Musique et souvenirs : l’orchestre Bantous et la défection de Jean Serge Essou

Jeudi 11 Novembre 2021 - 19:23

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Après avoir brillamment participé au Festival mondial des arts nègres de Dakar, au Sénégal, et au sixième anniversaire de l’indépendance de la République de Côte d’Ivoire à Abidjan, contre toute attente, Essou Jean Serge, chef de l’orchestre Bantous de la capitale, abandonne ses compagnons et rejoint l’orchestre « le Ryco jazz » à Paris.

Du 1er  au 24 avril 1966 a lieu à Dakar, au Sénégal, le Festival mondial des arts nègres. Le Congo y est représenté par l’orchestre Bantous, composé ainsi qu’il suit : Edo Ganga, Célestin Nkouka, Pamelo Mounka et Come Mountouari Kosmos (chanteurs), Gerry Gérard ( guitare solo), Mpassi Mermans (mi- solo), Samba Mascotte (accompagnement), Ntaloulou Alphonse (basse), Essou Jean Serge (clarinette), Nino Malapet (saxophoniste), Pandi Sathurnin et Weteto Micorassone, (tumbas).

La cérémonie de clôture du festival est patronnée par le président de la République, Léopold Sedar-Senghor, et animée par les Bantous qui, au bon soin d’un homme d’affaires sénégalais, effectuent une tournée en Afrique de l’Ouest, notamment à Saint Louis, Zinguinchor et en Gambie. C’est à Dakar que Célestin Nkouka compose sa belle chanson « Rosalie Diop ».

A Abidjan, les Bantous prennent part aux festivités marquant le 6e anniversaire de l’indépendance de la République de Côte d’Ivoire et y livrent des concerts dans les endroits les plus chics de la ville. Leurs prestations dans les différentes localités  font tabac, surtout avec l’exhibition de la danse « Boucher ». Célestin  Nkouka, interprétant la chanson " La tantina de Bourgos", œuvre d’Henri Jeunesse, conquit le public ivoirien.

A noter que c’est au cours d’une des soirées que Célestin Nkouka, redoutable séducteur dont la beauté physique et le charme enflamment le cœur d’une ivoirienne prénommée Jeanine, petite fille du président Houphouët Boigny. Ce fut le début d’une idylle qui se concrétisa plus tard par un mariage à la mairie centrale de Brazzaville et dont la cérémonie fut agrémentée par les Bantous, au bar Pigalle de Bacongo (aujourd’hui enceinte du Marché total)  en 1967.

Le séjour des Bantous à Abidjan est interrompu par un ordre venant des autorités congolaises qui leur demandent de rentrer à Brazzaville afin d’agrémenter les festivités marquant le 3e anniversaire de la Révolution des 13, 14, 15 août 1963.

Sur le chemin du retour à l’aéroport d’Abidjan, Essou informe Nino Malapet, par le biais du directeur de l’aéroport, qu’il ne fera plus partie du voyage sous prétexte qu’il doit finaliser le contrat qui liait les Bantous avec l’hôtel Ivoire, contrat dont les pourparlets avaient été engagés et qu’il allait regagner Brazzaville par une autre occasion.

En arrivant à Brazzaville, les Bantous apprendront plus tard qu’Essou avait embarqué dans un bateau à destination de Marseille où il s’envola pour Paris. Sur place, il rejoignit l’orchestre le Ryco jazz.  Ryco qui signifie « rythme du Congo », orchestre composé de quelques Congolais dont Freddy Nkounkou et Jerry Mayikani, ensuite un opérateur économique congolais du nom de Bayonne les amena aux Antilles où Essou séjourna jusqu’en 1971.

La nature ayant horreur du vide, c’est en arrivant à Brazzaville que Nino Malapet prend la barre du navire battant pavillon Bantous de la capitale. (À suivre)

Auguste Ken Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Jean Serge Essous

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