Musique : Sam Samouraï en vrai et grandeur nature

Lundi 25 Janvier 2021 - 9:56

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Tout a été dit et écrit sur Sam Samouraï et son Sapo Gang  qui auront marqué 2020 de leur empreinte la musique congolaise. En ce début d’année, c’est attablé à la cool devant un Coca Cola et une assiette de Pop Corn que l’on retrouve le rappeur, accompagné de son manager, pour un entretien fleuve.  Ponctuel au rendez-vous, Smartphone sous silencieux, Sam Samouraï lève le voile sur sa vie privée et ses ambitions.

 

Sapo Gang pourrait être une série Netfix, celle d’un jeune de quartier,  le doigt appuyé aujourd’hui sur le bouton « Pause » de la saison 1 – Episode 3.  On y retrouve la rue, la sape, le rap, et des fans que Sam Samouraï appelle ses crackers. Sur les réseaux sociaux, les coulisses de la série auront été agitées par un autre épisode sur fond de règlements de comptes avec son ancienne équipe de management. La bataille aura fait rage, assez de quoi alimenter plus encore le buzz sur l’artiste.

La bataille, il connaît. Fils d’un ex-militaire, Ulrich Sam Josué Mbemba est devenu Samouraï, un pseudonyme emprunté aux guerriers qui dirigèrent durant 700 années le Japon à l’ère féodale. La bataille, c’est aussi celle de la rue, au coeur du quartier populaire Mpaka – Patra, bordé naguère par une forêt d’eucalyptus, aujourd’hui totalement rasée. C’est là qu’il grandit, là où il a toujours vécu, là où il vit encore. Chez sa mère. Et il s’y sent bien.

« Mpaka c’est mon paradis, c’est ma capitale, celle de la musique à Pointe-Noire. C’est là que j’écris, je compose. Il me suffit d’un kick de drums pour créer.  C’est aussi là que j’enregistre », confie-t-il avant d'ajouter : « Ce quartier c’est l’école de la vie, c’est la rue, il faut savoir donner coup pour coup. J’ai grandi entre les gangs, les marmites de ma mère qui y tient un petit restaurant et les nganda où mon père m’amenait le soir. Le dimanche j’étais enfant de chœurs et je chantais à la chorale Saint Joseph... Dans ma tête d’enfant, c’était une sorte de combat permanent pour trouver ma place. Décrocher mon Baccalauréat littéraire au Lycée Mpaka, ça aussi c’était une autre bataille. J’avais pour proviseur Kally Djatou, l’interprète de "Premier salaire", un tube qui a marqué son époque. J’imaginais pouvoir entrer à l’Ecole spéciale militaire  de Saint Cyr ou à l’Ecole polytechnique. J’ai toujours rêvé en grand... ».

Si le haricot-viande de sa mère, devenue sa crackeuse N°1, est son plat préféré, il n’en goûte pas moins le goût du succès et de la notoriété. «  Les regards des autres ont changé et certains peuvent même penser que je suis devenu orgueilleux, en vérité je suis resté le même. Je travaille énormément, je ne sors pas et je n’ai donc pas de temps à perdre dans des conversations qui ne font pas avancer les choses. J’ai l’ambition saine d’aller encore plus loin. Je m’apprête à sortir un « Hors série » prochainement dont le clip sera réalisé à Dakar. Il faut porter le Congo hors de ses frontières. Et, j’aimerai faire entendre ma voix et conquérir un nouveau marché en Afrique de l’Ouest » indique Sam Samouraï.

Pour celui qui, en club, aime à pratiquer les sports de contact comme le judo et la boxe, qui le consacra d’ailleurs Champion du Kouilou en catégorie poids léger, la musique reste tantôt son tatami, tantôt son ring. 

« Pour ne pas subir la loi des gangs du quartier, j’ai dû apprendre à me battre c’est vrai. Le judo comme la boxe enseignent la maîtrise de soi et, comme pour les Samouraïs, une forme de respect d’un code moral. J’applique aujourd’hui ces vertus dans mon quotidien, dans ma musique. Je suis plutôt zen. A la maison je n’écoute jamais de rap, je suis plus porté par les musiques religieuses, la rumba ou le reggae. Céline Dion, Daphné ou Christophe Maé, des trucs comme ça. J’élargis mes horizons musicaux pour y trouver parfois une inspiration », explique l'artiste.  

Les horizons, Sam Samouraï les ouvre façon XL : « Franchement,  je pourrai sortir un son chaque jour, j’ai le studio d’enregistrement. Mais je mets de l’ordre dans mes idées. Je travaille en équipe et il y a des stratégies marketing qui doivent être réfléchies pour les accompagner. A côté de cela, je ne m’interdis rien quant à mon avenir.  J’aime le cinéma, la politique, celle qui pourrait faire un monde meilleur, la littérature, le journalisme... », déclare Sam Samouraï.  A propos du créateur de Sapo Gang, son manager Jean Hermann Koulemvolika conclut : « Au delà de son talent, Sam Samouraï ne se prend pas pour un autre et sa qualité première : c'est un artiste ambitieux et grandeur nature ».

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Sam Samurai

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