Lire ou relire: « Ma vie dans la sape » de Severin Mouyengo

Vendredi 13 Août 2021 - 13:35

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Avec pédagogie, vitalité, humour, Severin, témoin avant de devenir l’un des plus grands protagonistes, retrace dans son livre l’histoire de la sape, mouvement vestimentaire.

Dans son livre paru en 2020 aux éditions Petite Egypte à Paris, l’écrivain congolais relate quarante-huit ans de vie dans la sape (la société des ambianceurs et des personnes élégantes), un mouvement né entre le Congo Brazzaville et Paris, à la fin des années 1960. Longtemps et encore aujourd’hui regardé comme relevant d’un « folklore africain », le monde des sapeurs éclaire pourtant remarquablement l’histoire collective des villes africaines.

Par ce livre, l’auteur congolais emmène les lecteurs au sein de la jeunesse congolaise, dans les coulisses, loin des uniformes militaires qui régnaient et dévoile aussi une manière singulière d’inversion du stigmate du colonisé. Il fait découvrir au public le rapport que les jeunes hommes entretiennent avec la mode. Il ne s’agit pas pour lui de la copier ni de la contrefaire, mais de l’approprier individuellement, invitant avec ces ‘’fringues’’ des grands couturiers français, italiens, anglais pour un style qui constitue un véritable mode de vie.

Selon l’auteur, cette passion pour les habits n’est pas une simple affaire d’apparence, elle est la possibilité de changer d’identité au sein d’une société, un moyen d’expression corporelle, peu importe la profession, l’origine, c’est le style qui constitue l’identité. Or, plus cette identité est multiple, plus elle est diverse, plus elle est remarquable.

 Il ne s’agit nullement d’une hybridation entre deux cultures, mais bien d’une forme d’invention d’identité sensible et inédite, fruit d’une situation historique et de la relation violente entre l’Afrique centrale et l’Europe. « Dans la plupart des cas, les sapeurs sont des jeunes d’origine populaire, de famille modeste aux perspectives économiques réduites, issus des sociétés traditionnelles. Derrière cette frivolité qu’excédaient les gouvernements socialistes d’Afrique centrale, il y a une contestation de l’ordre établi, laquelle s’accompagne d’une apologie de la non-violence et d’un désir de sublimer le quotidien par la beauté et la joie », explique l’auteur.

Cissé Dimi

Légendes et crédits photo : 

Photo: couverture de l'ouvrage

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