Micro-assurance : la RDC en terrain inconnu

Samedi 11 Avril 2015 - 18:00

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Le 10 avril, le Fonds pour l’inclusion financière (FPM) a réuni les experts et principaux acteurs du monde de la finance pour réfléchir sur les moyens de mettre en place de la micro-assurance dans le pays. Ce forum a permis de s’interroger, dès aujourd’hui, sur le sort des 1,4 million de clients qui évoluent dans la micro-finance, un secteur en pleine expansion ces dernières années.  

Après l’étape des deux chambres du Parlement, la loi sur les assurances est en instance de promulgation à la présidence de la République après deux ans de débat. La principale innovation consacrée par ce projet de loi est la libéralisation du secteur des assurances et un délai d’une année accordée à la Société nationale d’assurance (Sonas) pour s’adapater ou disparaître. Au cours de ce laps de temps, il est prévu également l’installation d’une autorité de régulation des assurances, a précisé le Pr Marcel Mulumba, qui s’est largenement étendu sur cette matière lors des échanges. Pour l’heure, le projet de loi concerne l’assurance classique. Par ailleurs, il ne s’applique pas directement au monde de la micro-finance. Mais cette matière liée à la gestion des risques dépasse le cadre de l’assurance classique, surtout dans un pays pauvre où la majorité des familles consacrent une grande partie de leurs revenus à leur survie. 

Au cours du forum, il y a eu plusieurs exposés sur les concepts généraux de l’assurance et cadre réglementaire, et les réseaux de distribution et cadre de la micro-assurance. Mais d'abord quels peuvent être les risques ? Il y a, par exemple, le décès, l’accident corporel et la santé. Pour rappeler l’importance du projet de loi, Denis Garant, un expert international alignant 35 ans d’expérience dans la micro-finance, a rappelé les statistiques de la Banque mondiale qui atteste que 10 millions de personnes dans le monde tombent en pauvreté à cause des peroblèmes de santé. Il a insisté sur la nouvelle politique d’assurance américaine du président Obama qui cherche à protéger des millons d’Américains qui se ruinent en soins de santé.

Le phénomène frappe durement le continent africain. Pour la RDC, ce projet de loi revêt une importance stratégique pour le développement de l’économie nationale. En effet, il est impossible de s’imaginer les grands projets qui n’ont pas vu le jour faute de crédibilité du secteur des assurances. Cela empêchera également les banques de se lancer dans les démarches budgétivores pour recourir à des agences d’assurance évoluant à l‘étranger. Aujourd’hui, il est indispensable d’en faire un vrai produit bancaire. Mais il y a également d’autres opportunités, notamment la réassurance et la coassurance.

Pour les acteurs de la micro-finance, il existe bel et bien des points de convergences entre la micro-assurance et la micro-finance. D’ailleurs les instituts de micro-finance et les coopératives sont des structures les plus populaires pour constituer des canaux de distribution. Il faut juste assurer leur bonne formation. Pour la RDC, l’idéal serait de tenir compte de certains aspetcs importants, notamment la simplicité de la couverture, la souplesse des formalités, la souplesse de la gestion du contrat, la déclaration du sinistre et l’indemnisation des victimes. Ce débat ne fait que commencer. 

Le FPM est un fonds qui cherche à augmenter le nombre de Congolais à avoir accès aux services financiers en RDC. Pour les atteindre, il passe essentiellement par des intermédiaires, principalement les institutions de microfinance et les banques. Il dispose d’un financement pour 2015 représentant 15 millions de dollars américains. D’ici la fin de l’année, son capital atteindra 25 millions de dollars américains.

                

Laurent Essolomwa