de Feux de Brazza, du 2 au 8 août, réunira également à Brazzaville une cinquantaine des experts du Cerdotola (Centre international de recherche et de documentation sur les traditions orales et pour le développement des langues africaines).  Le secrétaire exécutif du Cerdotola, le professeur Charles Binam Bikoi, a présenté une conférence sur le thème « Musique traditionnelle et développement durable » à la bibliothèque de l’université Marien-Ngouabi le 15 avril en présence du directeur général des Arts et Lettres, Jean-Luc Aka-Évy, d’éminents chercheurs et d'étudiants de l’université Marien-Ngouabi

Ayant sacrifié à la station debout, une heure durant, le professeur Charles Binam Bikoi, dans un ton empreint d’élégance intellectuelle, a rappelé à l’assistance que « la vie est musique, à chaque stade de développement de l’être humain, la musique est omniprésente sous toutes ses formes », a dit ce brillant orateur de nationalité camerounaise. Il a inscrit son propos de conférence qu’il a appelé « entretien à bâtons rompus » sur la connotation de la musique traditionnelle. « Certes, c’est une musique qui tient et vient du passé, mais pas figé dans le passé », a expliqué le secrétaire exécutif du Cerdotola pour mettre en exergue nos préoccupations actuelles, somme toute modernes, en lien avec cette musique dite traditionnelle. « La musique traditionnelle est notre source et ressource, parce qu’elle est empreinte de notre profond être, de notre humanité. C’est une documentation pour soi, parlant de l’Africain. » Le professeur Charles Binam Bikoi a par ailleurs indiqué que le centre du monde se déplaçait de l’Occident vers un ailleurs encore inconnu. « Peut-être que l’Afrique prendra cette auréole ? », s’est-il interrogé. 

C’est ainsi que tout homme est convoqué au tribunal de l’intelligence pour instruire un double procès sur le musique traditionnelle : l’oralité et la réhabilitation. Toutefois, cette réhabilitation de la musique traditionnelle face à l’histoire ne passe pas forcément par des canaux élitistes, mais à travers l’oralité. La tradition signifie la transmission. De bouche à oreille. Or l’accès à la modernité a bousculé nos repères, a opéré une rupture. « L’homme dépersonnalisé n’a d’autre choix que celui de l’assimilation », a indiqué le professeur qui a cité le poète noir Senghor : « Au banquet de l’universel, le Noir joue la section rythmique tandis que le Blanc tiendra la baguette du chef d’orchestre », disait le poète sénégalais, et le secrétaire exécutif du Cerdotola de s’interroger : « Le monde a-t-il changé ? »

Le président du Conseil africain de la musique, le professeur Mbuyamba Lupwishi, a, à son tour, présenté un exposé complémentaire, mais pratique sur la création ou la production et la rentabilité des musiques traditionnelles : « Il faut préserver notre culture par la musique », a martelé celui qui fut l’un des premiers présidents du Conseil international de la musique, une ONG qui travaille en partenariat avec l’Unesco. Le Conseil africain de la musique vient de signer un accord de siège à Brazzaville avec le gouvernement du Congo-Brazzaville. Le thème du colloque organisé par le Cerdotola, dans le cadre du festival Feux de Brazza en août est le suivant : « L’instrument de la musique africaine et son rôle dans la musique mondiale ».

Roll Mbemba

Légendes et crédits photo : 

Photo : Les professeurs, André-Patient Bokiba (modérateur), Charles Binam (Cerdotola), Mbuyamaba Lupwishi (Conseil international de la musique), et le directeur général de Feux de Brazza, Hugues Ondaye. (© Adiac)