Libye : la déclaration « Persona non grata » de l’Est secoue le terrain diplomatique européenJeudi 10 Juillet 2025 - 10:57 Le gouvernement de l'Est de la Libye, dirigé par le Premier ministre Osama Hammad, a pris une décision sans précédent en déclarant une délégation ministérielle européenne « persona non grata ». Cette annonce souligne une escalade des tensions diplomatiques entre la Libye et l'Union européenne (UE), alors que les gouvernements européens tentent de naviguer dans un paysage politique libyen complexe et fragmenté. La délégation, comprenant les ministres de l'Intérieur d'Italie, de Grèce et de Malte, ainsi que le commissaire européen chargé des migrations, a vu sa visite annulée à l'aéroport international de Benina, à Benghazi. Dans un communiqué officiel, le gouvernement a évoqué « des violations flagrantes des normes diplomatiques et des conventions internationales », sans toutefois en préciser la nature. Ce flou ajouté à l’exigence immédiate de départ de la délégation accentue les tensions autour du respect des lois et protocoles diplomatiques dans le pays. Tensions entre souveraineté et nécessité d'un dialogue « Nous appelons tous les diplomates à respecter la souveraineté libyenne en se conformant aux lois du pays et aux protocoles internationaux », a déclaré un porte-parole du gouvernement. Cette position illustre une volonté affirmée de défense de la souveraineté libyenne, en réponse à ce qui est perçu comme un manque de respect de la part des puissances européennes. Ce développement pourrait être interprété comme un refus des interventions extérieures qui ont souvent déstabilisé la Libye depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011. Une Libye divisée : un terrain propice à la rivalité géopolitique La Libye reste un pays divisé entre deux gouvernements rivaux : celui de Tripoli, dirigé par Abdul Hamid Dbeibeh, et celui de Benghazi, sous Hammad. Cette dualité politique, renforcée par des rivalités et des alliances tribales, rend la situation géopolitique du pays particulièrement volatile. « La Libye doit encore rassembler les morceaux de sa souveraineté », commente un analyste géopolitique. L’UE, bien que désireuse d'intervenir sur des enjeux comme la migration et la sécurité régionale, doit naviguer prudemment dans ce contexte, afin d’éviter de nouvelles tensions qui pourraient renforcer les nationalismes locaux et compliquer davantage les efforts de médiation de l'ONU pour des élections nationales unificatrices. Implications économiques et sécuritaires D’un point de vue économique, la Libye possède d'importantes ressources pétrolières, et toute instabilité interne pourrait influencer considérablement le marché mondial. La récente déclaration pourrait retarder des négociations cruciales concernant les exportations de pétrole et la relance de l'économie après des années de conflit. Sur le plan sécuritaire, cette action de rejet pourrait inciter d'autres pays à adopter une posture similaire, ce qui isolerait davantage la Libye et compliquerait les efforts pour lutter contre le terrorisme et les réseaux de trafic qui prolifèrent dans le vide laissé par un État défaillant. Vers un avenir incertain En conclusion, le statu quo libyen reste fragile, et la réaction du gouvernement de l'Est à une délégation européenne pourrait représenter un tournant dans les relations bilatérales avec l'UE. La nécessité d’une diplomatie responsable est plus que jamais d’actualité. Selon l’analyste politique Samir Zaid, « La Libye ne peut pas se permettre d'autres malentendus diplomatiques ; cela n'affaiblirait que davantage son processus de stabilisation ». Il est impératif pour l'UE de réévaluer ses stratégies diplomatiques et de trouver des voies de dialogue efficace, en respectant la souveraineté libyenne tout en soutenant les efforts d'unification du pays. La réponse de Benghazi pourrait bien être un appel à l’Europe pour qu’elle prenne conscience des réalités politiques et culturelles d’un pays qui aspire à la stabilité et à la prospérité, loin des influences extérieures intrusives.
Noël Ndong Notification:Non |