Les immortelles chansons d’Afrique : « Ziboté » d’Ernesto Djédjé

Jeudi 15 Septembre 2022 - 19:09

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Ernesto Djédjé a modernisé le ziglibithy, une danse traditionnelle de son village. Il  s’est envolé sur les ailes du succès grâce à son titre « Ziboté » paru au label « Badmos ».

Enregistré par l’ingénieur de son Emmanuel Odenus, assisté par Aliyu Ali Maiko, à Lagos, au Nigeria, le disque 33 tours référencé BLP 5020 a causé une déflagration dans l’univers musical africain à travers son titre explosif « Ziboté ». Sur la pochette de l’album, l’artiste est vêtu d’un pantalon patte d’éléphant de couleur bleue, assorti d’un gilet couvrant une chemise blanche à col avancé. Une touffe de cheveux couronne sa tête, un look  qui rappelle celui de James Brown. Ce dernier a influencé Ernesto Djédjé même par ses pas de danse. 

« Ziboté » incite à la vigilance : « Frères et sœurs, dansons ensemble ! Chantons ensemble ! Mais soyons vigilants, car le mal nous guette. Il vient la plupart du temps de ceux qu’on croit être nos amis. Les faux amis sont plus pires que nos ennemis ». Ce conseil que l’artiste nous prodigue à travers sa chanson doit nous servir de repère. Aujourd’hui encore, il n’est pas rare de constater que beaucoup par naïveté ont quitté précocement ce monde. Cela renforce l’assertion de Paulo Coelho, selon laquelle « L’ennemi n’est pas celui qui te fait face, l’épée à la main. C’est celui qui est à côté de toi, le poignard dans le dos ».

La chanson s’ouvre par les intonations d’une section de cuivre qui sont reprises par la guitare rythmique intervenant en contre temps pour finalement être rattrapée sur temps par les percussions et les maracas. Ce qui donne une combinaison de contre temps sur temps. Il faut cependant noter que ce n’est pas donné à tout artiste de chanter en contre temps sur temps. Cela est une preuve qu’Ernesto fut un excellent chanteur.

Né en 1947 à Daloa, en Côte d’Ivoire, Ernesto Djédjé, de son vrai nom Ernest Djédjé Blé Loué, a véritablement démarré sa carrière musicale  en 1963 lorsqu’il crée avec Mamadou Kanté l’orchestre « Les antilopes ». Les deux seront découverts par l’artiste Amédée Pierre et intègreront son orchestre « Ivoiro-Stars » en 1965. Puis, il s’envole pour la France où il explorera les rythmes afro-cubains avant de sortir son premier succès « Anowah » en 1970, un titre produit et arrangé par Manu Dibango, avec l’appui de son orchestre, qui lui apprend des notions de jazz, de rythme and blues et de makossa. De retour en Côte d’Ivoire, il devient le numéro un des musiques urbaines de son pays. De 1977 à 1982, il enregistre six albums : "Ziboté", " Le roi Ziglibithien", "Aguisse",  "Golozo", "Zouzoupale" et "Tizel". Il a également sorti sept singles de 1970 à 1982 : "Anowah", "Lourougnon", "N’wawuile", "Gniah Pagnou", "Mahoro", "Zokou Gbeuly", "Aguisse" et "Souvenir". Il est mort le 9 juin 1983 et une statue a été érigée en sa mémoire à Abidjan.     

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

Ernesto

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