Numéro spécial Francophonie : Une Francophonie engagée et attentive aux progrès pour l’égalité, l’autonomisation et les droits des femmes

Jeudi 13 Novembre 2014 - 9:30

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Pour la première fois dans l’histoire de la Francophonie institutionnelle, un sommet de chefs d’État et de gouvernement abordera la question des femmes. Le XVe sommet de la Francophonie à Dakar les 29 et 30 novembre aura pour thème « Femmes et jeunes : vecteurs de paix, acteurs de développement » dans un contexte où se négocie ardemment aux Nations unies le programme mondial de développement pour l’après-2015

Ces dernières années, et plus particulièrement de 2010 à 2014, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a déployé des efforts sans précédent en faveur de l’égalité femme-homme, des droits et de l’autonomisation des femmes. De grands événements tels que la concertation des ministres francophones en marge de la commission de la condition féminine du Conseil économique et social des Nations unies, ou encore la mobilisation de la société civile avec la mise en place d’un Réseau francophone pour l’égalité femme-homme (le Réseau francophone pour l’égalité femme-homme est un réseau mis en place par l’OIF en 2013 pour accroître la mobilisation et la visibilité de la société civile engagée sur les questions relatives à l’égalité femme-homme, aux droits et à l’autonomisation des femmes en Francophonie) et l’organisation d’un forum mondial des femmes francophones ont eu lieu en vue du sommet de la Francophonie à Dakar.

L’engagement francophone a été réaffirmé et renforcé dans le domaine de la lutte contre les discriminations et violences faites aux femmes dans tous les domaines, mais aussi en vue d’un objectif dédié et structurant sur l’égalité femme-homme dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015. L’implication personnelle des dirigeants de l’OIF, en particulier du Secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, a permis de créer les conditions d’un environnement favorable à l’intégration du genre dans les actions et initiatives déployées par l’OIF.

Des avancées importantes ont été réalisées : les filles et les femmes accèdent de plus en plus à l’éducation et à l’emploi, aux services de santé et aux espaces de décision. Pourtant la majorité des femmes continue de subir des discriminations dans tous les domaines : économique, politique et social. En dépit de nombreuses avancées juridiques, leurs droits ne sont pas toujours respectés. Les violences faites aux femmes et aux filles sont un fléau intolérable qui continue de toucher une femme sur six dans le monde. Environ 125 millions de filles et de femmes ont été victimes de mutilations génitales féminines. En temps de guerre et de conflits, le viol se généralise, se banalise pour devenir une tactique endémique.

Par ailleurs, seulement 20,4% des parlementaires et 18% des ministres sont des femmes. Dans le monde du travail, la situation est comparable : les femmes sont minoritaires dans les conseils d’administration, dans les syndicats professionnels, et occupent le plus souvent des emplois précaires. Ces données ne peuvent nous laisser indifférents. Dans un contexte mondial de crise économique et financière, mais aussi politique et idéologique, force est de constater le ralentissement des progrès en faveur des droits fondamentaux des femmes et des filles, et parfois même leur remise en cause. Pour la Francophonie, il s’agit aujourd’hui de protéger les acquis et d’éliminer les défis persistants de la mise en œuvre des engagements nationaux et internationaux de ses pays membres en la matière.

Trop souvent, les femmes sont appréhendées comme un groupe à part ou comme une minorité du fait d’une tendance généralisée à catégoriser en « groupes sociaux » : on parle de femmes, d’enfants, de jeunes, de population rurale ou urbaine, de personnes âgées, de handicapés, etc. Mais les femmes ne constituent en aucun cas un « groupe » à part. Elles constituent plus de 50% de la population des pays francophones et représentent une force politique et sociale de grande importance. C’est ainsi que la parité en politique vise à mettre en place une représentation plus équitable et plus juste de la société. Les femmes ne peuvent être perçues uniquement comme des êtres « vulnérables » ou des victimes de discriminations ou de violences. Les discours victimisant ou minimisant les femmes ou leurs capacités sont inacceptables : les femmes ont une expérience qui est la leur – comme les hommes – et, par là même, sont aussi de véritables actrices de leur société, de leur économie et de la politique, cela n’excluant pas le besoin de renforcer leurs capacités.

Enfin, les femmes sont avant tout des êtres humains et, en tant que telles, elles ont des droits. Les discours renvoyant les femmes à leur rôle et statut de mère, de sœur ou encore d’épouse n’ont pas leur place dans un contexte international de promotion et de protection des droits de l’homme puisqu’ils promeuvent de manière contre-productive une approche émotionnelle du statut des femmes. Celui-ci ne doit pas dépendre du fait qu’elles font partie d’une famille ou d’une communauté spécifique, et la maternité seule ne peut en aucun cas définir les femmes. Si tel était le cas, que dire des femmes qui ne peuvent procréer ? N’ont-elles pas le même droit à la protection et à la promotion de leurs droits ? Favorisons la pleine et égale participation des toutes les femmes en Francophonie à la vie politique, économique, sociale et culturelle, notamment par le biais de l’égalité d’accès à l’éducation et à l’emploi.

La Francophonie continuera d’agir et de contribuer à la réflexion sur les problématiques d’actualité internationale, en prenant en compte les besoins et les intérêts des femmes. Le choix du thème du sommet de Dakar prouve qu’aucun effort ne sera ménagé pour que les femmes et les hommes de l’aire francophone participent pleinement et de manière égale au développement de leurs sociétés, de leurs communautés et de leurs économies.

Dilek Elveren est un spécialiste des programmes égalité femme-homme de l’Organisation internationale de la Francophonie

Dilek Elveren