Les coulisses : le marché Total, un poumon de Brazzaville

Nous avons appris récemment à travers un reportage réalisé par une chaîne de télévision congolaise que ce marché s'appelait en réalité Bernard Kolelas. Le lectorat à Saint-François nous a donné l'occasion de voir ce marché sous un nouveau jour, avec la force de la fidélité du temps qui fait remarquer les petites choses.

Le temps d’une balade, nous avons eu l'opportunité d'observer l'organisation de ces Hommes braves... les commerçants mais aussi les chauffeurs de Coaster, parfois eux-mêmes propriétaires, conduisent leurs grosses machines accompagnés d'un neveu ou d'un proche qui fait partie du business...

Ces patriarches, hommes forts et fiers, avec leurs grands bus, forment les plus jeunes hommes non plus seulement à de la débrouillardise mais à un vrai business.

Dans ces grands bus se jouent sous nos yeux parfois une réelle transmission d'esprit, de valeurs, et d'espoirs.

Au fil du temps, une organisation est née autour d'eux : une association de chauffeurs de bus, puis une organisation satellite des contrôleurs de bus qui s'est répandue assez rapidement dans toute la ville. Ce sont ces hommes en T-shirt vert, jaune ou rouge que vous pouvez voir aujourd'hui à chaque arrêt de bus. Être transporté par ces patriarches ou par leurs poulains revêt un caractère sacré, car ce sont des histoires de familles qui se jouent dans ces grands bus.

Dans l'embouteillage qui introduit au marché, les grands bus se côtoient dans un bruit souverain.  La langue Kongo occupe une place de cœur dans les échanges. A Total, les chauffeurs se transmettent leur autorité, leur sacralité, leurs frustrations et leur expansion d'âme... à travers cette belle langue. On entend dire : "tant qu'un chef Kongo (vieux ou jeune) ne t'a pas encore parlé dans sa langue, tu es encore un étranger. Il ne te considère pas encore comme sien, comme digne de confiance, comme intime, comme sacré. Tu es encore un bleu. A travers des transitions dans une conversation, il te parlera en français, si la conversation l'intéresse, il introduit quelques mots Kongo et tout se joue là... si tu ne réponds pas à son élan, la rencontre de cœurs s'arrête net. Mais si tu supportes son élan, tu es initié".

Riche de sens quand on connaît l'histoire du feu patriarche Bernard Kolelas, le marché Total détient un potentiel énorme qui se ressent dans sa pluralité, sa culture, sa désinvolture, sa créativité et le sens des affaires de ses occupants.