Les immortelles chansons d’Afrique : « Marie Louise » de Wendo Kolosoy

Jeudi 7 Avril 2022 - 19:15

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Œuvre musicale de Wendo Kolosoy, « Marie Louise » a propulsé son auteur au firmament du gotha musical congolais. Enregistrée au studio Ngoma, elle voit le jour en 1948 en format 78 tours, sous la référence Ngoma no 23.

Le disque 78 tours dispose de deux titres, « Marie Louise » sur la face A et « Botiaki tembe » sur la face B. C’est le premier qui dominera la fin de la décennie quarante et le début de la décennie cinquante. Selon des sources proches de Wendo, « Marie Louise » fut sa dulcinée et la sœur du guitariste Henri Bowane. Dans ce titre, l’auteur manifeste son ardent désir d’épouser sa bien aimée en dépit de l’opposition rencontrée de la part de son beau-père qui indirectement l’insulte et le calomnie. « Solo mpenza ngai na kobala Louise. Bokilo aboya, ngai na yo se libala, ngai na yo tolingani ». Ce qui peut être traduit par : « C’est vraiment sûr que je vais t’épouser Louise. Le beau-père peut refuser, toi et moi la finalité c’est le mariage, toi et moi nous nous aimons ».  

Selon le musicologue Mampouya Mam’sy dans son livre « Cours de musique congolaise », la forme mélodique utilisée dans cette magnifique chanson est l’homophonie. C’est le chant d’une personne avec accompagnement d’un instrument ou d’un orchestre. Dans ce cas de figure, Wendo est accompagné par le génial guitariste Henri Bowane dont le doigté est admirable. Il transpose sur sa guitare les rythmes traditionnels de la tribu Mongo dont il est issu. Ici, le dialogue entre la guitare de Bowane et le chant de Wendo est un véritable régal auditif.  

Il faut dire qu’à l’écoute de cette cantilène, on a comme l’impression d’avoir deux guitaristes, alors que c’est une seule guitare assurée par Bowane. Si plusieurs voix s’étaient levées pour louer l’œuvre de Wendo Kolosoy, une grande place mérite néanmoins d’être réservée à Bowane qui a jeté les bases d’une ligne mélodique dont les générations d’accompagnateurs et solistes se sont servies et se servent encore dans la rumba congolaise. Il a été le mentor de Luambo Makiadi, a favorisé l’éclosion de plusieurs orchestres, le Negro Jazz, Ok Jazz, etc. Notons que c’est dans « Marie Louise » qu’apparaît le vocable " Sébène" pour désigner les jeux de guitare de Bowane. Un terme qu’on a attribué, à tort, à Zaiko.

Né le 25 avril 1925 à Mushie, dans la province de Bandundu, Kolosoï Antoine Wendo s’est imposé comme un chanteur de talent, à la fin des années 1940. En 1943, avec le succès de Paul Kamba et son Victoria Brazza, il s’inspirera de ce nom pour créer  Victoria Kin. En 1955, avec Léon Bukassa et Manuel d’Oliveira, il crée l’orchestre Trio Bow.  En 1965, il quittera son pays et marquera une pause dans sa carrière pour ne revenir qu’en 1997. En 2002, il signe « Amba », sous le label « Marabi ». Wendo décède le 28 juillet 2008. 

 

Fréderic Mafina

Légendes et crédits photo : 

La pochette de l'album

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