L'incroyable destin de José Da Silva et Césaria Evora

Samedi 18 Avril 2015 - 10:24

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Né au Cap-Vert, José Da Silva passe une partie de son enfance à Dakar avec ses parents avant d’arriver dans la banlieue parisienne. Il redécouvre son pays natal plus tard à l'âge de 20 ans. Ce simple employé des chemins de fer en France est d’un tempérament extrêmement modeste et serviable. Et comme tous les Capverdiens, José aussi a joué de la musique et fondé avec ses potes dans le groupe « Sun of Cape ».

En 1986, en vacances à Lisbonne, alors qu’il se trouve assis dans un restaurant, il entend pour la première fois cette dame, aux pieds nus, chanter. La rencontre avec Césaria Evora ne va pas tarder avec beaucoup d’émotion. Encore inconnue, Césaria lui raconte qu’elle est pauvre sans personne pour s’occuper de sa musique. Dès lors, José se transforme en un manager. Césaria arrive à Paris, loge chez lui. Avec l’aide de ses amis musiciens, José organise des soirées musicales. Lors de sa première soirée, un monde fou s’y donne rendez-vous à leur grande surprise.  Césaria était déjà connue des Capverdiens.

C’est naturellement que José quitte son boulot à la gare pour devenir le plus important producteur de la musique capverdienne. Désormais, Césaria tourne dans la communauté capverdienne en Hollande, Belgique, Suisse, etc. Très vite, ils décident de réaliser le premier disque grâce aux recettes des soirées. Humble, Césaria accepte tout, des petits bars à dix personnes aux salles pour cent personnes. En 1989, 3000 disques vyniles sont vendus dans la communauté. Le label Lusafrica est né. José décide alors de se lancer seul dans la production. En 1990, il tente une approche vers les médias, à Radio France, il se fait jeter, «les gens regardaient la photo de Césaria et disaient jamais dans la vie ça pourrait marcher avec une tête pareille. Mais la musique semblait déjà plaire, ils ne l’avouaient pas cependant» raconte José. Et « finalement le festival d’Angoulême décide de la programmer. Les journalistes la découvrent, on sort le premier album acoustique pour le public français et pour la communauté, on a enregistré avec le synthétiseur ».

Le label Mélodie, distributeur de la musique africaine à l’époque, sort l’album. Un énorme succès dans la presse française. Le Monde et Libération en parlent. José décide de démissionner de la SNCF. En 1992, l’album « Miss Parfumado » sort avec le titre Sodad, un succès mondial, en licence chez BMG après une année de bataille. Aucune maison ne voulait accepter une licence, tous voulaient acheter Césaria, mais José n'a pas cédé.

Entre temps, LUSAFRICA est devenu une référence pour la musique capverdienne avec un catalogue de 30 artistes. Cependant, Kriol Jazz est né en 2009. José  voulait en faire « un festival mignon, privé, avec de la belle musique, car j'ai remarqué que les musiciens ici sont bloqués dans la tradition et manquent de l'inspiration », confie-t-il.

AME est né plus tard comme un marché complémentaire qui apporte énormément de visibilité au pays et fait bouger économiquement car les gens viennent de toutes les îles de l'archipel et de l'étranger.

Le prochain projet de José est de decentraliser le festival vers les autres Îles.

 

 

Sasha Gankin

Légendes et crédits photo : 

-José Da Silva est le plus grand manager de musique du Cap Vert -Césaria Evora