Lutte contre le braconnage : le Botswana accueille un sommet sur l’avenir des éléphants d’Afrique

Vendredi 29 Novembre 2013 - 13:27

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La rencontre, qui vise à coordonner et intensifier la lutte contre les braconniers et les trafiquants d’ivoire, se tiendra du 2 au 4 décembre à Gaborone. Elle est organisée conjointement par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le gouvernement botswanais

Les organisateurs estiment que le sommet de Gaborone est une étape importante parce qu’elle devra faire le suivi de la réunion de Bangkok sur la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites) tenue en mars dernier. Huit pays, appelés aussi « gang des huit », avaient été accusés de passivité face au trafic : le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, pays d’origine ; la Malaisie, les Philippines, le Vietnam pour le transit ; la Chine et la Thaïlande, pays de destination.

« Le but est de maintenir la dynamique entre la dernière réunion de la Cites en mars et la prochaine réunion en juillet de l’année prochaine qui doit décider si huit pays seront sanctionnés pour ne pas avoir mis en œuvre [les mesures] de la Cites contre le commerce de l’ivoire », a indiqué Lynne Labanne, le responsable de la protection des espèces à l’UICN.

Les braconniers et les trafiquants d’ivoire sont encouragés par la forte demande asiatique. Ce qui justifie l’urgence de trouver une solution drastique au phénomène et de faire en sorte que la survie des éléphants d’Afrique soit tout l’enjeu de ce sommet. « L’ampleur du braconnage des éléphants a maintenant atteint de tels niveaux qu’il met en danger les populations », explique l’UICN.

Le problème du braconnage se pose aussi en termes de sécurité et de risque terroriste. En effet, l’argent de l’ivoire finance des groupes militaires, comme les Shebab somaliens ou l’Armée de résistance du Seigneur de Joseph Kony, réputée pour des violences commises en Ouganda, en Centrafrique, en République démocratique du Congo et au Soudan.

Devant la recrudescence des braconnages et autres pratiques liées au trafic d’ivoires, les experts estiment urgent d’agir puisque les populations d’éléphants de l’Afrique orientale et australe, qui étaient jusqu’à présent en sécurité, sont aussi de plus en plus menacées. Le Botswana, par exemple, qui abrite plus de deux cent mille éléphants, a retrouvé en juillet plusieurs centaines de ses pachydermes empoisonnés dans le parc zimbabwéen de Hwange, à quelques kilomètres de ses frontières. Dans toute l’Afrique, il resterait actuellement un demi-million d’éléphants, contre 1,2 million en 1980 et 10 millions en 1900.

Le chef de la délégation du Fonds mondial de la nature (WWF) au Botswana, Lamine Sebogo, a souhaité que des dispositions soient prises pour combattre le braconnage et le trafic d’ivoire. « Il faut s’attaquer aux marchés illicites, il faut éradiquer la demande en lançant un processus permettant de mieux comprendre ce qui motive les acheteurs et mener des campagnes de sensibilisation. Il y a des mesures d’urgence à prendre et les États doivent agir », a-t-il souligné. Parmi ces mesures, Lamine Sebogo, a cité une collaboration renforcée entre les États ; le durcissement et l’application des lois visant braconniers et trafiquants.

 « Il nous faut dépasser le stade des discours et passer à des actes concrets », a insisté pour sa part le ministre congolais de l’Économie forestière, Henri Djombo, qui s’apprête à envoyer des experts à Gaborone.

Actuellement, les braconniers utilisent des armes de guerre, des hélicoptères, voire des fusils automatiques. Le prix de l’ivoire au marché noir a déjà été multiplié par dix en dix ans et dépasse aujourd’hui deux mille dollars le kilo.

« La situation est dramatique […]. Dans dix ans, il n’y aura plus d’éléphants en Afrique ! », s’est alarmée Stéphanie Vergniault, la responsable de l’association SOS Éléphants au Tchad, déplorant que l’essentiel de l’ivoire parte en Asie, surtout en Thaïlande et en Chine.

À l’issue des travaux, les participants adopteront une déclaration qui engagera plus d’une centaine d’États signataires à apporter « un appui politique au plus haut niveau » contre le braconnage et le trafic d’ivoire.

Nestor N'Gampoula