« On ne doit pas interdire le débat sur la révision ou non de la Constitution », estime Serge Michel Odzocki

Mardi 29 Octobre 2013 - 15:20

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Dans une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville, le secrétaire permanent du Parti congolais du travail (PCT) chargé de la communication, Serge Michel Odzocki, donne le point de vue de son organisation politique sur la révision ou non de la Constitution, ainsi que sur les différents meetings organisés par la majorité présidentielle, suite au harcèlement dont est victime le Congo depuis la France

Les Dépêches de Brazzaville : Monsieur le secrétaire permanent chargé de la communication du PCT, comment se porte votre organisation politique ?

Serge Michel Odzocki : Le PCT se porte bien. Au terme du sixième congrès extraordinaire, une série d’actions à mener contenues dans les résolutions et recommandations issues de ces assises avaient été prescrites au secrétariat permanent. Les unes après les autres, ces actions sont en train d’être exécutées. La première année qui a suivi le congrès, nous nous sommes attelés à redynamiser le parti en initiant la campagne spéciale d’adhésion, dans l’esprit d’ouverture prôné par le congrès. Ensuite, nous avons engagé et mené la restructuration du parti sur l’ensemble du territoire national. À ce jour, dix départements sur les douze que compte le Congo sont pourvus de fédérations, c’est-à-dire de la base au sommet. Il nous reste à installer les fédérations de Brazzaville et de la Likouala. Toujours dans le cadre de la mise en application des recommandations et résolutions du congrès, le PCT a procédé à la création des organisations uniques de femmes et de jeunes. Ces structures sont des maillons indispensables pour l’animation du parti à la base.

LDB : Après les meetings de soutien au président de la République organisés par la majorité présidentielle suite aux attaques dont le Congo est victime depuis la France, pensez-vous avoir atteint votre cible ?

SMO : Il est nécessaire de repréciser certaines choses pour une meilleure compréhension du public. Ces meetings avaient pour objectif de protester et de dénoncer la campagne d’atteinte à la souveraineté de l’État congolais, de déstabilisation des institutions républicaines et de dénigrement du président de la République du Congo, orchestrée depuis la France à travers quelques ONG. Notre action est donc une réaction légitime de la part des Congolais membres ou non de la majorité présidentielle. Nous nous sommes organisés de cette manière pour canaliser les énergies afin d’éviter des débordements préjudiciables. En agissant ainsi, nous ne nous élevons nullement contre les intérêts français au Congo et nous n’avons pas l’intention d’attaquer le gouvernement français. Notre dénonciation est à la mesure de la provocation qui est entretenue par les ONG et certaines autres personnalités qui sont à l’origine de la campagne que nous avons évoquée. Nous avons voulu faire comprendre à la face du monde que le Congo est un État souverain qui a le droit d’avoir une justice dont les délibérations ne doivent pas être contestées par un État tiers, fût-il développé. Si nous ne mettons pas fin à ces pratiques, ceux qui se frottent les mains aujourd’hui et saluent ces attaques qui fragilisent le pouvoir ne l’accepteraient pas demain, si, par le jeu de l’alternance, ils arrivaient au pouvoir.

LDB : En agissant de cette manière, n’avez-vous pas violé les accords diplomatiques qui lient le Congo à la France ?

SMO : Aucunement !  Parce que dans nos propos, nous n’avons pas mis en cause les relations diplomatiques qui existent entre la France et le Congo. Nous avons voulu faire comprendre au public que tous les États membres des Nations unies jouissent des droits de souveraineté qui leur sont conférés par les textes de cette organisation internationale dont le Congo en fait partie. Il est nécessaire que le public comprenne qu’entre États, on doit se respecter mutuellement. Il y a, à travers le monde, des nations qui croient être au-dessus des autres et qui jouissent, on ne sait au nom de quel droit, du pouvoir de dévaluer les autres États.

LDB : Au cours de vos meetings, vous avez utilisé le slogan « Touche pas à mon président » et l’opposition répond « Touche pas à ma Constitution ». Comment appréciez-vous cette réplique ?

SMO : Permettez que je revienne sur le fameux « Touche pas à mon président ». Certaines personnes mal intentionnées accusent la majorité présidentielle de s’approprier le président de la République quand elle dit « Touche pas à mon président » au lieu de dire « Touche pas à notre président ». Ce n’est pas une manière de s’approprier le président de la République. Au contraire, tout Congolais animé d’un esprit patriotique devrait manifester cette réactivité que la majorité présidentielle a eue contre la campagne de dénigrement du chef de l’État. Les auteurs de cette campagne parlent bien du président de la République du Congo et non du président de la majorité présidentielle. C’est donc un mauvais procès que nous fait l’opposition. Lorsque l’opposition rétorque « Touche pas à ma Constitution », nous nous situons alors sur deux paliers de compréhension très distincts.

LDB : Quelle est la position du PCT sur la révision ou non de la Constitution du 20 janvier 2002 ?

SMO : Le PCT est clair, net et précis sur cette question. Il convient de vous rappeler que ce débat a été lancé sur la place publique par l’opposition. Cependant, en l’ouvrant sous cette forme, tout laisse à penser que l’opposition ne veut nullement du débat sur oui ou non, la Constitution peut-elle être révisée. Le PCT pense qu’il est interdit d’interdire ce débat. En agissant ainsi, on en fera un dogme alors que nous ne sommes plus à l’ère des dogmes. Chacun doit savoir que la Constitution est un ensemble de règles qu’un État se donne pour son fonctionnement. Nous savons tous que la Constitution du 20 janvier 2002 a été élaborée dans un contexte de sortie de guerre. Au stade où nous nous trouvons, on ne peut interdire aux  juristes, aux  partis politiques, à la société civile, aux individualités de donner leur point de vue sur la loi fondamentale.

Tout en suivant avec intérêt les opinions qui s’expriment sur ce sujet, le PCT ne peut pas, à ce stade, dire s’il est pour ou contre la révision de la Constitution. Nous avons un mandat que le peuple nous a confié à travers l’élection du  président de la République, Denis Sassou N’Guesso. Nos énergies sont focalisées sur la réussite de ce mandat au terme duquel nous serons jugés aux résultats par le peuple.

LDB : Quel est votre dernier mot en guise de conclusion ?

SMO : En démocratie, l’expression est plurielle et diversifiée. On ne doit pas étouffer le débat parce que le peuple doit être édifié sur les problèmes politiques et sociaux du pays. Il ne s’agit pas de retirer la parole à certains au motif qu’ils seraient porteurs d’une opinion contraire. C’est le souverain primaire qui, en définitive, départage les politiques.

Roger Ngombé

Légendes et crédits photo : 

Serge Michel Odzocki (© Adiac)