Oscars de la presse congolaise : dix-neuf communicateurs récompensés

Samedi 1 Mars 2014 - 2:15

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Ces prix ont été décernés lors de la dixième édition de cet événement, organisé le 27 février dans la salle des banquets du Palais des congrès

Dédiée à Bernard Makiza, cette cérémonie a offert une vingtaine de prix aux meilleurs professionnels des médias. Le premier prix a été décerné à Claudia Lemboumba-Sassou-N’Guesso, qui a reçu également la carte d’Afrique comme pour montrer l’action qu’elle ne cesse de mener afin de rehausser l’image de la presse congolaise.

S’agissant des organes de presse, l’Oscar du meilleur éditorialiste, en ce qui concerne la presse écrite, a été décerné à Kalina du journal Le Baobab ; l’Oscar de la meilleure photo-reporter à Chebel Satou du département de la communication du chef de l’État ; l’Oscar du meilleur journaliste-reporter à Guy-Gervais Kitina des Dépêches de Brazzaville ; l’Oscar du meilleur chroniqueur à Matondo Koubou Touré ; l’Oscar du meilleur journal  au Patriote.

En ce qui concerne la radio : l'Oscar du meilleur reporter-radio a été décerné à Ghislaine Kinouani, de Radio Congo ; l'Oscar du meilleur animateur de programmes à Valda Saint-Val le Frangin, de Radio Congo ; l'Oscar de la meilleure émission grand public à Face aux auditeurs de Parfait Lassavane, de Radio Congo ; l'Oscar de la meilleure présentatrice en kituba à Flavienne-Thérèse Tondo, de Radio Solidarité ; l'Oscar du meilleur présentateur des journaux en lingala à Liliane Patricia Nianga, de Radio Congo ; l'Oscar du meilleur présentateur des journaux en français à Léonce Kamba, de MNTV.

S’agissant de la télévision : Oscar du meilleur chroniqueur de télévision à Louis Ngami, de la Télévision congolaise ; Oscar du meilleur reporter à Élie Smith, de MNTV ; Oscar du meilleur journaliste des journaux en kituba à Solange Mayetela, de MNTV ; oscar de la meilleure présentatrice des journaux en lingala à Solange Ofinobi, de TV Congo ; Oscar de la meilleure émission grand public à Sans détours de la DRTV, et Allo Brazza d’Equateur TV ; Oscar du meilleur présentateur des journaux télévisés à Gildas Mayela, de la Télévision congolaise.

La soirée a été agrémentée par Théo Blaise Nkounkou et Trésor Mvoula.

Élie Smith, un journaliste qui connait son métier     

40 ans et 9 mois, Élie Smith a reçu le prix du meilleur reporter télévision. Le public a apprécié à sa juste valeur le prix remis à ce journaliste talentueux qui ne cesse de montrer de quoi il est capable. En effet, il y a longtemps que le public a découvert ce journaliste au courage inouï. Lors de la tragédie du 4-Mars, alors que les munitions explosaient, éclataient de part et d’autre dans les quartiers populaires de Mpila, Ouenzé et Talangaï, Élie Smith, comme un journaliste de guerre, est allé à la rencontre des gens qui couraient dans tous les sens. Il a filmé, il a vécu les faits, certes à moins d’une dizaine de kilomètres. Mais, il était là.

Le 16 décembre 2013, alors que les tirs fusent de partout à la résidence du colonel Marcel Ntsourou, il était de nouveau-là. C’est un courageux. À ce propos, il dit : « Un journaliste doit faire l'effort de donner l’information comme il se doit, c’est le cas du 4-Mars ou de M. Ntsourou. Que les gens l’aiment ou pas, c’est un monsieur brillant. Et puis il est devenu quelqu’un qui a cristallisé l’attention de tout le monde. Quand j’ai compris qu’il y avait l’assaut chez lui, je me suis dit il faudrait que j’aille là-bas pour donner l’information à chaud et réelle aux Congolais. »

Élie Smith dit faire son travail tel qu’il se doit et tel qu’il l’a appris. « Je n’ai pas peur de me faire arrêter pour le travail que je fais. Je sais que les gens peuvent penser m’arrêter, mais c’est serait une erreur que de m’arrêter. Et je pense que le jour où je vais mourir, j’aimerais mourir sur un terrain de reportage. »

Il arrive quelquefois que les téléspectateurs pensent que si Élie Smith ne garde pas sa langue dans sa poche, c’est parce que le promoteur de la télévision MNTV dont il est l’un des dirigeants est proche du chef de l’État. À ce propos, Élie Smith pense que c’est parce que les téléspectateurs ne connaissent pas les secrets. « Ce n’est pas facile, et puis la liberté ne se donne pas, elle s’arrache. Ce n’est pas parce que je travaille dans la chaîne d’un proche du chef de l’État que je fais mon travail normalement tel qu’il se doit. Non ! C’est parce que le promoteur de cette chaîne aime la liberté. Même le chef de l’État lui-même aime la liberté. Mais, souvent ce sont les gens qui l’entourent qui n’aiment pas ça. Donc, ce n’est pas pour ça que je suis pointu tel qu’ils le pensent. »

Quant à sa désignation comme meilleur reporter, il se dit à la fois surpris mais aussi content, parce que ça demontre que les gens reconnaissent le travail qu’il fait : « Notre travail n’est pas un travail facile, on doit faire l'effort d’aller au-delà de nous-mêmes. »

L’homme reconnaît tout de même que l’émission la plus difficile qu’il a réalisée, c’est avec le ministre congolais Alain Akouala. C’était lors de la pré-campagne présidentielle à Paris en 2009. À ce propos, il y a eu même un éditorial dans Les Dépêches de Brazzaville, qui a parlé de cette émission. Par contre, avec le ministre de la Communication de la RDC, Lambert Mendé-Omalanga, c’était autre chose.

Notons qu’Élie Smith est né le 1er juin 1973. Il est journaliste de formation et de profession, et a obtenu son diplôme de journaliste en 1995 à l’Institut des journalistes de l’université de Lagos au Nigeria, avant de se rendre en France ou il a fait du marketing-management à l’Institut de gestion de Paris. Il a travaillé tour à tour à la rédaction anglaise de Radio France internationale, à CFI, et à LC2. Il aussi travaillé au service anglais de France 24 à ses débuts, puis à Télé Sud, toujours à Paris.

Il venait de temps en temps en Afrique, mais ce qui l'a poussé à partir, c’est que quand il se trouvait en France ou en Europe, il ne se sentait pas tellement chez lui. En effet, il a passé plus de la moitié de sa vie en Europe. « Je me suis dit l’Afrique et le Congo, c’est aussi une terre d’opportunité. Parce que je me suis dit qu’au Congo on a l’opportunité de travailler et d’exercer ce qu’on a appris. Il y a des défis aussi à relever, c’est pourquoi j’ai décidé de venir au Congo. Les Congolais sont des gens accueillants. Je ne suis pas panafricaniste, mais je suis universaliste, quand j’arrive quelque part où ça m’intéresse et que je vois que j’ai la possibilité d’exercer ma profession, j’y reste. »

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Théo-Blaise Nkounkou. (© DR) ; Photo 2 : Trésor Mvoula. (© DR) ; Photo 3 : Élie Smith. (© DR)