Lire ou relire : « Le rire carnavalesque dans les romans de Sony Labou Tansi »

Vendredi 25 Juin 2021 - 14:07

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L’essai de Daniel Matokot revisite le style romanesque de Sony Labou Tansi, ce géant de la littéraire francophone qui continue de susciter beaucoup d’affidés, vingt-cinq ans après sa mort. 

Les écrits de Sony Labou Tansi s’inscrivent, selon l’essayiste, dans l’ordre de la littérature anticonformiste ou « carnavalisée », expression propre au critique littéraire russe Mikhaïl Bakhtine. C’est une forme d’écriture qui excelle par son atypisme. Chez Sony, la valeur ajoutée est celle du comique.

Daniel Matokot constate que les romans de Sony se démarquent des sentiers battus. Leur style est inédit et inclassable. L’usage des grossièretés et des jurons, l’exagération, le dédoublement des personnages, la création des néologismes, la structure dialogique et polyphonique sont autant de caractéristiques de la littérature « carnavalisée » que l’on retrouve chez Sony.

Sony Labou Tansi fut un écrivain engagé, voire « enragé », qui a su allier la comédie dramatique et le style fantasmagorique des contes dans l’écriture de ses romans. Il dénonçait les travers sociaux à travers la plume. Les tableaux moroses de ses récits étaient peints à dessein avec une forte dose d’humour, afin que le lecteur contemporain en s’identifiant aux personnages et aux réalités décriées puisse rire de sa situation au lieu d’en pleurer car la vision de Sony, l’écrivain, doit apporter la joie même en interpellant.

Le style « laboutan » est un exécutoire, un mémorial et une initiation à la vie à travers des anecdotes et légendes autour du feu de la critique et de l’art du comique comme au « mbogui ». L’insolite, la mocherie et la « tropicalité » sont les maîtres mots qui définissent l’écriture romanesque de Sony. Daniel Matokot relève que « l’analyse du style, l’approche de l’écriture et l’étude des niveaux de langue et des modalités narratives montrent que les romans La vie et demie, L’Etat honteux, L’Anté-peuple, Les sept solitudes de Lorsa Lopez sont difficiles à répertorier dans un genre littéraire précis » (page 105).  

A propos de l’essayiste, Daniel Matokot est professeur certifié de lettres, cofondateur du groupe Walla-Players avec Nzongo’Soul, et responsable du programme « développement culturel » au Centre d’études stratégiques du Bassin du Congo.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Photo: Couverture de l'ouvrage

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