Lire ou relire : « Pièces à conviction » d'Abdoulaye Fodé Ndione

Vendredi 2 Juillet 2021 - 10:54

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Le recueil de poésie publié aux éditions Maguilen (Dakar) est l’expression libre de la perception du poète sur la vie. Une forme de communication poétisée pour servir la société africaine dans ces diverses mutations.

Le poète dédie son recueil à « ceux qui rêvent pour la liberté des autres ». Une liberté à conquérir dans la magie des mots. La sublimité du langage mariée au rythme des sonorités, rappelle l’architecture mathématique et musicale des vers de Sedar Senghor. Il lui rend hommage avec d’autres écrivains sénégalais trépassés, Mamadou Traoré Diop, Joe Ndiaye, Pape Youssouph Bâ.

Abdoulaye Fodé Ndione inverse, de son côté, l’ordre habituel des textes, en plaçant les titres en bas. Les poèmes sont construits au fil des pages de sorte qu’ils peuvent être lus naturellement du premier vers au dernier, et de façon inversée. Les réalités proches de la nature inspirent la verve en même temps que celles de la société, avec son lot de modernisme.

Le choc culturel et les maux qui en émergent sont l'objet d’une peinture à teinture évocatrice et dénonciatrice. Dans un périple multicolore, la langue limpide du poète dévisage les mœurs courantes de Tunis aux portes de l’Europe, les terres crevassées d’Haïti, la voix silencieuse de l’enfance effacée de Somalie, le Congo, le Sénégal, le Brésil, etc. L’Afrique nourrie au chant de la muse est celle des locaux et des émigrés.

L’auteur, polyglotte, enrichit son verbe en puisant son lexie du français, de l’anglais, des langues africaines et d’ailleurs. Son style s’apparente à celui du courant de la Négritude. La nostalgie des réalités endogènes, mêlée aux tragédies modernes du continent africain, poussent le poète à entonner des hymnes qui éveillent l’espoir.

« Les joies se connectent hilarantes/ Les démocraties se corrigent/ Les pays militaires se rendent/ Les rois s’amincissent dans leur nid d’oiseaux/ Les présidents-collants prennent des années sabbatiques/ Les ministres-princes redeviennent citoyens/ L’agent de police retourne la monnaie/ L’agent de douane taxe sa voiture/ Les chants font la grève aux chanteurs improvisés/ Les artistes présentent leurs pinceaux d’identité », clame-t-il (page 47).

Abdoulaye Fodé Ndione a publié auparavant « Faubourienne », « Affluence », et « Les sentiers perdus ».  « Pièces à conviction » a bénéficié de la préface du Pr Omar Sankharé  agrégé en grammaire et en lettres classiques de l’Université Cheikh Anta Diop.

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Couverture de l'ouvrage

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