Le pape François à Sarajevo : ville lacérée par les divisions ethniques

Samedi 6 Juin 2015 - 18:38

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Le chef de l’Église catholique était samedi à Sarajevo, en Bosnie Herzégovine, un pays qui tente de surmonter les blessures de la guerre de 1992.

Il y a quelques similitudes entre la ville de Sarajevo et certaines situations vécues par des villes africaines. Dans les années 1990, les craquements en Europe de l’Est annoncent l’écroulement de l’ancien bloc communiste (ou soviétique). La Yougoslavie se fissure : ancienne République fédérative, elle se déchire dans une guerre opposant Serbes, Croates et Bosniaques. Et aussi les religions. Aux côtés des musulmans, la Bosnie-Herzégovine est habitée par des chrétiens, dont une majorité est orthodoxe. Aujourd’hui encore les séquelles de la guerre sont visibles ; la présidence est collective et assumée par les représentants des trois communautés. Et cela semble fonctionner !

C’est à cette mosaïque de peuples et de croyances que le pape François, chef de l’Église catholique assez préoccupé de dialogue et de collaboration entre les religions, a dédié samedi son 8è voyage apostolique (son 3è en Europe). « Je suis venu comme pèlerin de paix et de dialogue. Je suis heureux de voir les progrès accomplis, pour lesquels il faut remercier le Seigneur et de nombreuses personnes de bonne volonté. Mais il est important de ne pas se contenter de ce qui a été réalisé jusqu’à présent, mais de chercher à faire d’autres pas afin de renforcer la confiance et de créer des occasions en vue d’accroître la connaissance et l’estime mutuelles ».

Ce discours a semblé plaire à toutes les communautés ; le pape se tenant à équidistance entre elles, et ne donnant pas le sentiment de s’être plus particulièrement déplacé pour les seuls chrétiens ni même pour les seuls catholiques. Il a mis en garde contre la tentation de replonger dans les dissensions violentes dont la Bosnie-Herzégovine est devenue le symbole, à la fois pour sa violente guerre, la première du continent européen après la Deuxième guerre mondiale, mais aussi pour les efforts de reconstruction. Commentant les Evangiles du jour, le Souverain pontife a soutenu : « en notre temps aussi, l’aspiration à la paix et l’engagement pour la construire s’affrontent par le fait qu’il y a dans le monde de nombreux conflits armés. C’est une sorte de troisième guerre mondiale livrée par morceaux ;… un climat de guerre ».

Un peu tard, dans le courant de l’après-midi, le pape a aussi rencontré les prêtres catholiques mais aussi les différents responsables religieux (orthodoxes, protestants, juifs et musulmans). Dans un exercice qu’il affectionne particulièrement, il a réaffirmé la validité du dialogue entre les religions, « pas seulement une discussion sur les grands thèmes de la foi, mais une conversion sur la vie humaine ». Au moment où la violence religieuse s’acharne notamment contre les chrétiens dans le monde, il a rappelé que « le dialogue interreligieux ne peut pas se limiter aux seuls responsables des communautés religieuses, il devrait s’étendre autant que possible à tous les croyants, impliquant les diverses sphères de la société civile ».

Lucien Mpama

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