Les souvenirs de la musique congolaise : le parcours d’Edo Ganga, icône et génie de la rumba (1)

Vendredi 16 Mai 2025 - 20:14

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De son vrai nom, Edouard Nganga, Edo Ganga naquit le 27 octobre 1933 à Léopoldville (Kinshasa). Congolais de Brazzaville, il fréquente à l’école primaire de Poto-Poto de 1942 à 1948. Son grand père, Edouard Nganga (célèbre instituteur immortalisé à travers un collège puis un lycée de Brazzaville  qui portent son nom), souhaitait son orientation vers une carrière technique. Il s’inscrivit donc à l’école professionnelle de l’Afrique équatoriale française (AEF), actuel lycée technique du 1er mai.

 

Après avoir obtenu le Certificat d’aptitude professionnelle en menuiserie industrielle en 1953, Ganga Edo se fait embaucher dans la section bois des industries d’une société basée à Mpila. Mais attiré par la musique, il abandonne son métier de menuisier et fonde en 1954, sous impulsion de Joseph Kaba, l’orchestre Négro Jazz qui constitue une véritable pépinière de la musique congolaise. On peut le considérer comme l’ancêtre des Bantous de la capitale vu le nombre de ses transfuges qui furent à l’origine de ce nouvel orchestre brazzavillois, le 15 août 1959, en l’occurrence Nino Malapet, Edo Ganga, Jean Serges Essous, Célestin Kouka, Saturnin Pandi. A noter que la sortie officielle du Négro Jazz eut lieu au célèbre bar dancing chez Faignond qui fut à titre de rappel un haut lieu du plaisir, de la danse et des retrouvailles des mondanités brazzavilloises de l’époque.

En 1955, le séjour du Négro Jazz à Léopoldville fut marqué par l’enregistrement, avec le groupe Atomic Jazz, de deux disques, à savoir Wapi Gigi et Bana atomic de Nino Malapet, Vivi d’Edo Ganga, Virgia mabé de Joseph Kaba. Peu après, le Négro Jazz se disloqua à Léopoldville suite aux contrats signés par certains de ses musiciens aux éditions Loninguisa. En 1956, après le départ de l’Ok Jazz de Jean Serges Essous, Rossignol, Saturnin Pandi et autres de la maison Esengo, pour combler le vide Edo Ganga amène dans son sillage Célestin Kouka, son compère du Négro Jazz dans l’Ok Jazz. Le titre Aimé wa bolingo d’Edo Ganga fut une œuvre qui connut un immense succès dans la galaxie musicale du Pool Malébo.

Au début de l’année 1959, Edo Ganga, fort de son succès, quitta l’Ok Jazz et rentra à Brazzaville avec ses amis évoluant à Léopoldville dont Célestin Kouka, Jean Serges Essous, Saturnin Pandi, Loubélo de la lune et  créent l’orchestre Bantous chez Faignond, le 15 août 1959. Mais trois années après, le 11 août 1962, Edo Ganga en compagnie de Loubélo de la lune repartent pourLéopoldville prêter mains fortes à Franco où l’Ok Jazz fut en proie à une fronde généralisée de ses musiciens. Le retour d’Edo Ganga dans l’Ok Jazz fut marqué par la signature d’autres titres à succès comme Sima nayo basilisi ngaï loposo, Semba mbua semba dibu et bien d’autres.

La mesure d’expulsion forcée des étrangers de Kinshasa, notamment les Congolais originaires de Brazzaville, décidée par le Premier ministre Moïse Tshombe suite à la dégradation des relations diplomatiques résultant d’un climat délétère régnant entre les deux Congo au lendemain de la fin du régime du président Fulbert Youlou, le 13, 14, 15 août 1963, n'épargna pas Edo Ganga, Loubelo de la lune et d’autres compatriotes vivant à Léopoldville.

De retour au bercail, Edo Ganga et Loubelo de la lune fondent l’orchestre Tembo. Bien qu’ayant pris part aux premières répétitions de l’orchestre, Edo Ganga quitta le groupe un peu plus tard à cause d’un conflit de leadership qui opposa les deux figures de proue de l’orchestre. Par la suite, il rejoignit l’orchestre Bantous de la capitale au mois d’août 1964.

A suivre…

Auguste Ken Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Edouard Nganga / DR

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