Mœurs : au Congo, l’heure ce n’est pas l’heure

Jeudi 22 Juillet 2021 - 19:40

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 « L’heure, c’est l’heure ; avant l’heure, ce n’est pas l’heure ; après l’heure ce n’est plus l’heure », disait Jules Jouy, peintre et poète français du 19e siècle. Cette célèbre citation mériterait d’être réappropriée aujourd’hui dans nos sociétés où la ponctualité est bafouée et le retard considéré comme une norme.

Presque tout le monde connaît cette célèbre maxime et l’a un jour prononcée. La tendance aujourd’hui à arriver en retard à un rendez-vous, une réunion, au travail, à l'école, une cérémonie familiale, une activité professionnelle, un programme religieux ou une quelconque rencontre, traduit en réalité la difficulté à respecter un horaire. Et cela peut devenir chronique avec des conséquences négatives tant sur le plan personnel que professionnel ou judiciaire.

Au Congo par exemple, on entend dire ici et là que « le retard est une maladie chronique chez sa population ». Lors des mariages coutumiers, l’heure mise sur les cartes d’invitation n’est en réalité pas celle du début de la cérémonie. « Je me marierai coutumièrement au mois d’août. Et généralement ici au pays, je ne peux me pointer à l’heure inscrite sur la carte de peur d’être la première invitée à mon propre mariage. Il faut attendre deux ou trois heures avant de réunir un grand nombre d’invités et faire enfin sa sortie. Ce n’est pourtant pas une bonne habitude, mais nous l’avons formalisé », a souligné Vichance.

Même décor lors de certaines cérémonies professionnelles et administratives où les officiels et participants ne respectent aucunement l’heure du début de l’événement. « Je ne cesserai d’être consterné par cette manière d’agir qui s’assimile parfois à un manque de respect. Une fois, j’ai été couvert une activité qui devait commencer à 17h 00, mais pour une raison non fondée et à défaut d’un report, nous avons dû y rester pour attendre jusqu’à 23h 00 avant que ne se termine l’activité. Imaginez la fatigue ! », se désole un journaliste ayant requis l’anonymat.

Un constat également fait au sein de certains établissements sanitaires où un patient qui arrive pour une consultation à l’heure requise doit supporter une attente épuisante parce que le médecin n’est pas encore à son lieu de travail. Même au sein des assemblées religieuses, le retard est observé avec des fidèles qui se pointent au culte peu avant sa fin.

Dans un post récent sur la toile, l’entrepreneur congolais et spécialiste en solutions web et mobile, Nelson Cishugi, ironisait sur ce phénomène en disant : « Le Congolais arrive à 9h50 pour un évènement prévu à 9h00, appelle son collègue pour dire qu’il est à l’heure puisque rien n’a encore commencé oubliant que c’est parce qu’ils sont tous en retard qu'on n'a pas commencé ». Tous ces témoignages montrent combien le retard s’est enraciné, puis formalisé, dans les habitudes des Congolais. Une mauvaise manie que certaines personnes plaident toujours comme un imprévu. Combien même l’imprévu est plutôt un forfait inattendu qui n’arrive qu’occasionnellement et non fréquemment.  

Par ailleurs, les personnes sujettes au retard ne sont pas conscientes qu’elles perdent du temps et donc de l’argent, en parallèle.  Il y a un dicton qui dit : « Le temps c’est de l’argent ». Autrement pour faire des profits, il faut savoir bien utiliser son temps. Une opportunité d’affaires ou de promotion peut filer entre les doigts à cause du retard. Certains projets tardent à se concrétiser dans la vie des gens à cause du retard chronique à mener les choses au bout.

Quelques astuces pour remédier personnellement au retard

La première des choses à faire pour contrer le retard et gravir l’échelle de la ponctualité, c’est d’abord de prendre conscience qu’on a un problème de retard. En effet, vivre dans le déni en se disant constamment que « ce n’est pas de ma faute ; je suis en retard à cause de… », ne permettra pas de solutionner la situation. L’acceptation de cette réalité devrait se suivre d’une prise de conscience qu’être en retard n’est pas une fatalité et qu’il est possible d’y remédier avec beaucoup de volonté, de ressources et de discipline.

Pour mettre donc fin au retard, il faut comprendre l’origine du phénomène en répondant adéquatement aux questions qui justifient cela. Pour les uns, cela peut être dû au fait de se coucher tard, de prendre son temps pour déjeuner ou s’apprêter et pour d’autres, le retard peut être lié à une sous-estimation de la durée du trajet, d’un manque d’organisation personnelle… La prochaine étape vise donc adapter son temps à ses priorités pour ne plus être en retard. Cela passe notamment par leur ajustement et le rejet des petits caprices qui font perdre du temps. Après avoir instauré de bonnes habitudes pour devenir ponctuel, il est désormais primordial de maintenir ce rythme.

Plus d’excuses pour retourner dans cette mauvaise routine qui de plus impacte sur la santé mentale. En effet, comme le stipulent de nombreux professionnels de santé, le sentiment de retard contribue à accumuler le stress, l’angoisse, la perte de confiance en soi et celle des autres, la frustration, l’irritation, etc. Il est vrai que personne n’est à l’abri du retard car il peut arriver qu’il soit le fruit d’un imprévu. Mais au moins, en s’imposant des règles et limites, on arrête d’être la victime du retard et on se classe dans la liste des personnes ponctuelles.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

Vue des malades, dans un hôpital de la place, patientant avant d’être reçus par des médecins /DR

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