Parc de Virunga : le gouvernement ne convainc pas la société civile

Mercredi 19 Mars 2014 - 16:14

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Les ONG ont considéré que l’atelier organisé sur la problématique de l’exploitation et production pétrolière dans les aires protégées n’a pas permis des discussions sérieuses.

La société civile congolaise et les organisations internationales se sont dites déçues de l’issue de l’atelier dit de sensibilisation sur la problématique de l’exploitation et production pétrolière dans les aires protégées de la RDC, cas du parc national de Virunga, organisé  le 18 mars à l’hôtel Sultani, à Kinshasa. Pour ces organisations, ces travaux n’ont servi qu’a exprimé le point de vue du gouvernement.

Dans leur souhait, ces structures ont espéré que la rencontre de l’hôtel Sultani serve d’un cadre de discussion en vue de concilier les différents points de vue. « Le gouvernement a donné sa position parce qu’étant souverain et voudrait profiter de toutes ses richesses, il veut autoriser l’exploitation pétrolière dans le parc de Virunga », a soutenu le chef de programme de l’Union internationale pour la conservation de la nature en RDC, Brigitte Kapinga Sauda Kanika.

Pour cette activiste ainsi que les autres membres des organisations de la société civile dont le Réseau ressources naturelles, en effet, l’organisation de cet atelier n’a rien changé à la situation sur le terrain. « À la fin de cet atelier, moi je considère qu’il n’y a pas d’avancée du tout par rapport au souhait de la communauté internationale qui considère que le parc de Virunga, qui est un patrimoine mondial, ne pouvait pas subir d’exploitation à son intérieur », a-t-il dit.

Elle a toutefois émis le souhait de voir le gouvernement, la société civile et les organisations internationales se mettre autour d’une table en vue de la recherche d’une solution concertée. « Il est temps que le gouvernement et les organisations internationales puissent discuter pour voir des issues possibles. Le gouvernement qui est souverain peut désaffecter une partie de son territoire mais les conventions signées sur les plan international font que l’État ait perdu une partie de sa souveraineté. Il faut donc des discussions réelles et sincères pour avoir une position concertée », a-t-elle conseillé.

Exploiter sans détruire ?

Dans ses différentes interventions, le gouvernement, par les ministres des Hydrocarbures et de l’Environnement ainsi que des experts a soutenu la possibilité de cohabitation entre l’exploitation pétrolière et le tourisme. Pour l’État congolais, en effet, l’exploitation pétrolière ne représente pas un danger. Elle est plutôt, selon lui, source de développement. « Le gouvernement aurait pris l’option de transformer ses ressources naturelles en richesses en vue d’assurer le développement économique et social du pays, tout en préservant les impératifs de la protection de l’environnement », a souligné le Premier ministre à l’ouverture de ces travaux. Dans ce discours, Matata Ponyo a notamment souligné des études approfondies permettant de réaliser une analyse économique comparative des coûts, des avantages environnementaux, économiques et sociaux pour l’efficacité de l’exploitation des ressources naturelles renouvelables.

Mais, de leur côté, la société civile et les ONG internationales, qui ne se disent pas contre l’exploitation du pétrole, ont souligné que leur opposition est par rapport aux aires protégées dont le parc de Virunga.

René Ngongo du Fonds mondial pour l’environnement (WWF) a, lui, souligné que le pétrole est une ressource non renouvelable. Citant des études menées sur la valeur du parc de Virunga, il a noté que le tourisme pouvait générer 45 000 emplois alors que « le pétrole n’apporte pas de l’emploi car on le pompe pour le raffiner ailleurs ». Soulignant que le gouvernement avait adopté une position de confrontation avec la communauté internationale, il a indiqué que ces assises étaient un atelier d’information et non de sensibilisation. « Cette position du gouvernement entre en contradiction avec les lois du pays et les conventions ratifiées par la RDC », a-t-il conclu. Cette position des ONG a également été soutenue par les députés et sénateurs présents dans la salle ainsi que d’autres scientifiques.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Une affiche pour la sauvegarde du parc de Virunga