Musique : Ebale, sur les rives de la Soul

Samedi 16 Mai 2015 - 9:43

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Ebale, auteur, compositeur et interprète autodidacte, est un artiste soul congolais évoluant à Paris. Les mélomanes le connaissent bien puisqu’il fut l’un des fondateurs du groupe Extra musica international. Porteur du projet musical Soul na biso, un mélange de Soul, de funk, de blues, d’Afrobeat et rythmes traditionnels africains, il travaille sur son premier album solo, tout en se dédiant à la promotion d’autres artistes. Rencontre.

Vous venez d’achever le tournage du clip de l’un des titres de votre premier album solo, une ode à la beauté de la femme africaine. Un thème qui rejoint l’actualité puisque la Côte d’Ivoire vient d’interdire, en raison de leurs dangers pour la santé, les crèmes éclaircissantes. Qu’est-ce qui vous a inspiré ?

La chanson s’appelle « Noire et belle ». C'est un hommage à nos femmes, nos mères, nos soeurs, nos filles. Je voulais les valoriser et leur rappeler qu’elles sont jolies au naturel. Quand on s’intéresse un peu à l’histoire de l’Afrique - l’esclavage, la colonisation- on voit le travail qui a été fait visant à rabaisser l’homme noir. Les critères de beauté, auxquels les gens s’identifient inconsciemment et culturellement, sont ceux imposés par les médias. J’entends souvent des femmes me dire qu’il est difficile d’entretenir les cheveux afro. Peut-être que nous avons perdu les recettes de nos aïeux et que nous utilisons des produits qui ne favorisent pas le bien-être de notre peau et de nos cheveux. Il faudrait revenir à nos racines, à nos sources et réapprendre toutes ces techniques.

Vous avez été l’un des fondateurs d’Extra musica international qu’est-ce-qui vous a conduit à quitter cette formation musicale ?

J’ai commencé la musique en baignant dans la Soul, la New Jack Swing et j’ai fait partie de la scène hip-hop brazzavilloise. Par pur amour de la Rumba congolaise, j’ai rejoint Extra Musica International, créé suite à une scission avec Extra Musica. J’ai fait deux albums avec ce groupe, dont le premier Super Helico. J’avais déjà dans ce groupe commencé à apporter ma touche  à la Rumba avec l’idée de l’amener à traverser d’autres frontières. C’était une superbe expérience qui a apporté un plus à ma musique actuelle. J’ai pris mon temps et j’ai finalement mis en place ma vision musicale : la soul na biso. C’est de la soul chantée essentiellement en lingala avec un peu de français et d’anglais, et un background musical du Congo, de l’Afrique.

Vous êtes revenu à vos premières amours avec soul na biso qui est aussi une association visant à promouvoir les artistes. Pouvez-vous nous parler de cet engagement associatif ?

J’ai créé l’association "génération soul na biso" afin de gérer ma carrière, car je me suis rendu compte qu’il n’est pas évident d’évoluer sans structure. Très vite j’ai étendu l’association  à tous les arts et créé un évènement culturel destiné à promouvoir les artistes. Tous les premiers samedis de septembre, je réunis des stylistes, des plasticiens, des designers, des porteurs de projets, des musiciens, des danseurs, des slammeurs, etc. à l’occasion de l’Art connexion vibes. Je me bats pour avoir des artistes qui nous apportent d’autres couleurs à chaque édition, afin de ne pas rester sectaires ou qu’entre Africains, car l’art est universel. Cependant nous mettons l’accent sur ceux qui sont moins visibles. L’un des buts de l’association est de promouvoir la banlieue en y attirant les Parisiens intra-muros, pour un événement de qualité, organisé dans un beau cadre. L’habitude est d’organiser ce type d’évènements à Paris. L’Art connexion vibes se tient généralement sur une péniche hors eau située sur les berges du canal de l’Ourcq à Pavillon sous bois.

Vous défendez également un projet de plateforme média internet autour de la promotion des artistes. Qu’en est-il ?

L’idée est de créer une plateforme qui mette en lumière le catalogue d’artistes qui ont participé à nos évènements et de mettre en place un processus d’accompagnement au-delà des festivals. Cette plateforme sera à la fois une Web-Tv et une Web-radio permettant de diffuser au maximum les oeuvres de ces artistes, un outil pour suivre les porteurs de projets et aller chercher des pépites qui souffrent, peut-être, d’un manque de visibilité ici, sur le continent ou ailleurs, ainsi qu’un instrument pour favoriser les possibilités de partenariat.

Avez-vous des contacts au Congo avec la jeune scène Hip-hop ou slam ?

Avec les réseaux sociaux, il est facile d’entrer en contact avec les jeunes qui sont venus après nous et font pas mal de choses, notamment les promoteurs du festival Ici C l’Afrik. J’ai des échanges avec eux et ils me demandent parfois des conseils. Je n’ai pas de contacts aboutis mais l’idée est d’être présent à Brazzaville et de monter des partenariats là-bas.

Propos recueillis par Rose-Marie Bouboutou

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le musicien Ebale ©DR Photo 2 : Le musicien Ebale entouré de figurantes sur le tournage du clip du titre « Noire et belle » ©DR

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