Littérature : le roman La place mariale débattu aux vendredis des arts et des lettres

Mardi 17 Mars 2015 - 18:00

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Cette œuvre satirique et pleine d’humour, de Jean Cliff Davy Oko-Elenga, éditée à L’Harmattan- Congo, a été présentée à la Préfecture de Brazzaville, à l’occasion de la traditionnelle rencontre des arts et des lettres, qu’organise l’Union nationale des écrivains, artistes et artisans du Congo (Unéac).

Dans cet ouvrage de 176 pages, Jean Cliff Davy Oko-Elenga, moralise les lecteurs en portant comiquement un regard satirique sur la société. Ce livre de onze chapitres parle de Pot-Pourri, personnage principal, mis en exergue par le jeune écrivain congolais.

Tantôt informateur, tantôt écrivain, le personnage principal de La place mariale, est le patron d’un kiosque à journaux. Vu comme un potentiel informateur et écrivain, féru de lecture, Pot-Pourri rapporte les propos des détenus d’une prison, alors invités par un psychologue pour détailler tout ce qui les tracasse. Tout un scénario pour conter les injustices sociales, le chômage, les liens de socialité et l‘écriture comme acte de réflexion. Et la presse qui prône la liberté d’expression, le jeune écrivain congolais en fait un outil de communication indispensable en démocratie, pour moraliser la société. «Le pays va mal», « Le pays ne va pas bien », peut-on lire aux pages 20 et 39, comme pour inciter au bien-être. L’idée est même reprise plusieurs fois dans le livre pour évoquer la thématique du pouvoir africain. Mais jamais, Pot-Pourri n’a pu transformer la société.

Pour le professeur Paul Kibangou, les phrases de Pot-Pourri sont comme des leitmotive. Il pense qu’il a du plaisir à écrire, de même qu’il est libre lorsqu’il écrit. Mari possessif et jaloux, Pot-Pourri est aussi écrivain, lorsqu’il veut parler de sa femme, la miss Ebène.

Outre le professeur Paul Kibangou, bien d’autres critiques analysent aussi le style de Jean Cliff Davy Oko-Elenga qui, du reste, retient leur attention. En effet, l’auteur de La place mariale, qui entre dans le cercle littéraire congolais, suscite la curiosité. Il pratique la déconstruction du langage par des transformations structurelles. C’est d’ailleurs ce qui pousse le professeur Paul Kibangou à dire : « J’avais tourné ma langue 70 fois, par comparaison avec pardonnez 70 fois, ou il faut tourner sa langue 70 fois, avant de parler. Son style d’écriture fait penser à Sony Labou Tansi et à Alain Mabanckou.»

Et au professeur André-Patient Bokiba d’ajouter : « Ce qui est important, c’est la satire sociale, l’attraction qu’exercent les questions d’actualité. C’est un roman du genre «je suis Charlie», avec un humour dévastateur. Il aborde plusieurs questions: homosexualité, la langue de bois etc. L’écriture est une sorte de respiration. On y retrouve des passages sous forme de préfaces.»

Paradoxalement, l’auteur de La place mariale, dit n’avoir pas lu Sony Labou Tansi, mais plutôt Alain Mabanckou. Pourtant les critiques littéraires et lecteurs congolais sont d’avis qu’il marche bien sur les traces de ces deux grands écrivains congolais de renommée mondiale.

Rappelons que c’est en 2008 que Jean Cliff Davy Oko-Elenga, diplômé en assurances (lauréat du prix des dix mots de la Francophonie en 2012) a pris pour la première fois sa plume pour la rédaction de La place mariale.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo : la couverture du roman La place mariale