Libye : le nouvel exécutif intérimaire parviendra-t-il à relever les défis ?

Mardi 30 Mars 2021 - 11:00

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La nouvelle équipe gouvernementale aura comme défis, entre autres, préparer les élections nationales prévues en décembre et mettre fin à une décennie de violences et d’instabilité politique. En attendant, des observateurs pensent qu’une rude tâche les attend même si l’actuel Premier ministre, Abdel Hamid Dbeibah, promet de reconstruire le pays et de travailler avec tous les Libyens.

La récente installation d’un gouvernement unifié chargé de gérer la transition jusqu’à des élections prévues le 24 décembre, sur fond d’embellie politique, constitue une avancée après la nomination d’un Premier ministre à Genève. Mais, les Libyens s’attendent à ce que les nouvelles autorités s'emploient à affirmer leur légitimité sur le terrain. Dans l’élan amorcé, l’actuel chef du gouvernement, Abdel Hamid Dbeibah et Mohammed Younes el-Menfi, président du Conseil présidentiel, épaulés par deux vice-présidents, comptent réunifier les institutions d’un Etat miné par les divisions, avec deux autorités rivales basées dans l’Ouest et dans l’Est.

Les défis restent colossaux après 42 ans de règne de Mouammar Kadhafi et une décennie de violences ayant suivi l’intervention militaire internationale lancée en mars 2011 sous l’ombrelle de l’Otan et conclue en octobre de la même année par la mort du Guide libyen. La tâche semble difficile puisque le nouveau Premier ministre est loin de faire l’unanimité, notamment parce qu’il a occupé des fonctions importantes sous le régime de Mouammar Kadhafi.

De plus, certains Libyens doutent de l’impartialité du nouveau pouvoir parce que son chef est réputé proche de la Turquie et de la confrérie islamiste des Frères musulmans. Malgré cela, Abdel Hamid Dbeibah a présenté un programme ambitieux censé sortir le pays de dix ans de chaos et l’acheminer vers des élections législatives et présidentielle.

« Nous utiliserons l’éducation et la formation comme chemin vers la stabilité. Nous travaillerons pour que les organes de sécurité soient professionnels et que les armes soient sous le monopole de l’Etat. Il sera interdit de porter des armes en dehors des institutions de l’Etat », assure le Premier ministre.

Le gouvernement promet le retour des investisseurs

Abdel Hamid Dbeibah envisage, par ailleurs, de créer un ministère pour la Réconciliation nationale, réduire l’écart des salaires des fonctionnaires, subdiviser le territoire en zones sécuritaires et résoudre « en six mois au plus » le problème des longues coupures d’électricité qu’endurent ses compatriotes depuis plusieurs années. Il promet aussi de faire revenir les investisseurs étrangers qui ont déserté le pays après 2011 et créer des emplois qui ne sont pas « nécessairement dans l’armée ou la police ».

Alors que certains chercheurs pensaient que les nouveaux dirigeants « auront beaucoup de mal à exercer une quelconque influence dans l’Est et même dans l’Ouest », une avancée a été réalisée dans le cadre de la réconciliation nationale. En témoigne le fait que le gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj, installé en 2016 dans l’Ouest de la Libye, a remis officiellement le pouvoir aux nouvelles autorités. Les dirigeants de l’Est, non reconnus par la communauté internationale, ont à leur tour fait un geste similaire au nouvel exécutif unifié.

Informés des efforts consentis par les nouvelles autorités, Jean-Yves Le Drian, Heiko Maas et Luigi di Maio, les chefs de la diplomatie française, allemande et italienne, ont jugé opportun d’effectuer en mars une visite commune à Tripoli, un geste visiblement destiné à apporter le soutien des trois capitales européennes aux récents progrès politiques dans ce pays en proie au chaos.

A cette occasion, le nouveau gouvernement unifié libyen et la France ont appelé au retrait « immédiat » des mercenaires de Libye. Un appel dont on espère qu’il sera respecté. L’ONU estime à environ 20.000 le nombre de militaires étrangers et des mercenaires actifs en Libye, qui ne semblent pas prêts à partir. Les infrastructures y sont à plat, les services défaillants et les habitants appauvris dans un pays qui dispose pourtant des réserves de pétrole abondantes. Le successeur de Fayez al-Sarraj hérite donc d’une situation beaucoup plus complexe.

Nestor N'Gampoula

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