Migrations : tendances africaines à surveiller en 2022

Lundi 24 Janvier 2022 - 11:00

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Les forces de poussée à l'origine de la migration africaine continuent de s'intensifier, laissant présager une expansion à l'intérieur et à l'extérieur du continent cette année, selon le Centre africain d’études stratégiques (CAES).

Le nombre de migrants documentés au sein et en provenance de la région africaine a presque doublé depuis 2010, poursuivant une tendance d'expansion de deux décennies. La migration africaine est entraînée par une combinaison variée de facteurs d'attraction pour chaque pays. Les principaux facteurs d'incitation sont les conflits, la gouvernance répressive et les opportunités économiques limitées. Neuf des quinze principaux pays africains d'origine des migrants sont en conflit. Les Nord-Africains constituent la majorité des immigrants en Europe. Les trois premiers (Maroc, Algérie et Tunisie) comprennent plus de cinq millions des onze millions de migrants africains en Europe. En cause la proximité, des diasporas établies et des opportunités économiques, en tant que facteurs d'attraction clés influençant la prise de décision. Les enquêtes auprès des migrants africains en Europe ou en route vers l'Europe révèlent que la majorité était soit salariée, soit scolarisée au moment de leur départ. Les migrants ont tendance à avoir des ressources à portée de main - sous la forme d'emplois ou de réseaux familiaux de soutien - surtout lorsque les membres de la famille sont déjà dans un autre pays.

La plupart des migrations africaines restent intrarégionales

La plupart des migrations africaines restent sur le continent. Environ vingt et un millions d'Africains documentés vivent dans un autre pays africain, un chiffre sous-estimé étant donné que de nombreux pays africains ne suivent pas les migrations. Les zones urbaines du Nigeria, d'Afrique du Sud et d'Egypte sont les principales destinations de cette migration interafricaine, reflétant le dynamisme économique relatif de ces localités. Parmi les migrants africains qui ont quitté le continent, quelque onze millions vivent en Europe, près de cinq millions au Moyen-Orient et plus de trois millions en Amérique du Nord.

Les catastrophes climatiques accroissent la vulnérabilité

L’Afrique subsaharienne est confrontée à un taux de catastrophes naturelles plus rapide que le reste du monde. Des sécheresses aux inondations en passant par les cyclones et les pandémies, le continent est confronté à de nombreux facteurs naturels d'instabilité. La Banque mondiale prévoit 86 millions de migrants dus au changement climatique en Afrique d'ici à 2050. Certains des dix-huit millions de travailleurs migrants saisonniers pourraient voir leur emploi dans l'agriculture, l'exploitation minière et la pêche disparaître, augmentant les perspectives de migration permanente à la recherche de nouvelles opportunités d'emploi. Trente pour cent des Africains de l'ouest et du centre et des Éthiopiens ont signalé des impacts environnementaux sur leurs conditions économiques. Les fermetures de frontières liées à la covid-19 ont entraîné le blocage de dizaines de milliers de migrants à travers l'Afrique. Beaucoup ont perdu leur emploi, certains leurs maisons. Même après la réouverture des frontières, les restrictions de voyage et de santé continues ont eu un impact sur la mobilité des migrants réguliers et irréguliers. 

En Afrique du Nord, alors que les traversées de la Libye vers l'Europe devenaient plus difficiles, la migration irrégulière vers l'Europe s'est déplacée plus vers le Maroc et les îles Canaries. Ceux qui tentent de quitter la Libye sont confrontés à des violations  continues des droits humains et à l'internement involontaire. Des dizaines de milliers de migrants éthiopiens dans les États du golfe ont été détenus dans des conditions de surpeuplement et d'insalubrité, puis expulsés. Beaucoup de ceux qui sont restés ont signalé des cas de vol de salaire et ont été contraints à des contrats plus abusifs avec moins de protections en raison de leur incapacité à partir. On estime que 32 000 migrants africains restent bloqués au Yémen, après avoir tenté d'atteindre les États du golfe. Certains d'entre eux sont devenus victimes de la traite (travaux forcés dans les fermes et enlèvement contre rançon). Depuis mai 2020, 18 200 migrants ont engagé des passeurs pour les ramener du Yémen vers la Corne de l'Afrique, selon l'Organisation internationale des migrations.

Bien que les migrants ne soient pas eux-mêmes une menace pour la sécurité, les enfermer en détention ou leur refuser l'assistance et la possibilité de rentrer chez eux ou de poursuivre leur voyage donne du pouvoir à des acteurs sans scrupules qui voient une opportunité de les exploiter. Les groupes extrémistes violents et les réseaux criminels continuent également de bénéficier financièrement du contrôle des itinéraires de trafic et de trafic de migrants.

Noël Ndong

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